Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, Macky a eu, presque toujours, un citoyen dont la détention en prison pose problème.
Les Karim Wade, Khalifa Sall, qui ne sont pas complétement encore sortis d’auberge, le cas Guy Marius Sagna et bien d’autres, posent la problématique de la liberté de l’engagement en politique et dans les activités citoyennes au Sénégal.
Certains ont vu dans leurs différentes interpellations pour des motifs judiciaires divers, un soubassement politique. Ils seraient détenus du fait du prince. Ce qui veut dire qu’à un moment donné, c’est le Chef de l’Etat qui a estimé qu’au regard des actes posés par untel, la justice devrait être actionnée contre lui. Un état de fait qui est rendu possible par l’architecture de notre système judiciaire qui donne l’opportunité des poursuites à un Parquet qui est hiérarchiquement dépendant de la Chancellerie.
On a parlé, non sans raison, de ‘’prisonniers politiques’’ et Guy Marius Sagna entre dans cette logique.
Les associations de droit de l’homme ont réagi hier pour rappeler à l’Etat du Sénégal, ses obligations envers ses citoyens, notamment pour ce qui concerne le respect de leurs libertés fondamentales.
En effet, il est un fait avéré que l’Etat profite du caractère infamant de la détention préventive pour punir par anticipation les récalcitrants qui l’empêchent de tourner en rond. Et ceci, en attendant leurs procès.
Aujourd’hui, les longues détentions préventives doivent être revues. Surtout dans les cas de flagrance ou de faits assimilés.
Car, en fait, qu’est-ce que l’on reproche à Guy Marius Sagna ? C’est de s’être rebellé, de verser dans la provocation, d’avoir organisé un attroupement interdit, d’avoir participé à une manifestation interdite. Et ce que l’on ne dit pas, c’est que le fait qu’il ait atteint les grilles du Palais de la République a été la goutte d’eau de trop. C’est justement ce la qui dérange.
Or, voilà deux mois qu’il est détention pour des délits aussi mineurs. La preuve, les co-auteurs ou complices ont été relâchés, sauf lui. Parce qu’il faut prolonger son supplice, le punir encore.
Une situation qui rappelle celle de Karim Wade qui a été victime de deux mises en demeure dans le cadre d’une même procédure devant la Crei, tribunal d’exception, du cas de Khalifa Sall qui n’a pas pu bénéficier de son immunité parlementaire alors qu’il a été élu en détention, etc.
Le sentiment qui se dégage au regard de ces affaires, c’est que ces citoyens ne sont libérés que si Macky le souhaite. La Justice est manifestement instrumentalisée à des fins politiques. La plupart du temps, les individus inquiétés s’attaquent au régime en place ou peuvent constituer de sérieuses menaces. Et leurs droits fondamentaux ne sont pas respectés dans le traitement de leurs dossiers comme l’ont souligné le Comité des droits de l’homme des Nations-unies et la Cour de Justice de la Cedeao dans les affaires Karim Wade et Khalifa Sall.
Pour ce qui concerne Guy Marius Sagna également, il est incompréhensible que toutes les personnes avec lesquelles il a été détenu, soient libérés, sauf lui.
Il est important de rappeler, aux autorités, que la liberté humaine est sacrée. Le droit pour l’Etat de mettre un citoyen en prison, ne saurait s’exercer que d’une façon exceptionnelle, quand ce dernier a une vraie dette à payer à la société ou constitue une menace pour elle.
Or, ni Karim, ni Khalifa ni Guy ne sont une menace pour l’ordre public et la société.
La fermeté qui a été prônée à leur encontre s’inscrit dans la survivance du réflexe de conservation d’un régime qui a quelque chose à se reprocher.
Car, le fait de répercuter les charges d’une société comme la Senelec sur le dos des populations, est une forme de violation du pacte de confiance qui a fait que le Président a été réélu.
Et là-dessus, on ne peut continuer à punir un citoyen parce qu’il a dénoncé cet état de fait.
Assane Samb