UNE ASSEMBLÉE DE RUPTURE

par pierre Dieme

Le Pastef, parti du président Bassirou Diomaye Faye, sort largement victorieux des élections législatives anticipées du 17 novembre, remportant « au minimum 40 départements » selon Amadou Ba, tête de liste à Thiès  aux législatives, interrogé mardi sur TFM.

Dans un long entretien, M. Ba a détaillé les priorités de la nouvelle majorité parlementaire, plaçant l’économie au cœur des préoccupations. « L’urgence, ce sont les questions économiques, la prospérité, le bien-être des Sénégalais », a-t-il souligné, rappelant que le pays fait face à un taux de chômage de 22% et que 34,4% des jeunes sont sans activité.

Concernant la stratégie économique, le représentant du Pastef a mis l’accent sur plusieurs leviers : « Il y a beaucoup de niches fiscales qui peuvent alimenter le budget, beaucoup d’amnisties fiscales injustifiées à supprimer. » Il a également évoqué la mobilisation de l’épargne nationale et de la diaspora comme sources de financement.

Sur la question sensible de la loi d’amnistie, M. Ba a apporté d’importantes précisions : « Il n’y a pas d’amnistie possible pour les crimes et délits qualifiés de crimes contre l’humanité selon le statut de la Cour pénale internationale. » Il a rappelé que « le Sénégal a des procédures en cours contre les anciennes autorités auprès de la CPI. »

Concernant la reddition des comptes, autre promesse phare du Pastef, le responsable politique assure qu’elle sera effective « avant la fin du mandat » mais précise qu’elle se fera « dans le strict respect du code de procédure pénale. »

Le premier grand chantier de cette nouvelle assemblée sera le vote du budget avant la fin de l’année. M. Ba s’est dit confiant quant à son adoption rapide, appelant l’opposition à comprendre « l’urgence et la nécessité » de ce vote.

S’agissant des réformes institutionnelles, il a insisté sur la nécessité de « diminuer les prérogatives du président de la République » tout en soulignant que ce n’était pas la priorité immédiate face aux défis économiques.

Pour le fonctionnement de l’Assemblée nationale, M. Ba promet une rupture avec les pratiques passées : « L’Assemblée nationale n’a jamais pu jouer son rôle, en dépit des compétences qui lui sont dévolues par la Constitution. C’était quasiment une annexe politique du pouvoir. »

Cette large victoire donne au président Faye « toutes les cartes en main pour appliquer la transformation systémique du pays », selon M. Ba, qui voit dans ce résultat un signal fort de la population en faveur de la stabilité politique, « premier critère pour le développement économique. »

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