Sonko et la DPG telle qu’il en rêvait (Par Momar DIONGUE)

par Socé NDIAYE

Les détracteurs d’Ousmane Sonko ont beau épiloguer sur ses choix, mettant en doute leur justesse ou leur efficacité, les faits finissent toujours par lui donner raison.

Pour rappel, sa grève de la faim était loin de faire l’unanimité. Bien qu’il ait décidé d’y recourir pour résister aux assauts répétés du régime de Macky Sall, beaucoup avaient désapprouvé cette option, estimant qu’elle était « suicidaire ». Elle fera pourtant échec à l’entreprise de liquidation politique dont il était l’objet et lui permettra de poursuivre son combat.

D’autres avaient douté de la pertinence du choix de Bassirou Diomaye Faye comme candidat du « Projet » au scrutin présidentiel. Au final, il sera élu dès le premier tour ; une première dans notre histoire politique pour un candidat de l’opposition. Et là aussi, le choix d’Ousmane Sonko s’est révélé concluant au grand étonnement des plus sceptiques.
Comme si cela ne suffisait pas, l’incroyable vista du leader de Pastef s’est encore manifestée aux législatives du 17 novembre dernier.

Alors que les acteurs politiques, les observateurs et autres analystes s’étaient tous accordés sur le fait qu’aucun parti ne pouvait plus gagner des élections en solitaire, seul Ousmane Sonko a osé ramer à contre-courant de ce qui était presque une parole d’évangile, voire un dogme.

Avec un total de 130 députés sur 165, élus sous la bannière de Pastef « Les Patriotes » aux législatives anticipées, il signa une razzia que personne d’autre que lui ne pouvait imaginer.
Ceux qui le prennent pour un iconoclaste aux options douteuses, ont donc tout faux. Car, à la fin, c’est toujours Sonko qui gagne !

Pareil pour l’exercice qui l’amène à se présenter aujourd’hui devant la représentation nationale pour sa Déclaration de politique générale. Une question qui a longtemps alimenté une grosse polémique, faisant couler beaucoup d’encre et de salive pendant plusieurs semaines.
On l’a accusé d’avoir manqué de respect à l’institution parlementaire, d’avoir offensé les députés et de s’être soustrait à une obligation constitutionnelle en tant que Premier ministre.
Seulement voilà, l’argument invoqué par Ousmane Sonko pour ne pas se prêter à l’exercice, était tout simplement implacable. A savoir, l’absence dans le Règlement intérieur de l’Assemblée des dispositions relatives au Premier ministre et fixant les conditions de son passage devant les députés pour sa Dpg.

La faute aux humeurs changeantes de Macky Sall qui avait fait supprimer le poste de Premier ministre avant de vite rétropédaler. Il lui a suffi en effet moins de deux ans pour le faire voter à nouveau en procédure d’urgence. Sauf que sa majorité mécanique se montra tellement pressée de satisfaire ses desiderata qu’elle en avait oublié de réinsérer les dispositions relatives au Chef du Gouvernement dans le Règlement intérieur.

C’est donc le plus normalement du monde que Sonko refusa de se présenter devant l’hémicycle, d’autant qu’il lui était manifestement hostile. « Le grand secret de la politique, disait Alexandre Dumas, est dans ces deux mots : savoir attendre ».
Sonko l’a si bien fait qu’il se présente aujourd’hui devant une Assemblée largement acquise à sa cause et où sa Déclaration de politique générale sera, en définitive, la consécration de son long combat contre le « système ».

«Tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais », comme disait l’autre ! Visiblement, Sonko a su en faire une règle d’or, en plus d’une démarche qui aura été très cohérente du début à la fin.
Le 14 octobre 2024, il présente officiellement l’Agenda National de Transformation en compagnie du Président Bassirou Diomaye Faye. Dans la foulée, il mène une campagne remarquable autour des huit pôles territoires consacrés par ce référentiel « Sénégal 2050 ». Une campagne rondement menée que c’est finalement sans surprise que la liste Pastef « Les Patriotes » sera plébiscitée au soir des législatives du 17 novembre 2024.

La victoire a été en tout cas si écrasante qu’Ousmane Sonko peut se présenter allègrement devant cette nouvelle Assemblée en cohérence avec la volonté de rupture exprimée par les Sénégalais et dont il est le principal garant.
Certainement qu’en s’adressant ce matin aux députés, il se rappellera la période où ses prises de parole étaient régulièrement chahutées, voire boudées par la majorité acquise à Macky Sall.
Ce sera tout le contraire avec ce qui l’attend en cette journée historique. Il sera écouté, entendu et acclamé par une majorité de députés qui croient en son Projet et épousent sa vision. En somme, il aura droit à une Dpg telle qu’il en a toujours rêvé.

Morale de l’histoire : c’est aujourd’hui qu’il savoure réellement sa victoire contre un système qu’il aura combattu avec audace, courage et clairvoyance. Sacré Ousmane Sonko !

Momar DIONGUE, Directeur Général de l’Agence de presse sénégalaise (APS)

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