Macky, un adepte des dérapages……..

par Dakar Matin

A SON EXCELLENCE SERENISSIME, MACKY SALL.

« Les Sénégalais en ont assez de vos dérapages ; ils sont exaspérés, frustrés, outrés, excédés et écœurés de vous en entendre les dénigrer devant des étrangers. Votre désobligeance humiliante à leur égard frise une indécence à la lisière de l’insulte. »

Excellence sérénissime, qu’est-ce qui ne va pas chez vous ? Quel est votre problème ? Ce sont deux questions légitimes que tout Sénégalais devrait se poser. J’ai la réponse que je vais livrer dans mes propos qui vont suivre. Vous avez, lors du dernier conseil des ministres, annoncé la reprise des opérations dénommées « Cleaning day ». Avant d’avancer dans mes propos, j’aimerais faire quelques réflexions. Pourquoi le choix d’une expression anglaise alors que la langue officielle de notre pays est le français, même s’il faut admettre qu’elle nous a été imposée. C’est visiblement la manifestation d’un complexe par rapport à la langue de Shakespeare. C’était la même chose avec votre mode « Fast-tract » pour vouloir, tout simplement, dire accélérer la cadence ; encore que le fast-tract, dans son vrai sens, ne répond guère ni ne correspond nullement à la conception que vous en avez. L’adoption de l’anglais est d’autant plus incongrue que vous avez une population composée de 60% d’analphabètes pour qui, comprendre le français est déjà difficile, à fortiori, l’anglais qui ne peut qu’être abscons. Qu’est-ce qui vous empêche d’utiliser l’expression « SET-SETAL » comprise par la majorité de vos compatriotes et longtemps intégrée dans notre corpus lexical et qui a l’avantage d’être vernaculaire et nationale, donc à même de mieux traduire une problématique locale.

Excellence sérénissime, c’est au lendemain de votre retour de Dubai que vous avez pris la décision de remettre au gout du jour votre fameux « Cleaning-day » qui prend les allures d’un serpent de mer comme l’a dit mon ami Serigne Saliou Gueye. Malheureusement, il a été donné aux Sénégalais de constater que, c’est toujours après avoir

cassé du sucre violemment sur leurs têtes devant des étrangers, vous annoncez à grand renfort de publicités et de communiqués vos cleaning days. La première fois c’était lors de votre fameuse prestation de serment au Centre international de conférence Abdou Diouf devant un parterre de personnalités diverses et un aréopage de dirigeants du monde entier. Aussi bien à Dakar qu’à Dubai vous avez mis à profit la tribune qui vous a été offerte et le temps de parole qui vous a été dédié pour dénigrer votre pays et vos compatriotes, présentant le Sénégal comme un gigantesque capharnaüm de bricoles et de bric-à-brac , une grande décharge à ciel ouvert et vos compatriotes comme des indisciplinés qui manquent totalement de civisme, des individus très rétifs à l’ordre, des anarchistes invétérés n’ayant aucun sens de l’hygiène.

Excellence sérénissime, vos deux discours, celui de Dakar comme celui de Dubai, similaires à tout point de vue, ont été perçus par vos compatriotes comme l’expression offensante d’un manque total d’égard, de respect et de considération à leur endroit. Quand bien même vous auriez décrit un état de fait, une réalité difficilement contestable, la décence et la retenue qu’exigent vos éminentes fonctions auraient dû vous dissuader de trainer et vouer aux gémonies votre propre peuple, vos propres ressortissants qui, aujourd’hui, sont agacés, exaspérés, fâchés, mécontents, outrés, excédés et écœurés de vous entendre les blâmer et les morigéner devant des étrangers. N’avez-vous pas appris que le linge sale se lave en famille ? Votre désobligeance notoire, manifeste, injustifiée et humiliante envers les Sénégalais a les allures d’une indécence caractérisée à la lisière de l’insulte ; pour bon nombre de vos compatriotes ce n’est rien de moins qu’une offense outrageante à leur honneur, leur dignité et leur fierté que vous vous devez en toutes circonstances, par obligation morale et constitutionnelle, de préserver et de rehausser.

