vendredi, septembre 27, 2024
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Rapatriement des ressortissants en Tunisie : le Sénégal toujours à la traîne, les associations de migrants haussent le ton

par pierre Dieme

Après la Guinée, c’est au tour du Mali et de la Côte d’Ivoire. Samedi, ces deux pays ont rapatrié environ 300 de leurs compatriotes résident en Tunisie. Une manière de les protéger d’éventuelles agressions, à la suite au discours du président Kais Saïed contre les migrants subsahariens en situation irrégulière. Au Sénégal, on est toujours à la traîne. Alors des ressortissants qui ont exprimé leur désir de rentrer au pays sont en détresse. Face à cette situation, les associations de défenses des migrants ont haussé le ton.

des Sénégalais en détresse

« Nous sommes en contacts avec des Sénégalais en Tunisie. Ils sont en situation de détresse. Ils ont manifesté le sentiment de rentrer. Après avoir ressemblé toutes ces informations, on compter les déposer auprès de nos autorités pour permettre à ces citoyens de rentrer au pays », a dit ce lundi face à la presse, Cheikh Ahmadou Bamba Fall, président de l’Association Village du migrant.

Ils sont plusieurs associations réunies au sein du collectif des organisations et acteurs de la Migration au Sénégal pour demander aux autorités sénégalaises de prendre à bras le corps cette affaire. Certes, le ministère des Affaires étrangères s’est exprimé dans un communiqué, mais il faut plus.

« Le Collectif magnifie cette démarche du gouvernement et lui demande de faire mieux pour être auprès des populations sénégalais établie en Tunisie et à l’étranger en général, pour mieux leur venir en aide de manière efficace, tout en renforçant le dispositif et les initiatives en place », a lu M. Fall.

Le collectif réaffirme au gouvernement toute sa disponibilité à l’accompagner dans la gestion de cette crise au grand bonheur des compatriotes sénégalais. Par ailleurs, il félicite la société civile tunisienne qui a eu à manifester ses mécontentement et frustrations contre les propos de leur président. « Ce qui démontre que le problème n’est ni la Tunisie en tant que pays, ni les Tunisiens en tant que peuple, mais plutôt une personne, un président impopulaire qui, pour masquer l’échec de sa politique économie, sociale et démographique, accuse et stigmatise les subsahariens d’être la principale source de son échec ».

M. Fall et ses camarades disent se tenir à la « disposition des compatriotes sénégalais en situation de détresse en Tunisie tout en leur exprimant son soutien et sa compassion ».

Le Réseau Migration et Développement (REMIDEV) composé de ONG, d’associations de migrants, de syndicats, d’associations des droits de l’Homme et d’associations de réfugiés, fustige les propos « malheureux » tenus par le Président tunisien Kaïs Saïed. Considérant ses déclarations de nature « dangereuses, violentes et xénophobes », le REMIDEV interpelle l’Union africaine et appelle l’Etat du Sénégal « à diligenter des actions efficaces en vue de garantir les droits des ressortissants sénégalais en Tunisie ».

Les faits remontent au 21 février. M. Saïed a affirmé que la présence en Tunisie d’immigrés clandestins provenant de pays d’Afrique subsaharienne était source de « violence et de crimes » et relevait d’une « entreprise criminelle » visant à « changer la composition démographique » du pays. Le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur n’a réagi que le 26 février pour dire qu’il suit de « près » la situation.

Dans un communiqué, les services de Aissata Tall Sall ont rappelé « l’attachement particulier du Sénégal à la sécurité et à la sûreté des communautés sénégalaises partout où elles résident et en toute circonstance ». Et l’Ambassadrice du Sénégal en Tunisie a été instruite de mettre en place une Cellule de crise pour assurer la protection des ressortissants et de leurs biens.

Puis, des numéros verts suivants ont été mis en service à cet effet : 00221775595546 (WhatsApp) 00216 50840908 (00216 55358834). L’Ambassade dit rester également en contact à cet effet avec les responsables des Associations sénégalaises en Tunisie.

Depuis, le processus de rapatriement est au ralenti. Au moment où la Guinée, le Mali et la Côte d’Ivoire ont rapatrié leurs compatriotes résident en Tunisie. « Ils foutent de nous. On a contacté les numéros verts depuis la semaine passée. Mais on nous a dit de patienter. Au moment où nos frères de la Guinée, du Mali et de la Côte

 d’Ivoire sont rentrés », a confié un Sénégalais dans une discussion via WhatsApp.

Pendant qu’on s’attendait à l’annonce d’un avion affrété aux Sénégalais, le ministère des Affaires étrangères a pondu un  autre communiqué dimanche 5 mars pour ne rien dire de nouveau. Dans le document, Aissata Tall Sall informe qu’un registre a été ouvert pour permettre aux Sénégalais établis en Tunisie et désireux de rentrer au pays de s’inscrire. Alors que ça aurait pu être fait depuis.

Mme Sall invite les principaux concernés à se rapprocher des autorités de l’ambassade du Sénégal à Tunis. Oubliant que beaucoup d’étudiants subsahariens restent cependant cloîtrés chez eux par peur d’être agressés ou violentés.

21.000 ressortissants d’Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie

Un bon nombre des 21.000 ressortissants d’Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière, ont perdu du jour au lendemain leur travail et leur logement, du fait de la campagne contre les clandestins. Plusieurs dizaines ont été arrêtées lors de contrôles policiers, et certains sont encore en détention. D’autres ont témoigné auprès d’ONG de l’existence de « milices » qui les pourchassent, les frappent et les détroussent.

Cette situation, selon  l’AFP, a provoqué l’afflux de dizaines de personnes vers leurs ambassades, en particulier la Côte d’Ivoire et le Mali, qui ont décidé d’en héberger jusqu’à une centaine en urgence.

D’autres migrants, encore plus vulnérables car issus de pays sans ambassade à Tunis, ont rejoint un campement improvisé devant le siège de l’Office international des migrations (OIM), où ils dorment dans le froid et des conditions insalubres.

La présidence tunisienne fait part dans un communiqué dimanche de son « étonnement » face à une campagne de « prétendu racisme » et rappelle le vote de la loi de 2018 contre le racisme et que la Tunisie est fière d’être un pays africain.

Le gouvernement annonce également une batterie de mesures pour aider les étudiants subsahariens en Tunisie, notamment l’octroi d’une carte de séjour d’un an. Mais, pour le moment, beaucoup ont peur et suivent leurs cours en ligne, cloîtrés chez eux, depuis les violences et arrestations qui ont succédé aux propos du président Saïed.

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