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LE BAROUD D’HONNEUR DE MACKY SALL

par pierre Dieme
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L’ancien président Macky Sall a fait un retour inattendu sur la scène politique nationale, sept mois seulement après avoir quitté le pouvoir. Une enquête de Jeune Afrique, publiée ce jour, lève le voile sur les dessous de ce come-back qui bouscule l’échiquier politique sénégalais à quelques semaines des législatives du 17 novembre.

Celui qui déclare pourtant à Jeune Afrique (JA) en novembre 2023 vouloir « se retirer complètement de la vie politique » comme Abdou Diouf, prend aujourd’hui la tête d’une nouvelle coalition d’opposition au régime de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko. Après son départ du pouvoir le 2 avril, Macky Sall avait choisi de s’établir à Marrakech, rompant avec la tradition de ses précurseurs qui privilégiaient la France. Dans sa nouvelle vie marocaine, il recevait peu de visiteurs de son ancien parti l’Alliance pour la République (APR), à l’exception de quelques fidèles comme ses conseillers Yoro Dia ou Abdoul Aziz Mbaye.

Sa reconversion semblait tout tracée : nommé envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète sur proposition d’Emmanuel Macron, il multipliait les déplacements internationaux. De Paris à New York, il documentait ses rencontres sur les réseaux sociaux, posant notamment aux côtés d’António Guterres, secrétaire général de l’ONU. Il a passé même plusieurs semaines à Salt Lake City pour perfectionner son anglais.

Mais derrière cette apparente retraite, l’ancien chef de l’État gardait un œil sur la situation politique nationale. Selon Jeune Afrique, il maintenait le contact avec ses députés via des visioconférences, alors que ceux-ci se faisaient « malmener par les nouveaux maîtres du pays ».

La multiplication des attaques contre son bilan a accéléré son retour. « C’est un homme d’honneur. Si les gens s’obstinent à vouloir salir son nom et sa réputation, il est capable d’abandonner une carrière internationale pour venir se réhabiliter », explique au magazine Abdou Karim Fofana, son ancien ministre du Commerce.

L’incident de Casablanca a marqué un tournant. Le 7 octobre, une altercation à l’aéroport avec une ressortissante sénégalaise, suivie d’une intervention du nouveau gouvernement en faveur de cette dernière, a visiblement été la goutte d’eau. Le jour même, Macky Sall annonce sa « mise en retrait » de son poste d’envoyé spécial des 4P.

Une alliance stratégique avec le PDS

Pour son retour, Macky Sall a réussi un coup politique majeur en s’alliant avec le PDS, son adversaire historique. Cette alliance, explique JA, « vient concrétiser un vieux rêve d’Abdoulaye Wade : réunir à nouveau les membres dispersés de la famille libérale, dont il fut le fondateur ».

Les négociations se seraient accélérées après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale le 12 septembre. « Une élection n’est jamais gagnée d’avance, mais du point de vue du potentiel et de l’ancrage de la coalition, nous pouvons tirer notre outil du jeu », confie au magazine un ancien député proche du dossier.

Cependant, ce retour n’est pas sans embûches. La confection des listes électorales a créé des tensions au sein de la coalition. « Bien souvent, les derniers arbitrages de Macky Sall ne respectent pas ce qui a été arrêté en commission », déplore un candidat de Takku Wallu dans les colonnes de Jeune Afrique.

Un proche d’Idrissa Seck est encore plus critique : « L’APR a voulu tout pour elle toute seule. Les candidats de Macky Sall sont de hauts responsables, d’anciens ministres… Ils avaient la belle vie, ils ne veulent pas redescendre et renoncer à leur statut. S’ils ne vont pas à l’Assemblée, ils seront au chômage ».

Une question cruciale demeure : comment influencer le scrutin sans retour physique au Sénégal ? Car selon les informations de Jeune Afrique, malgré des promesses initiales faites à certains responsables, plusieurs membres de son entourage affirment qu’un retour au pays n’est plus d’actualité.

Les enjeux dépassent la simple bataille électorale. « Macky Sall veut être en situation de se défendre », confie un observateur politique au magazine, évoquant un « enjeu d’immunité parlementaire ». Une dimension qui pourrait expliquer l’empressement de l’ancien président à revenir dans l’arène politique, alors que plusieurs de ses anciens collaborateurs font l’objet de poursuites judiciaires.

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