Excellence sérénissime, il est bien vrai que les Sénégalais doivent revoir leurs comportements et réajuster leurs attitudes par rapport à

la chose publique, au bien commun et à l’intérêt général. Ils doivent davantage faire montre de plus citoyenneté et de sens civique par rapport au respect des règles de vie commune établies dans le cadre du contrôle social et du contrat collectif définis d’un commun accord. Je conviens avec vous qu’il nous faut réorganiser, assainir et moraliser l’occupation de l’espace public, notamment la voie publique qui est par essence une sphère conflictuelle parce que lieu de toutes les interactions sociales. Mais ce dont notre pays a le plus besoin, c’est moins un assainissement de l’espace physique qu’un assainissement de l’environnement mental de nos dirigeants dont la déliquescence morale a atteint un niveau de décrépitude hallucinant. Aujourd’hui, tous les scandales qui alimentent les pages des faits divers dans la presse sont le fait de hauts responsables politiques, notamment des députés.

Excellence sérénissime, comme je n’aurai jamais de cesse de le dénoncer, votre responsabilité première et personnelle est engagée, à plusieurs titres, dans ce qui se passe chez nous ; d’abord une responsabilité morale en votre qualité de Président de la République en charge de la destinée de notre pays, ensuite votre responsabilité politique parce que disposant de tous les leviers de commandement nécessaires et indispensables pour asseoir les politiques publiques qui doivent nous conduire vers un avenir meilleur. Malheureusement, il faut le constater pour le déplorer, vous donnez le mauvais exemple par des comportements, des initiatives et des décisions qui ne font que la promotion de contre valeurs et d’anti valeurs. Dans une récente contribution j’ai dénoncé votre désinvolture dans beaucoup de domaine ; j’avais dénoncé le fait de vous faire accompagner par quelqu’un qui a avoué publiquement avoir été corrompu. Ce quelqu’un, un grand magouilleur, un habile maquignon qui vit d’expédients les plus sordides, c’est votre griot préféré et attitré, dont vous semblez ne pas pouvoir vous séparer pour des raisons qui vous sont propres ; ne dit-on pas que « Qui s’assemblent se

ressemblent ? ». A Dubai votre discours a largement dépassé les limites de la désinvolture pour atteindre le summum de la dérive. Vous étiez supposé vous rendre à Dubai pour vendre la destination « Sénégal », malheureusement, votre opération de marketing a lamentablement échoué pour avoir présenté une image immonde et crasseuse de votre pays dont les ressortissants auraient toujours une mentalité de sauvages ignorant les exigences et les contraintes de la modernité.

Excellence sérénissime, votre désinvolture et vos dérives ont atteint le comble quand il a été remarqué dans la délégation officielle la présence d’invendus qui font partie de la lie de notre société ; on y a vu des escrocs patentés, des artistes ratés connus pour leur insolence et leurs réflexions débiles, des spécialistes dans l’organisation de parties fines pour certains membres de la haute société, des filles aux mœurs légères dont raffolent les chauds et concupiscents lapins de la République et enfin une cohorte de griots capables de conférer à un rat d’égout la plus noble des descendances. Il a été aussi remarqué dans cette délégation des bénéficiaires du système « Tok mouy dokh » qui consiste à donner des émoluments à une personne en la faisant émarger dans le registre de paiement spécial d’une société ou d’une agence nationale ou il n’exerce aucune fonction ; actuellement beaucoup d’artistes en bénéficient, on pourrait citer, entre autres, de grandes divas de la musique et de célèbres communicateurs traditionnels. A Dubai, la Première dame a ravi la vedette à tout le monde, à croire que le déplacement à l’exposition n’avait qu’un seul objectif la « Vendre ». Les images qui nous sont parvenues de Dubai sont écœurantes et indécentes par rapport au sort misérable de millions de Sénégalais affrontant quotidiennement les affres de la faim, de la soif, incapables s’acheter l’ordonnance la plus insignifiante. On a vu autour de la première dame de belles dames aux atouts et aux atours appréciables se trémoussant, exhibant leurs rondeurs provocantes.

