La campagne électorale des Législatives anticipées a enregistré ses premières scènes de violence, dimanche 27 octobre, avec l’attaque du convoi d’ Abass Fall, la tête de liste à Dakar du parti au pouvoir, Pastef, et l’incendie du siège de la plateforme Taxawu Sénégal qui fait également office de quartier général de la coalition Sàmm Sa Kàddu. Ces scènes de violences interviennent après l’appel à « éviter les dérives dans les discours et les actes », lancé par le président de la République Bassirou Diomaye Faye aux acteurs politiques lors d’une déclaration de presse effectuée le vendredi 25 octobre dernier.
Un coup d’épée dans l’eau ! C’est ainsi qu’on est tenté de qualifier l’appel «à faire preuve de responsabilité, de retenue et de modération et à éviter les dérives dans leurs discours et leurs actes », lancé par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye aux acteurs lors de sa déclaration de presse tenue le vendredi 25 octobre dernier, veille de l’ouverture de la campagne électorale pour les législatives anticipées du 17 novembre prochain. Et pour cause, quelques heures à peine après son démarrage, le dimanche 27 octobre, la campagne électorale a déjà enregistré ses premières scènes de violence sur le terrain à Dakar. Le convoi de Abass Fall, tête de liste départementale du parti au pouvoir, Pastef, a été attaqué par un groupe d’individus à hauteur de l’intersection de la boulangerie jaune, sise à SacréCœur dans la commune de Mermoz Sacré cœur, bastion de l’actuel maire de Dakar.
Dans un communiqué rendu public quelques heures après cet incident, le maire de la commune des Parcelles assainies, Ababacar Djamil Sané, par ailleurs responsable de la Coordination électorale départementale de Pastef a fait état de plusieurs blessés dans leurs rangs avant d’attribuer cette attaque aux partisans du maire de Dakar, Barthélémy Toye Dias, également tête de liste de la coalition Samm Sa Kaddu. « Cette attaque a fait de nombreux blessés, parmi lesquels sept (07) qui ont dû recevoir des soins urgents prodigués par notre équipe médicale ».
ABASS FALL APPELLE À LA VENGEANCE AVANT DE FAIRE SON MEA CULPA
Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, la tête de liste départementale du parti au pouvoir, Abass Fall, décrète la loi du Talion. Réagissant sur cette attaque, il s’est engagé à prendre en charge tous les frais médicaux des blessés mais aussi de rembourser toutes les victimes de vol et ceux dont les véhicules ont été endommagés. Loin de s’en tenir là, il a également promis vengeance à ses partisans à qui il a d’ailleurs demandé de venir le lendemain (lundi- ndlr) avec toutes les armes dont ils disposaient. « On n’est pas des poltrons. On va se venger. On va se venger par la force », a-t-il promis tout en disant mettre le ministre de l’Intérieur devant ses responsabilités.
Ne laissez derrière vous aucune arme, venez avec toutes vos armes : couteaux, machettes et consorts. Je mets le ministre de l’Intérieur devant ses responsabilités. C’est nous qui sécurisons nos convois. Nous sommes en campagne électorale, il y a une immunité totale, c’est pourquoi ils se comportent ainsi. Les textes disent qu’en campagne électorale, si tu tues quelqu’un ou si tu le blesses, tu es couvert par une immunité. C’est ce qu’ils savent, c’est pourquoi ils se permettent de se comporter ainsi. On ne va pas se laisser attaquer. Qui s’y frotte s’y pique », a-t-il prévenu.
« CEUX QUI ME CONNAISSENT SAVENT QUE JE NE SUIS PAS UN HOMME VIOLENT »
Cependant, dans une autre vidéo partagée hier, au lendemain de cette attaque de son convoi, Abass Fall semble revenir à de meilleurs sentiments. Et pour cause, sur un ton beaucoup plus posé, il a attribué ses propos très controversés à la colère provoqué par la violence de l’attaque dont il a été victime. « Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas un homme violent. C’est le cœur qui a parlé… Je regrette ses propos pour mes sympathisants, pour ceux qui m’aiment et m’adorent. Je lance cet appel au ministère de l’Intérieur qui a la responsabilité de gérer la sécurité des Sénégalais. Il avait interdit l’usage des armes à feu et hier, certains avaient fait usage d’armes à feu. J’ai l’humilité de dire aux Sénégalais et aux Dakarois qui nous soutiennent que cet épisode est derrière nous ».
LE SIÈGE DE TAXAWU SÉNÉGAL, ÉTAT-MAJOR DE LA COALITION SÀMM SA KÀDDU INCENDIÉ
La violence qui s’est invitée dans cette première journée de la campagne électorale ne s’est pas arrêtée avec cette attaque du convoi de la tête de liste départementale du parti au pouvoir, Pastef, Abass Fall. Tard, dans la nuit du dimanche à lundi, un autre groupe d’individus filmés par les caméras de surveillance du siège Taxawu de la plateforme Taxawu Sénégal qui fait également office de quartier général de la coalition Sàmm Sa Kàddu, a attaqué et mis le feu dans le bâtiment causant d’importants dégâts matériels malgré l’intervention rapide des éléments des sapeurs-pompiers. Dans un communiqué rendu public hier, lundi, la conférence des leaders de la coalition « Sámm Sa Káddu » a évalué à plusieurs dizaines de millions de francs CFA les dégâts causés par cette attaque.
KHALIFA SALL DÉNONCE UN «ACTE D’UNE GRAVITÉ EXTRÊME» ET ANNONCE UNE PLAINTE
En déplacement sur les lieux pour s’enquérir de la situation globale, l’ancien maire de Dakar et leader de la plateforme Taxawu Sénégal, Khalifa Ababacar Sall, a dénoncé « un acte d’une gravité extrême». Affirmant que le « bâtiment a été attaqué à l’aide de cocktails Molotov, par un groupe armé, alors que des personnes s’y trouvaient endormies », l’ancien candidat malheureux à la dernière présidentielle qui s’est empressé de préciser que « grâce à Dieu, aucun décès n’est à déplorer» a cependant annoncé sa décision de saisir la justice. « J’ai toujours aspiré à une campagne sereine et apaisée, où le débat d’idées serait au cœur des échanges. Cependant, il semble que cette aspiration ait été jugée excessive par certains acteurs politiques. Compte tenu de la gravité des faits, j’ai pris la décision de porter plainte, afin que toute la lumière soit apportée sur cette affaire » a-t-il annoncé tout en lançant un appel à tous les acteurs « pour davantage de responsabilité, de retenue et à privilégier la confrontation des idées plutôt que le recours à la violence ».