LE MONDE DÉNONCE L’AVEUGLEMENT FRANÇAIS EN AFRIQUE

par pierre Dieme

La France vient d’essuyer un double revers diplomatique majeur en Afrique, révélateur des limites de sa stratégie sur le continent. Comme le rappelle l’éditorial du Monde du 2 décembre 2024, le Tchad et le Sénégal ont simultanément signifié leur volonté de mettre fin à la présence militaire française sur leur territoire, marquant ainsi un tournant historique dans les relations franco-africaines.

D’après le quotidien français, la coïncidence des annonces est particulièrement significative. Le Tchad a rompu son accord de défense avec la France le 28 novembre, tandis que le Sénégal exprimait sa volonté de voir partir les militaires français. Le Monde souligne que les deux pays invoquent des motivations similaires, citant notamment les autorités tchadiennes qui souhaitent « affirmer leur souveraineté pleine et entière », faisant écho aux propos du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye qui s’interroge : « Pourquoi faudrait-il des soldats français au Sénégal ? Cela ne correspond pas à notre conception de la souveraineté et de l’indépendance. »

L’éditorial du Monde pointe particulièrement les défaillances de la stratégie française. Le journal met en cause « la politique de petits pas peu lisible d’Emmanuel Macron » et son incapacité à « tirer les enseignements de cette mondialisation du continent. » Le quotidien du soir souligne que la France « s’est trop longtemps sentie ‘chez elle' » dans ses anciennes colonies, négligeant l’émergence de nouvelles influences, qu’elles soient « américaine, russe, chinoise, turque, saoudienne ou israélienne. »

La critique du Monde envers l’exécutif français est particulièrement sévère concernant sa gestion récente de la situation. Le journal relève que plutôt que d’opter pour « la perspective claire de retrait négocié qu’impose la situation », le président Macron a choisi de « gagner du temps » en nommant un envoyé personnel, Jean-Marie Bockel, dont le rapport, qualifié de confidentiel, vient d’être « largement balayé par les décisions de Dakar et de N’Djamena. »

Le quotidien conclut son analyse en formulant un avertissement clair : l’exécutif français doit désormais « gagner en clairvoyance, en clarté et en cohérence », sous peine de continuer à avoir « un temps de retard sur les réalités africaines » et de voir son influence décliner au profit des nouveaux acteurs qualifiés de « prédateurs du continent. »

Ce double revers diplomatique apparaît d’autant plus significatif qu’il concerne deux pays aux profils très différents : le Tchad, décrit par Le Monde comme « un régime militaire autoritaire », et le Sénégal, présenté comme « une démocratie dirigée par un duo panafricaniste ‘antisystème’. » Cette convergence, malgré des modes de gouvernement distincts, souligne l’ampleur du défi auquel la France doit désormais faire face dans sa politique africaine.

You may also like

Web TV

Articles récentes

@2024 – tous droit réserver.