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Fer de lance de la promotion d’une agriculture plus respectueuse de la terre et de l’environnement, la Dynamique pour une transition agro-écologique au Sénégal (Dytaes) fête ses cinq années d’existence ces 12 et 13 novembre 2024. « La gestation a été longue, depuis les années 1960 et l’accouchement s’est passé en 2019. Le bébé a juste 5 ans, mais il a réussi à fédérer 80 organisations », se réjouit Marième Sow directrice d’Enda Pronat qui tirait, ce mardi 12 novembre, le bilan quinquennal de la Dytaes.
Le lancement de cette initiative est la résultante du constat ‘’affligeant’’ des contraintes dont font face l’agriculture africaine en général et sénégalaise en particulier. Conséquences directes et indirectes des changements climatiques, dégradation des terres, raréfaction des ressources hydrauliques (irrégularité des pluies au Sénégal), perte de biodiversité, entre autres, sont les défis auxquels les agriculteurs sénégalais sont confrontés. Face aux changements climatiques et les effets nocifs de l’agriculture intensive sur la santé, l’urgence d’accélérer la transition agro-écologique, qui s’impose comme unique alternative, s’est posée avec acuité.
Ainsi, État, acteurs et société civile ont pris conscience de la nécessité de produire différemment pour, à la fois, satisfaire aux besoins alimentaires et économiques tout en restaurant et préservant l’environnement. Un changement de paradigme qui a commencé à porter ses fruits à petite échelle au Sénégal grâce à la DyTAES et ses équivalents locaux : les Dynamiques pour une Transition Agroécologique Locale (DyTAEL). En effet, 5 ans après le lancement de cette initiative, neuf (9) DyTAEL, symboles de la territorialisation de l’agroécologie au Sénégal, ont vu le jour avec des niveaux de maturation différents mais pour un impact réel sur le quotidien des différents acteurs locaux.
Elles ont toutes été créées par les acteurs locaux, eux-mêmes, avec l’accompagnement des membres de la DyTAES et impliquent : ONG, entreprises, écoles de formation, organisations paysannes, élus, services techniques, institutions de recherches, associations de consommateurs etc.
L’engagement des nouvelles autorités
Présidant la cérémonie d’ouverture des journées de célébration des 5ans de la Dyteas sous la houlette de Enda Pronat et de la Cicodev, le ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, Mabouba Diagne s’est engagé à accompagner l’initiative qui cadre avec la Vision Sénégal 2050. « C’est un devoir pour moi d’être ici. Parmi les trois piliers de notre Plan stratégiques de souveraineté alimentaire, il y a les coopératives agricoles communautaires. Celles-ci ne sont rien d’autres que des fermes agroécologiques », souligne-t-il d’emblée.
« Les changements climatiques et leurs impacts nous poussent à changer de comportements et à changer de stratégie. Cette cérémonie n’est pas seulement un moment de célébration mais un jalon dans notre parcours collectif vers un modèle agricole plus respectueux de l’environnement et du bien-être de nos communautés rurales. Nous nous engageons à soutenir, avec nos moyens et nos carnets d’adresses, l’initiative Dytaes. Dans la vision 2050 présenté par le Président de la République, l’agriculture et l’élevage basés sur les principes d’économie circulaire et de développement durable qui sont parfaitement alignés avec les principes de l’agroécologie seront les fondements », ajoute le ministre qui croit « fermement » que l’agriculture agroécologique est la seule alternative capable de « nourrir nos populations tout en préservant notre environnement ».
En guise de cadeau pour la cinquième bougie de la Dytaes, le ministre de l’agriculture a annoncé l’ambition de l’État « d’installer des usines d’engrais organiques dans les 46 départements » afin de les rendre plus accessibles. L’autorité est convaincue que le Sénégal dispose de tous les matières nécessaires à la production d’engrais organiques en abondance. « Si vous prenez du fumier de poulet combiné à la bouse de vache, de la coque d’arachide et la balle de riz…vous avez tous les ingrédients pour produire de l’engrais organique. Par exemple à Dakar on a les abattoirs de la Sogas, les abattoirs avicoles, avec la production de balle de riz dans la vallée et de coques d’arachide dans le bassin arachidier, on a assez de matériaux pour produire des engrais organiques qui répondent aux bases de l’agroécologie », confie-t-il réaffirmant son engagement à accompagner les acteurs de la Dytaes.