Excellence sérénissime, pour l’heure, notre pays dont les destinées vous sont confiées jusqu’en 2024 est à la croisée des chemins. La situation est inquiétante et très alarmante, et les questionnements pourraient même interpeller notre sécurité globale, mes amis philosophes diraient notre sécurité ontologique. La République est par terre et l’Etat à terre et ce, par la seule faute de dirigeants, vous en premier, qui n’ont pas su gérer le pays dans le respect des principes républicains de base, des normes démocratiques élémentaires et des valeurs sociétales positives. Vous n’aviez pas su vous approprier les mots de Marcus Cicéron qui disait que « L’âme, le sens et l’esprit de l’Etat reposent dans le droit, la justice, l’éthique et la morale » ? Votre niveau de compréhension ni votre capacité d’analyse ne vous permettent pas de saisir le sens profond de cette vérité.

Excellence sérénissime, vous avez une conception du pouvoir tridimensionnelle ; d’abord féodale, considérant vos concitoyens comme des sujets pour ne pas dire des valets corvéables et malléables à souhait, ensuite jacobine avec une centralisation, une concentration et un accaparement de tous les leviers décisionnels, enfin manichéenne dans la mesure où il n’y a qu’une seule alternative qui s’offre au citoyen, soit adhérer à votre politique, donc être avec vous, soit ne pas y adhérer, donc contre vous. Une telle conception ringarde et éculée constitue un grand facteur dirimant qui vous empêche d’avoir de la perspective et une vision prospective à même de vous adapter aux changements d’un monde en friture permanente. A cela s’ajoute une vassalisation outrancière de l’Assemblée nationale et l’instrumentalisation abusive et éhontée d’une justice aux ordres qui se complait dans le déni de justice permanent. Toutes choses qui, aujourd’hui, ont contribué à démythifier la République et à démystifier l’Etat.

Excellence sérénissime, c’est dans ce cadre de désacralisation qu’il faut comprendre qu’un vulgaire délinquant, un faussaire notoire pris en flagrant délit puisse papillonner à travers les différents plateaux de

télévision de la place pour accuser et diffamer d’honorables gendarmes et verser toutes sortes d’insanités sur la Gendarmerie sans que personne ne s’en désole, pas même les autorités étatiques et plus particulièrement le Procureur de la république dont ils sont les collaborateurs. Les choses allant crescendo, nous assistons, maintenant, à des appels publics au meurtre voire à l’assassinat. El cela a commencé avec votre ami, frère, parent et partisan Aliou Dembourou Sow qui, dans un dialecte que vous partagez, à lancer un appel au meurtre de toute personne qui s’aviserait de s’opposer à votre candidature pour un troisième mandat. Jusqu’à présent vous n’avez pas, personnellement, daigné condamner ses propos. Tout récemment les choses ont pris une nouvelle dimension et monté d’un cran avec cet appel au meurtre d’un chef religieux qui a demandé à ses talibés de s’armer comme ils peuvent pour s’en prendre physiquement à d’honnêtes citoyens qui n’ont commis que le tort d’avoir exprimé des opinions divergentes de manière polie et non polémique.

Excellence sérénissime, malgré la gravité des faits et leur flagrance, aucune autorité n’a daigné réagir pour condamner ces propos et rappeler à l’ordre le marabout en question, connu, identifié et localisé. Et dire que tout récemment le ministre de l’Intérieur, sur injonction des milieux maraboutiques, a sorti un communiqué pour fustiger les contempteurs des familles religieuses. Il doit oser, dans la même logique, sortir un communiqué pour rappeler les règles de fonctionnement de la république pour que nul n’en ignore. Il y a manifestement un traitement inéquitable, partial, asymétrique et bancal de deux sujets qui relèvent du même registre. Ce qui dérange dans cette affaire, c’est le profil bas adopté par tout le monde y compris la presse. Cette affaire a mis à nu et au grand jour l’hypocrisie et la lâcheté d’une certaine élite intellectuelle. La remarque s’applique aussi à nos politiciens, toutes obédiences confondues ; ils sont dans les calculs politiques ou dans la peur de représailles.

L’éveil des consciences et la révolution des esprits sur les plans politique et religieux sont dans une dynamique irréversible.

Dakar le 25 octobre 2021 Boubacar SADIO

Commissaire divisionnaire de polie de

Classe exceptionn

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