Libération des détenus politiques : les familles entre désolation, colère, tristesse et espoir

par Dakar Matin

La devanture de la prison de Rebeuss a refusé du monde ce lundi. Venus de la banlieue dakaroise et autres périphéries de la capitale sénégalaise, parents, proches et amis sont tous venus témoigner leur soutien aux détenus arrêtés lors des manifestations.

Même si entre jeudi et samedi les choses aller bon train, ce lundi par contre ce n’est pas le cas. Les libérations qui se faisaient habituellement dans l’après-midi ont été effectuées le matin et seuls huit (8) prisonniers ont été relâchés, dans la matinée.

Assis à même le sol, des parents attendent la sortie de leurs progénitures. Pour cette dame venue de Keur Massar, « je suis ici pour mon fils, il a été arrêté depuis les événements de mars et il est toujours en détention. Ça fait mal de savoir son enfant dans ces lieux, il n’a rien fait de mal, il protestait juste son droit, ça me fend le cœur de le laisser impuissamment ici à chaque fois que je viens lui rendre visite, j’espère qu’il va sortir aujourd’hui et qu’on va rentrer chez nous ensemble », a- t- elle confié.

Pour ce gars répondant au nom d’Ousseynou, il est là pour son frère jumeaux «  je suis ici pour accueillir mon frère jumeau, je viens de Keur Mbaye Fall, je n’ai jamais manqué de visite, mais ce n’est pas facile de le voir dans cet endroit, il parait qu’il est sur la liste de ceux qui vont sortir aujourd’hui, je l’attends impatiemment pour qu’on rentre à la maison ensemble, il a été arrêté lors des émeutes de juin et pourtant, il ne manifestait pas il rentrait à la maison», a -t-il confié.

Leur vœu ne se réalisera pas ce lundi, après des heures interminables d’attente, le Directeur de la prison est venu annoncer la fin des libérations de ce lundi et a donné rendez vous demain mardi.

Une nouvelle, qui met ces familles de détenus dans la colère, la tristesse, la désolation.

Cherif, un militant de l’ex Pastef fustige cette décision.« c’est injuste, ils doivent laisser partir ces détenus. Pourquoi attendre demain. Ils ont déjà la liste de ce qui devraient sortir aujourd’hui. Ils nous ont fait poiroter toute la journée jusqu’à cette heure pour nous dire de rentrer jusqu’à demain. On a fait des dépenses inutiles. On avait déjà mis sur place de l’argent pour payer leur transport, et même de véhicules pour ramener ceux qui habitent plus loin et concocté des sandwichs pour les détenus qui seront libérés afin qu’ils mangent à leur faim en attendant d’arriver chez eux. Tout cela, c’est du gâchis, on est obligé de le partager entre nous », a -t-il déploré.

Dans la même lancée, ce jeune homme, venu de Keur Massar, souligne, «depuis jeudi, je défile entre ma maison et la prison de Rebeuss dans l’espoir de voir mon ami sortir. Et là, ils me disent de rentrer jusqu’à demain.  Que vais-je bien pouvoir dire à ces mamans qui ne peuvent se déplacer faute de moyens et qui attendent que je revienne avec leurs enfants. Ils n’ont qu’à laisser ces gens sortir, leur place n’est pas dans les prisons ».

Par ailleurs, même déçu par la décision du directeur de prison, ces familles de détenus malgré les traitements inhumains qu’ils subissent de la part des forces de l’ordre, reste plus que jamais déterminés et gardent toujours espoir de rentrer peut être demain accompagnés des leurs. 

À noter que le président de la République Macky Sall a donné des consignes au ministre de la Justice pour la libération des détenus politiques. Une initiative qui entre dans sa stratégie de décrisper le climat social et apaisé les tensions qui sévissent actuellement dans le pays. Ainsi, des vagues de libérations ont été notées entre jeudi et samedi à la prison de faisant un total de 664 détenus politique libérés. À cela, s’ajoutent les 8 libérés aujourd’hui, portant ainsi le nombre à 672 en 4 jours. Pour l’instant, aucune prison dans les régions n’a libéré de détenus politiques.

Cécile Sabina Bassene

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