N’eussent été le coronavirus et les autres problèmes qui empêchent le Sénégal d’accéder à l’émergence, le Président Macky Sall serait sans doute en train de jouer au Ludo avec ses enfants ou de participer à un match de « Calcio » sur la plage de Popenguine. Car, en lieu et place de critiques virulentes, il bénéficie actuellement d’un état de grâce que lui a servi l’opposition sur un plateau d’argent. Les inondations sont passées par là . Comme à la guerre, les opposants se tirent dessus pour discuter de la conduite à tenir face cette « catastrophe » qui perturbe le sommeil de beaucoup de pères de familles.
Un malheur ne vient jamais seul. Les fortes pluies notées au Sénégal ne se sont pas limitées à transformer des rues et des maisons en piscines, elles viennent également accélérer la fissuration de l’opposition, déjà enclenchée par le débat sur la désignation d’un chef. A côté du front ouvert par Idrissa Seck et ses souteneurs contre le leader de Pastef, Ousmane Sonko fait face désormais à ceux qu’il qualifie «d’opposants à l’opposition». En déplacement hier à Ziguinchor, le Sonko n’a pas hésité à vider son chargeur sur Bougane Guèye Dani et Thierno Bocoum, même s’il ne les a pas cités nommément, « Il y a des gens qui jouent avec l’émotion des Sénégalais. Vous avez entendu des individus faire des sorties pour dire que Sonko veut politiser les inondations. C’est quoi politiser les inondations ?…C’est Macky Sall qui avait dit qu’il allait régler le problème des inondations en quatre ans. Il avait fait de ce discours un élément de campagne…Ceux qui disent que qu’on ne doit pas critiquer le régime sont des hypocrites. Plus grave, ils se déclarent opposants. Des opposants qui ne s’opposent jamais à Macky Sall. Depuis combien de temps vous n’avez pas entendu un opposant faire une sortie pour critiquer le régime ? Mais ils sont prompts à critiquer Ousmane Sonko », tempête le député à l’Assemblée nationale.
Poussant le bouchon plus loin, l’ancien inspecteur des Impôts n’a pas été tendre avec ceux qu’il qualifie d’hypocrites et de collabos. « Ils sont des opposants à Ousmane Sonko. Vous ne les entendez jamais parler du pétrole, du Ter, du bradage du foncier, des inondations. On ne les entend jamais parler de ces questions, mais ils passent tout leur temps à critiquer ceux qui critiquent Macky Sall. Ces gens sont des opposants de l’opposition. C’est l’opposition de Macky Sall, ce n’est pas l’opposition à Macky Sall. Au Sénégal, il y a une opposition de Macky Sall créée par Macky Sall pour attaquer l’opposition. Vous connaissez ceux à qui je fais allusion. Les populations n’ont pas besoin de riz, elles ont besoin de voir se réaliser les promesses qu’on leur a faites par rapport aux inondations», fulmine-t-il.
L’ORIGINE DU PROBLEMEÂ
Cette déclaration va sans doute susciter dans les heures et à venir une réaction de président du mouvement «Gueum Sa Bopp» qui, après une sortie de Ousmane Sonko, avait déclaré ce week-end : « les sinistrés n’ont pas besoin de discours, ni de politiser leurs calvaires. Ils ont besoin d’aide et de soutien. Parler du statut du chef de l’opposition, c’est vraiment manquer de respect aux Sénégalais qui sont en train de souffrir. Aujourd’hui, évacuer les eaux qui ont envahi leurs maisons, reste la seule priorité. Parler également de troisième mandat, c’est manquer de respect aux Sénégalais. Alors, il faut respecter les Sénégalais. » Il en sera de même certainement pour le leader du mouvement AGIR, Thierno Bocoum, qui avait déclaré : « le débat sur le statut du chef de l’opposition est moins important que beaucoup d’autres priorités de l’heure. Et surtout dans un contexte d’inondations où plusieurs familles sont plutôt préoccupées par la recherche de moyens pour faire face aux difficultés quotidiennes.
Qu’on se le tienne pour dit, ce débat a malheureusement pris une tournure hautement politique et les prises de positions des uns et des autres ne relèvent que de la pure stratégie. Certains cherchent à le reléguer au second plan, faute de pouvoir faire partie des leaders éligibles. » Des propos que le leader de Pastef ne semblent pas digérer. En tout état de cause, la seule personne à qui la tournure des évènements arrange, c’est le Président Macky Sall, qui a besoin que les populations oublient les 750 milliards Fcfa dédiés à la lutte contre les inondations et le débat sur le troisième mandat.