Le tableau est saisissant. Une Amérique où Trump, le roi des coups de poker politique, et Elon Musk, le prophète en t-shirts, règnent en tandem sur le chaos comme s’ils étaient les Laurel et Hardy de la post-vérité.
On en rigolerait si ce n’était pas aussi terrifiant. Le duo, c’est un mélange de télé-réalité, de science-fiction et d’une mauvaise pièce de théâtre où chaque réplique semble avoir été écrite par un scénariste sous acide. Commençons par Donald, le patron des punchlines. Il est toujours là, l’inoxydable Trump, avec son teint orange et son brushing qui défie les lois de la gravité. Son credo ? « Moi d’abord, et ensuite on verra. » Entre deux procès et trois meetings où il promet des « jours meilleurs », il refait son grand numéro : le gars qui « comprend le peuple ».
Ah, le peuple ! Celui qu’il aime tant qu’il lui vendrait bien une tour en or massif à crédit. Trump, c’est l’art de transformer chaque scandale en jackpot. Une mise en accusation ? Pas de problème, cela devient une opportunité pour vendre des mugs avec « Trump 2024 ». Une émeute au Capitole ? Il appelle ça de la passion patriotique. Dans une Amérique déboussolée, il est l’homme providentiel pour ceux qui croient encore que construire un mur et tweeter en majuscules suffit à faire d’un pays une grande nation. Et puis il y a Elon Musk.
Le gourou des étoiles. Le génie fou ou le fou génial, c’est selon. Musk, c’est l’enfant gâté du capitalisme moderne, qui vend des voitures électriques aux écolos et des fusées aux milliardaires en mal de sensations fortes. Lui aussi, il a un truc pour capter l’attention : il vous annonce qu’il va coloniser Mars un jour, et le lendemain il renomme Twitter « X » en affirmant que c’est l’avenir. Musk, c’est le roi de l’emballage. Peu importe si ses promesses sont parfois plus creuses qu’une Tesla en panne : il suffit qu’il balance un mème (concept texte-image-vidéo massivement repris, décliné et détourné sur Internet de manière souvent parodique, qui se répand très vite, créant ainsi le buzz) ou une citation pseudo-philosophique, et tout le monde applaudit.
On dirait presque qu’il a lu Trump sur ce point : faire parler de soi, peu importe comment. D’ailleurs, les deux hommes partagent un mépris total pour les critiques. Pour Musk, les régulateurs sont des « gardiens de l’enfer bureaucratique », pour Trump, les journalistes sont des « ennemis du peuple ». Le duo infernal Et voilà comment l’Amérique, ce pays qui a inventé la démocratie moderne, se retrouve aujourd’hui dominée par un duo qui confond gouvernance et show-business. D’un côté, Trump, qui rêve de transformer chaque citoyen en figurant de son épopée grandiloquente ; de l’autre, Musk, qui voudrait que chacun achète un billet pour son spectacle spatial.
Ils ne gouvernent pas ensemble, bien sûr, mais leurs univers se rejoignent. Ils partagent cette vision d’une Amérique où tout est à vendre : les rêves, les espoirs, et même les illusions. Ils incarnent une époque où la politique et les affaires ne font qu’un, où les tweets remplacent les discours et où l’ambition personnelle écrase tout le reste. Mais ce qui est fascinant, c’est que des millions de personnes y croient. Ils voient en Trump un sauveur et en Musk un prophète. Ils acceptent leurs contradictions, leurs outrances, leurs prises de liberté avec la vérité, parce qu’ils incarnent cette idée folle qu’avec un peu de culot et beaucoup de dollars, tout est possible.
Alors on regarde ce spectacle paradoxal en se demandant comment cela va finir. Trump construira-t-il un mur autour de Mars pour empêcher les aliens de voler le travail des Américains ? Musk inventera-t-il un réseau social où il n’y a plus que lui et ses fans pour se congratuler en boucle ? En attendant, ils règnent. L’un avec ses discours incendiaires, l’autre avec ses idées de génie. Deux faces d’une même pièce, lancée dans les airs par une Amérique qui semble avoir oublié où elle voulait aller. Alors on applaudit, on grince des dents et on espère que ce duo finira par comprendre que le monde est un peu plus complexe qu’une punchline ou un tweet. Mais ne rêvons pas trop : ils sont là pour durer. Et comme dirait Trump : « It’s gonna be HUGE » (Ça va être énorme).