Décès de Babacar Touré: l’ultime hommage à un homme multidimensionnel

par Dakar Matin

La morgue de l’hôpital principal de Dakar s’est révélée trop exigüe pour accueillir le monde qui a fait le déplacement pour rendre un dernier hommage à Babacar Touré, décédé le dimanche 26 juillet 2020. Toutes les chaises étaient assises, obligeant même certains à se tenir debout durant toute la cérémonie Journalistes, autorités religieuses et coutumières, parents, amis et proches ont été tous présents pour dire adieu au défunt, bravant le chaud soleil. Il était un peu difficile de respecter la distanciation sociale mais, le port du masque était obligatoire pour tout le monde. Ses enfants, assis au premier rang, vivent avec dignité la douleur. Le marabout du défunt, Serigne Abdourahmane Mbacké a fait le déplacement pour assister à la levée du corps. La délégation gouvernementale est conduite par le ministre de la culture Abdoulaye Diop. Il était accompagné, entre autres, de la présidente du Conseil économique sociale et environnemental, Aminata Touré, du ministre d’Etat, Mbaye Ndiaye, du ministre, Mansour Faye.

Les témoignages ont été unanimes. La bonté, le courage, l’abnégation et la générosité de l’homme sont mis en exergue par tous ceux qui se sont succédé devant le micro pour témoigner sur l’homme. De El Hadji Mansour Mbaye au ministre de la Culture en passant par Abdoulaye Ndiaga Sylla et le porte-parole de la famille, les propos ont été identiques.

Venue représenter le président de la République de Guinée Conakry, l’ambassadrice dudit pays, Mme Touré, Adja Aminata C. Keita, témoigne : « Je suis venue représenter le président Alpha Condé pour qui le défunt était un jeune frère, un ami et vraiment un parent tout court. Ils étaient très intimes. Quand j’ai pris service au Sénégal, il m’a demandé de rendre visite à Babacar Touré. Ce que j’ai fait. Depuis ce jour, jusqu’à son dernier souffle, presque chaque deux semaines, je l’appelais ».

Babacar Diagne, président CNRA : « Nous devons préserver son legs »

Pour sa part, l’actuel président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel recommande aux jeunes de préserver le legs du défunt. « Si son legs est bien préservé Babacar Touré sera bien content. Il a eu à diriger le Conseil national de l’audiovisuel. Il n’a jamais quitté le CNRA. Depuis le 10 septembre 2018 que je l’ai remplacé, il ne s’est pas passé une semaine que Babacar ne m’a pas appelé. Il y a 20 jours, il était chez moi, pendant deux heures. Il a cessé de m’appeler le 15 juillet dernier parce qu’il était malade sinon il m’appelait constamment et échangeait avec moi sur les entreprises de presse, le sort des journalistes, leurs conditions de travail. Tous ces sujets intéressaient Babacar Touré au plus haut point. Nous devons préserver son legs et c’est à la jeune génération de le faire. Il faut maintenir cette passion, cette flamme qu’il a pour le journalisme, dans la rigueur et la dignité », soutient-il.

« Babacar Touré c’était le journaliste, c’était l’entrepreneur mais aussi l’humaniste »

Président directeur général du groupe Emedia-Invest, Mamoudou Ibra KANE retient de l’homme : « le journaliste accompli ». Selon lui, on retrouvait totalement et entièrement toutes les qualités d’un journaliste chez le défunt. « Nous perdons quelqu’un d’une dimension internationale parce qu’il a œuvré pendant toute sa vie pour le rayonnement de la presse sénégalaise, africaine et mondiale. Il était multidimensionnel. Babacar Touré, c’était le journaliste, l’entrepreneur mais aussi l’humaniste », a déclaré M. Kane.

« Il a vécu utilement »

Ndèye Rokhaya Mbodji journaliste de la 13e promotion du Cesti a abondé dans le même ordre d’idées. « Babacar Touré représentait beaucoup pour nous pour avoir été un ainé valeureux qui incarnait beaucoup de vertus et de qualités et surtout d’une générosité sans faille qui nous a toujours couvés, inculqués des valeurs qui régissaient notre profession. Chaque fois qu’on le rencontrait c’était un plaisir parce que nous ressentions la sympathie qu’il nous vouait. En même temps, nous saluons toutes les initiatives qu’il a prises au cours de sa vie. Il avait des qualités et avait le courage de ses idées. Il était là pour tout le monde, généreux dans son savoir et savait nous encourager dans le bon sens. Et, si on s’éloignait du droit chemin, il savait nous faire revenir. Il a vécu utilement ».

Il prenait toujours, 5 minutes, pour nous parler d’éthique et de déontologie

La journaliste Seynabou Mbodji, a embouché la même trompette pour rendre hommage au défunt. « En tant journaliste, Sud a été le premier journal à m’accueillir en tant que stagiaire, j’étais alors étudiante en première année au Cesti. J’ai trouvé un Babacar Touré ouvert, professionnel et qui croyait aux jeunes. C’est quelqu’un qui nous a toujours encouragés à aller de l’avant. Et chaque rencontre avec lui, était un moment pour lui de faire une session sur l’éthique et la déontologie. Il prenait toujours, au moins 5 minutes, pour nous parler de l’éthique et de la déontologie. C’est un homme courtois », témoigne-t-elle.

Babacar Touré sera inhumé dans la cité religieuse de Touba et les condoléances seront reçues chez lui, à Ngaparou.

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