Près de 30 % de nos compatriotes vivant en milieu urbain et 48 % en milieu rural n’ont toujours pas accès à des services d’assainissement adéquats. Plus de 12 % sont contraints de faire leurs besoins à l’air libre, une situation qui porte atteinte à leur santé et à leur dignité.
Des chiffres au vécu, la réalité reste immuable. Elle a le visage et la voix de la jeune Ndèye Amy, porte-voix de toute une génération de jeunes filles contrariées par l’absence d’installations conformes à leurs besoins en période de menstrues. Appel lancé sous le chaud soleil avec la voix du cœur. La réalité a les jambes de deux jeunes hommes à mobilité réduite clamant leur désir de bien-être parmi la troupe encadrée par l’enseignante Joséphine. Enfin, dans l’humour du comédien Nokhite, coule la vérité dans un superbe one man show qui donne la parole à un coin a priori sans âme, les toilettes. Et c’est leur journée !
J’ai regardé et écouté la voix profonde de mes compatriotes ce samedi 14 décembre 2024, en présidant la Journée mondiale des toilettes dans la commune de Colobane, située dans le département de Gossas. Je réaffirme l’engagement résolu du Gouvernement à prendre ce défi à bras le corps pour le résoudre. Mais il est essentiel de comprendre que l’action du gouvernement et de ses partenaires, bien qu’indispensable, ne suffira pas. Il est impératif que les collectivités territoriales, la société civile, le secteur privé, les autorités religieuses et coutumières, ainsi que les associations citoyennes, s’impliquent pleinement.
Mon engagement est clair : d’ici 2030, lorsque la communauté internationale dressera le bilan des Objectifs de Développement Durable (ODD) et dressera la liste des pays ayant atteint l’accès universel à l’eau et à l’assainissement, le Sénégal doit être cité en tête de ceux ayant dépassé les attentes.
Les efforts que nous déployons aujourd’hui, sans relâche, sont la garantie des résultats de demain.
Tout à l’heure, un homme âgé du village de Khayane m’a confié que, avant la construction de la latrine réalisée par la Direction de l’Assainissement, en partenariat avec la commune de Colobane, sa famille et lui étaient contraints d’aller dans la brousse pour satisfaire leurs besoins naturels. Ce témoignage m’a rappelé qu’aucun effort n’est jamais trop grand pour améliorer les conditions de vie de nos compatriotes. Les mêmes efforts seront aussi déployés dans les lieux publics, notamment les écoles, en collaboration avec mon collègue en charge de l’Education nationale, pour construire des latrines adaptées, sensibles au genre et accessibles aux élèves à mobilité réduite. Les modèles mis au point par la Direction de l’Assainissement seront étendus et généralisés. Il est inacceptable que des écolières soient contraintes de s’absenter de l’école lors de leurs menstruations faute d’infrastructures adaptées ; ce phénomène doit être éradiqué. Ces modèles intègrent déjà les personnes à mobilité réduite.
Pour conclure, je tiens à partager la sagesse du comédien Niokhite, qui a, avec brio, résumé en wolof toute la signification de cette journée. Il a dit : « Avant, on parlait de Dem All… ensuite de Dem Ganaw Kër… aujourd’hui, on parle de Dem Wanak dans la maison ou dans nos chambres, où l’on appelle cela salle de bain ». Ces mots illustrent parfaitement le caractère fondamental et naturel de ce besoin, ainsi que son importance dans nos vies quotidiennes.
©️ | Cheikh Tidiane DIEYE