Le lancement du Plan Diomaye pour la Casamance constitue une initiative prometteuse pour accompagner le retour des déplacés et consolider les efforts de réconciliation dans une région profondément marquée par des décennies de conflit. Dans ce contexte, l’appel de l’Organisation Nationale d’Assistance Juridique et Judiciaire (ONA2J) attire l’attention sur une problématique essentielle et urgente : la situation des prisonniers incarcérés pour des accusations liées au conflit casamançais.
En effet, de nombreuses personnes ont été arrêtées dans des villages qualifiés de zones rouges, puis détenues pendant des années sans procès. Certaines sont en détention provisoire depuis plus de trois ans, en violation flagrante des droits fondamentaux. Les récents transferts de ces détenus de la prison de Reubeuss à la Maison d’Arrêt et de Correction (MAC) de Ziguinchor, bien qu’ayant permis de les rapprocher de leurs familles, n’ont pas permis de résoudre leur situation. Après plus de quatre mois depuis ce transfert, ces prisonniers attendent toujours d’être jugés ou libérés.
Cette situation, au-delà de son injustice manifeste, constitue un frein majeur à la paix et à la réconciliation. Une réconciliation durable ne saurait se construire sans des gestes forts et concrets, tels que la libération des détenus injustement incarcérés et la tenue de procès équitables pour les autres. La prolongation de ces incarcérations sans jugement nourrit les frustrations et compromet les efforts en faveur d’une paix véritable.
Face à ces défis, l’ONA2J appelle à l’organisation d’un dialogue inclusif, réunissant les autorités sénégalaises, les acteurs de la paix, la société civile et les communautés locales, afin de trouver des solutions justes et durables. Ce dialogue doit aborder, entre autres, la situation des détenus, mais également poser les bases d’une justice réparatrice capable de restaurer la confiance entre les parties concernées.
Le Plan Diomaye représente une opportunité unique d’aller au-delà des simples mesures de retour des déplacés. Il peut devenir un levier pour démontrer un engagement ferme envers une paix véritable, fondée sur la justice, la dignité humaine et la reconnaissance des souffrances passées. En intégrant des mesures concrètes pour résoudre la question des détenus, cette initiative pourrait devenir un symbole fort de réconciliation et d’unité en Casamance.
Fait à Ziguinchor, le 13/01/2025
Pour l’Organisation Nationale d’Assistance Juridique et Judiciaire (ONA2J)