Saint-Augustin-La-Rouardise Par Adama Gaye*

par Dakar Matin

Parler de football quand un virus projette une ombre génocidaire sur le pays n’est pas que dérisoire mais stupide mais c’est bien ce qui se passe ces jours-ci dans un Sénégal qui a décidement perdu ses marques.
Faire de ce sport ludique, d’amusement par excellence, un champ de polémiques en ces heures où, tétanisés, les Senegalais affrontent le plus grand défi de l’existence souveraine du pays, pandémie du corona oblige, n’a pu se produire que parce qu’un magouilleur, cobaye de son maitre, l’a imposé dans un agenda national où il n’a vraiment pas sa place dans le contexte actuel.
Nécessité faisant loi, il nous faut donc bien aborder derechef la question imminente de l’élection, ou sélection, du Président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), devenue une incongrue urgence au milieu de celle, sanitaire, qui décime un peuple ne sachant plus à quel saint se vouer.
Entre à nouveau Augustin Senghor dans la salle avec ses gros sabots. Appelez-le maintenant par le nom qui le caractérise le mieux: Saint-Augusin-La-Roublardise!
Celui dont la promotion fut faite par l’alors rédacteur-en-chef du journal Le Soleil, l’activiste-intriguant Cheikh Tidiane Fall, Chetifa pour les intimes, le faisant passer pour celui qui donnerait l’ultime coup de collier a un football que le monde célébrait après ses éclats au Mondial 2002, a fini par révéler sa vraie nature.
Volant d’échecs sportifs en stades non-homologués, prompt à justifier les déconvenues en série du football et champion de sa gestion centrée sur ses intérêts politiques et personnels, ceux de son clan accessoirement, tel est son bilan: neant !
Calculateur cynique, raccoleur entre un parti au pouvoir, qu’il a rejoint et dealeur, à la Caf où il a planté ses pions pour l’infiltrer, jusqu’à la Fifa, où il a chloroformé la Sécrétaire générale, toujours dans sa quete inextinguible de prebendes et postes, il est véritablement le mal du principal sport sénégalais, qui ne respire plus, sous son genou.
Regardez-le bien avec ses dents de rat qui s’offrent à travers son sourire coincé. C’est un être dangereux.
Le prédicateur des reniements. Le praticien de la parole traitresse. L’homme qui, quatre ans plus tôt, avait juré à la face du monde qu’il ne briguerait plus de nouveau mandat à la tête de l’instance faitière du sport-roi sénégalais s’il décrochait le 3ème, déjà de trop, au vu des invisibles résultats à son actif, qu’il visait. Le même qui, désormais, s’en va, s’apostasiant, en clamant, renégat, qu’un mandat de plus ou de moins ce « n’est rien ». Ou qu’il ne faut pas que les gens se focalisent par fétichisme sur ses propres déclarations anterieures -quelle légèreté!
Le nec plus ultra, c’est quand, en charlatan accompli, il a su convaincre la voletaille humaine qui picore sous ses pieds ce qui ruisselle des fruits de la corruption qui lui donnent une force de frappe financière que, lui, le khalife general koulou djoubeudi (sinueux), présente une candidature de…consensus. Au nom de l’intérêt général.
Avant d’aller plus loin, il faut que ce soit clair que je ne suis pas ici parce qu’entiché de son principal challenger, le seul encore à lui faire face: Mady Touré.
C’est seulement au nom de la trahison par Senghor des principes premiers, notamment de rectitude morale et de parole donnée, que je me retrouve à soutenir celui que je n’ai rencontré qu’une seule fois à bord d’un vol, le 20 juillet 2019, qui nous ramenaient du Caire à Casablanca, au lendemain de la finale de la coupe d’Afrique de football perdue par le Sénégal, la veille.
Mady était, ce jour-là, avec Didier Drogba, l’une des pépites de son écurie.
Par la force des choses, ce jeune plein d’entregent selon ce qui en est dit, est un instrument du destin. Son etoile est en effet compatible avec un Sénégal qui rêve de faire du neuf. Pas avec une vieille quincaillerie dont on sait qu’elle traîne des casseroles: les milliards de la Fifa destinés au développement du football sénégalais après sa participation, mi-figue, mi-raisin, au dernier Mondial en Russie, en 2018, ont ete détournés par les rongeurs installés sur sa crête.
Plus significativement, nul ne doute qu’Augustin Senghor incarne l’immoralité à son pire par sa propension à se déjuger, à faire dans la langue de bois pour tenter de couvrir ses forfaits et son inadmissible main-mise sur un art dont il a fini de faire un commerce privé.
J’ai connu l’homme accidentellement en 2015. Par un pur hasard. Je me trouvais dans un hôtel de Windhoek, en Namibie, quand je vis descendre du même ascenseur les joueurs de notre équipe nationale. Ce jour-là, ils affrontaient celle du pays-hôte.
Avant de me rendre au stade, je m’étais retrouvé avec le Chef de l’Etat Namibien, Docteur Hage Geingob, un grand amateur de football, son épouse, et l’alors patron de la commission des nations-unies pour l’Afrique (Cea). Après un repas rapidement avalé dans un ŕestaurant local, nous partimes au stade où, beau joueur, le Président me demanda d’inviter les membres de la délégation sénégalaise à nous rejoindre à sa tribune. Le match terminé, et malgré la défaite de son pays, il me souffla à l’oreille que je pouvais venir dîner à la maison. Avant d’ajouter: « amène deux de tes compatriotes! ».
C’est ainsi que, ce soir-là, nous dinames à sa table. Un groupe de professeurs de Harvard, venus animer des sessions pour améliorer les performances de son gouvernement, étaient de la partie.
Augustin Senghor et Mayacine Mar, l’un des techniciens de l’équipe du Sénégal, m’avaient accompagné.
Parce que la Namibie garde un souvenir enthousiaste du soutien qu’elle a eu du Sénégal pendant ses années de lutte de libération, le dîner fut particulièrement chaleureux. Surtout lorsque, réalisant qu’Augustin était maire de Gorée, le Président lui fit savoir qu’il avait visité l’ile mémorielle. « Nous faisons de nos hôtes de marque des citoyens d’honneur », rebondit Senghor, apparemment ravi d’avoir fait une belle recrue.
Je pensais qu’au retour, il s’empresserait de passer à l’acte. De ce que j’en sais, ses paroles n’ont pas été suivies de la notification pour qu’un aussi illustre candidat, volontaire, figure sur la liste des parrains de l’ile. A moins qu’il ne l’ait fait en cachette.
Cachotier et peu respectueux de sa parole, tel est en réalité ce Senghor, qui détonne négativement dans le milieu plus rigoureux des catholiques sénégalais.
C’est qu’Augustin Senghor est un prince de l’ombre. Au point de projeter une ombre épaisse autour de lui. D’abord sur l’état présent et futur de notre football.

