Les grands hommes sont dotés du don de percevoir avant leur peuple les signes avant coureurs de la fin prochaine de leur règne.
Ils sont dotés du courage de prendre à deux mains leur destin, d’infléchir son cours, avec hauteur, dignité et sagesse, de se retirer en paix avant que les voiles ensanglantés du couchant ne ternissent à jamais leur règne.
Les grands hommes se font un point d’honneur d’épargner à leur peuple les souffrances inutiles et coûteuses en vies humaines, en manifestations dévastatrices de biens matériels, en souffrances psychologique et en meurtrissures des âmes innocentes.
Le choix affiché de toujours recourir en premier à la force, de taper sur la jeunesse bouclier contre des décisions injustes et déraisonnables, de faire suffoquer les populations innocentes de gaz lacrymogène jusqu’à violer la sûreté des établissements sanitaires, est une dérive tragique d’un pouvoir qui a perdu la tête, prisonnier de ses scandales, effrayé par sa fin prochaine.
Ce pouvoir rassemble ses dernières forces pour faire peur, dissuader brutalement le peuple de s’opposer à ces décisions désordonnées, inappropriées et inacceptables.
Le syndrome de la mort du jeune Malick Ba à Sangalkam, de la mort du jeune Mamadou Diop à la place de l’Obélisque avait fini par emporter le régime du Président Abdoulaye Wade.
La succession ininterrompue de morts douloureux non élucidés de jeunes dans des manifestations violentes depuis deux ans et la mort hier d’un ou de deux jeunes à Ngor sont des signaux macabres d’une fin de règne que l’Autorité cherche à conjurer par tous les moyens à sa disposition.
Le pouvoir a perdu le sens du dialogue, du choix de décisions inclusives. Il impose ses vues d’autorité, ne palabre qu’avec des victimes pieds et poings liés.
Le pouvoir a perdu la capacité de s’émouvoir. Il ne sait plus lire l’âme de son peuple, les sentiments qui l’animent, ses peurs et ses lignes rouges.
Le Chef de l’État, reclu dans sa tour d’ivoire, entouré de laudateurs, ne sent plus les pulsations de sa jeunesse, a perdu la capacité de nouer les fils d’un échange sincère et productif avec son peuple.
De partout la pirogue Sunugal présente des trous d’eau. Son timonier atteint de cécité, délibérément, s’enfonce vers les hautes eaux.
Il n’est pas De Gaule. Il n’a pas appris les leçons que Léopold Sédar Senghor nous a léguées. Il n’a pas compris la grandeur de François Hollande, l’élégance de Muhammadu Buhari, le sens de la parole donnée de Mahamadou Issoufou, etc.
Prions que les prières de nos saints finissent par l’inspirer, que les génies qui peuplent la presqu’île du Cap Vert l’engagent dans la voie de la sagesse et que les valeurs cardinales de nos ancêtres ressurgissent dans sa mémoire.
Dans tous les cas, le dernier mot, le verdict final appartient au peuple sénégalais.
Citoyennes, citoyens, à vos cartes d’électeurs !
Dakar, mercredi 10 mai 2023
Prof Mary Teuw Niane