Un vaste système de manipulation des comptes publics aurait été mis en place au Sénégal entre 2019 et mars 2024, selon un rapport de la Cour des comptes relayé par le journal Source A. Trois anciens ministres des Finances, un haut responsable du Trésor et plusieurs gestionnaires de comptes seraient impliqués. Le dossier a été transmis au Parquet général et à la Chambre de discipline financière en vue de possibles poursuites.
Le rapport révèle que des dettes ont été contractées au nom de l’État sans passer par les procédures légales, notamment sans l’approbation du Comité national de la dette publique (CNDP). Des conventions auraient été signées avec des banques, sans passer par les lois de finances. L’argent ainsi levé aurait parfois été retiré en liquide, contournant les canaux officiels, et utilisé de manière opaque.
La Cour pointe également une manipulation du déficit budgétaire pour respecter artificiellement les critères de convergence de l’UEMOA et les engagements envers le FMI.
En 2023, un écart significatif aurait été constaté entre les montants officiellement déclarés (434,9 milliards FCFA) et les sommes réellement décaissées (1 131,6 milliards). Des dettes contractées en dehors du cadre légal auraient ensuite été transformées en obligations du Trésor pour les régulariser a posteriori.