Sa candidature pour ce 4eme mandat est, dès lors, inacceptable. Après les scandales de corruption et dopage ayant terni la réputation de la Fifa à la Caf, jusqu’à l’athlétisme mondial, faisant tomber au passage des icônes sportives naguère vénerées, comme Sepp Blatter ou Lamine Diack, le plus grand risque auquel Senghor expose notre football c’est de l’enfoncer dans la culture italienne des combines (les combinazziones).
Il s’y trouve en bonne compagnie avec sa cohorte de bénis oui-oui nationaux, sa garde rapprochée, dont le principal trait distinctif est la vénalité.
La boucle de l’arnaque tout azimuts se ferme avec le parrainage du Président du football mondial, l’Italien Gianni Infantino, se servant de sa Spice-girl, Fatou Samoura, et faisant jouer, dans une intolérable immixion, les premiers rôles à l’arrogant Patrice Moetsepe, beau-frère du Chef de l’Etat Sud-africain, qu’il a placé au sommet du football africain pour des raisons obscures.
L’opportuniste Senghor, jamais réticent face aux possibilités d’être dans les micmacs, se trouvait en roue libre pour filer cette camelotte à ses obligés Djolofiens, manoeuvrables facilement parce que sans neurones solides ni muscles moraux.

Elire cet homme, c’est donc planter un coup de couteau fatal au football sénégalais en plus d’avaliser l’autre forfait auquel il le soumet, dans ses infinis plans: sa mise sous tutelle politique au service du parti au pouvoir chez nous.

En clair, alors que le sport doit s’écarter de la politique, le parti-pris de celui qui en dirige l’instance suprême, quitte à en faire un vil instrument de marketing politique pour un regime aux abois et son chef, est une insulte continue pour tous ceux qui vivent par et pour ce sport.
Augustin Senghor doit partir. Transiger sur ce qui est une demande sociale serait un encouragement aux mediocres de son acabit…

Au surplus, au lieu d’en faire un candidat à une candidature de trop, le Sénégal, par consensus, aurait dû lui offrir une porte de sortie autre: l’aligner dans sa délégation Olympique de Tokyo. Qui n’en serait pas revenue les mains vides, sans médailles, mais, par les entrechats incomparables de Saint-Augustin-La-Roublardise, aurait raflé, haut-la-main, en hors concours, la médaille d’or de la rouardise.

Trêve de farces alors: parce que sa gestion de l’argent du football sénégalais doit être auditée par la Fifa pour en déceler les trous béants dus à son braquage, et que ses clowneries ont assez duré, Augustin Senghor, l’intrus créateur d’échecs, doit débarasser le plancher. Il n’amuse plus personne.

Le football Sénégalais doit faire sa…dialyse. Avec du sang neuf, propre. Sans celui, covidéen, contaminé, cause de son retard et de son immobilisme.

Adama Gaye* opposant en éxil au regime de Macky Sall.

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