Touba aux confluents de la spiritualité et de la grâce

par Dakar Matin

Deux semaines après le début du mois lunaire du Safar, les musulmans, et particulièrement les adeptes de la confrérie mouride, vont célébrer, ce dimanche 26 septembre, le Grand Magal de Touba. Cet événement commémore le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Cette journée du 18 Safar est également un moment de gratitude et de reconnaissance pour le fondateur du Mouridisme. «Quant aux bienfaits que Dieu m’a accordés, ma seule et souveraine gratitude ne les couvre plus. Par conséquent, j’invite toute personne que mon bonheur personnel réjouirait à s’unir à moi dans la reconnaissance à Dieu, chaque fois que l’anniversaire de mon départ en exil le trouve sur terre», avait-il lancé, après le premier Magal célébré en cette année de 1921. Cent ans après, cette forte recommandation et ce viatique sont encore perpétuées dans la cité religieuse qui continue d’accueillir un flot continu de pèlerins. Le thème retenu pour le Grand Magal 2021 est : «Faggou lou lew» ou «Le travail et l’acquisition d’un licite».

Ce dimanche 26 septembre 2021, qui va correspondre cette année au 18 du mois lunaire de Safar, le Grand Magal de Touba aura 100 ans. Les musulmans et principalement de la confrérie des Mourides, en provenance des divers horizons vont, le temps d’une matinée, commémorer le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, Khadimou Rassoul. Ce rassemblement, qui regroupe des millions pèlerins, selon les chiffres avancés, est considéré comme un grand moment de dévotion et de spiritualité. Mais cette manifestation sera, avant tout, une sorte de gratitude envers Dieu, conformément aux recommandations de Cheikh Amadou Bamba. En guise de Le remercier et des grâces dont Il lui a gratifié lors de son départ à l’exile, le fondateur du Mouridisme avait donné le sens de cette célébration après les années d’épreuves passées au Gabon, en Mauritanie, de 1903 à 1907, puis les cinq autres années de résidence surveillée à Thieyène, dans le Djolof, de 1907 à 1912 ; ou encore les années à Diourbel. Cheikh Ahmadou Bamba endurait des épreuves, chaque fois que revenait le jour anniversaire de cette date du 18 Safar.

LE MAGAL, D’HIER A AUJOURD’HUI

C’est seulement en 1921, lors du séjour de Diourbel, qu’un jour, alors qu’il attendait les mêmes épreuves, que Dieu lui avait fait savoir que les épreuves sont désormais terminées. «La peine est levée, toute la mission, qui t’as été confié, a été remplie. Tu as obtenu ce à quoi tu aspirais… Il m’a, en ce jour, exaucé au point que j’y ai obtenu la totalité des avantages que je sollicitais auprès de Lui. Quant aux bienfaits que Dieu m’a accordés, ma seule et souveraine gratitude ne les couvre plus. Par conséquent, j’invite toute personne que mon bonheur personnel réjouirait de s’unir à moi dans la reconnaissance à Dieu, chaque fois que l’anniversaire de mon départ en exil le trouve sur terre», lançait le fondateur du mouridisme. Pour donner à ce jour de séparation ou comme l’évoque la tradition «dem si gejj gui» (le jour du départ en mer) un moment d’élévation spirituelle et une consécration, «Serigne Touba» avait ajouté que «chacun, selon ses moyens, (de la poule au chameau) est invité à célébrer ce jour chaque fois qu’il en a l’occasion.»

L’avènement du Magal inspire donc des valeurs de partage, la paix, la solidarité, l’entre-aide, la piété mais aussi de récitation du Coran, des Khassaïdes, les causeries sur le Prophète (PSL), sur les hommes pieux, entre autres. Le tout selon la «Sunna» (Tradition) du Prophète (PSL). Célébré dans un cadre restreint par son fondateur, cette commémoration était loin d’avoir une ampleur collective. Les talibés se regroupaient dans différents lieux et dans le cadre de la famille à Diourbel. Après le rappel à Dieu du fondateur du Mouridisme, le premier Khalife Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké, imitant en cela son père, célèbre également l’anniversaire en déplaçant l’organisation de l’évènement à Touba.

La décision d’organiser le Magal à Touba allait, toutefois, connaitre sa forme actuelle à la fin des «années 40» (1940), sous le magistère de Serigne Fallou Mbacké. Cette célébration indique aux pèlerins de joindre, à la lecture du Saint Coran, le Zikr et la lecture de ses «poémes» (Khassaïdes), qui sont l’essence même du Magal, d’offrir des repas copieux communément appelés «Berndel» aux hôtes et aux plus démunis. Dans presque toutes les familles ainsi qu’au sein des Dahiras, des moutons, des bœufs et même des chameaux sont immolés pour l’occasion. Une quantité industrielle de boissons, de viennoiserie, de fruits et toutes sortes de mets ne sera de trop pour les besoins de la célébration. Cette dimension festive constitue l’essence de cette commémoration en ce sens que la qualité et la quantité des aliments et collations devraient permettre à chacun de sentir que le Magal est également un moment de fête. Sans oublier les visites pieuses effectuées aux sanctuaires, aux mausolées des différentes Khalifes et guides religieux qui reposent dans la cité religieuse.

UN MAGAL 2021 SOUS LE SIGNE DE «FAGGOU LOU LEW» OU «LE TRAVAIL ET L’ACQUISITION D’UN BIEN LICITE»

Cette année encore le thème retenu pour le Grand Magal est la «Faggou lou lew» ou «Le travail et l’acquisition d’un bien licité». Ce sont plus de trois millions de musulmans, venus de tous le Sénégal, du monde entier, ou habitants à Touba et ses environs qui vont répondre à l’appel de Cheikh Ahmadou Bamba, selon les attentes. En l’espace de quelques jours, Touba, en plus d’être un haut lieu de la spiritualité, sera un carrefour commercial avec l’intense activité économique qui s’y développe à l’approche de son Magal. A côté de la dimension économique, cette édition sera, à l’image de celle de 2020, accompagné par de fortes mesures sanitaires du fait de la prévalence de la Covid-19 dans le pays et le reste du monde. Le grand nombre de pèlerins, dans ce contexte de crise sanitaire, a poussé l’Etat du Sénégal à mobiliser d’importants moyens pour permettre des meilleures conditions d’hygiène, de sécurité et d’accès aux services sociaux de base.

A cet effet, le Khalife général des Mouurides Serigne Moutakha Bassirou Mbacké, appuyé par certaines organisations comme «Touba Ca Kanam», a déjà engagé des travaux de modernisation pour faciliter la circulation des personnes et des biens, la distribution de l’eau, la couverture médicale ainsi qu’un ambitieux programme de modernisation de la ville religieuse de Touba. Comme cet université qui sera érigés, dans quelques années, dans la cité de Khadimou Rassoul, devenue actuellement la deuxième ville du Sénégal

REALISÉ PAR OMAR DIAW

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