jeudi, septembre 12, 2024
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UNE JOURNÉE DE SILENCE POUR SE FAIRE ENTENDRE

par pierre Dieme

Le paysage médiatique national à pris des allures inhabituelles ce mardi 13 août. Hormis quelques médias proches du pouvoir, la quasi-totalité des journaux, radios et télévisions ont arrêté leur diffusion, répondant ainsi à l’appel du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS) pour une « journée sans presse », rapporte l’AFP.

Selon les constatations de l’agence de presse, les kiosques sont restés vides de la plupart des quotidiens. Sur les ondes, les radios privées RFM et iRadio, figurant parmi les plus écoutées du pays, ont remplacé leurs journaux matinaux par de la musique. Les écrans des télévisions privées comme TFM, ITV et 7TV affichent, en signe de solidarité, les visuels et slogans des éditeurs de presse : trois poings brandis enserrant un crayon, accompagnés de la mention « Journée sans presse ».

Quelques voix discordantes se sont toutefois faites entendre. Le quotidien pro-gouvernemental Le Soleil, ainsi que Walf Quotidien et Yoor-Yoor, un journal réputé favorable au pouvoir, ont choisi de ne pas suivre le mouvement. De même, les chaînes de télévision RTS et Walf TV ont maintenu leurs émissions, précise l’AFP.

Dans un éditorial commun publié lundi par la presse locale et relayé par Le Monde, le CDEPS, qui regroupe des éditeurs privés et publics, a déclaré que la liberté d’informer « est menacée au Sénégal ». Le patronat de la presse met en cause les autorités au pouvoir depuis avril, leur reprochant notamment le « blocage des comptes bancaires » des entreprises de presse pour non-paiement d’impôt, la « saisie de [leur] matériel de production, la rupture unilatérale et illégale des contrats publicitaires, le gel des paiements » du aux médias. « L’objectif visé n’est autre que le contrôle de l’information et la domestication des acteurs des médias », estime le CDEPS.

Cette crise intervient dans un contexte déjà difficile pour le secteur des médias au Sénégal, confronté depuis longtemps à des difficultés économiques. Les acteurs dénoncent des conditions de travail précaires, comme en témoigne la récente suspension, fin juillet, de la parution de deux sportifs quotidiens parmi les plus lus du pays, Stades et Sunu Lamb, après plus de vingt ans de présence dans l’espace médiatique sénégalais.

Selon l’ONG Reporters sans frontières, citée par Le Monde, la « journée sans presse » a lieu « dans un contexte où 26 % des reporters du pays sont dépourvus de contrats de travail » alors que « des entreprises de presse traînent de lourdes dettes fiscales », sur fond d’une « crise de confiance entre les médias et le public ».

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