Vous m’avez offert l’opportunité de me tenir aux côtés d’un peuple droit, qui face aux balles avançait, donnant au monde, une leçon de dignité et de souveraineté.
Vous m’avez invité à me tenir aux côtés d’êtres qui, refusant la misère, ont choisi la gloire.
De soixante martyrs, et des milliers d’hommes et de femmes qui défiaient la mort et la terreur par phobie de la servilité et goût d’une gloire depuis trop longtemps abandonnée.
Des êtres qui n’avaient que faire des miettes qu’on leur proposait.
Ce peuple a défié l’Histoire, et vaincu la nuit qui s’en approchait. Il a donné une leçon au monde.
Et fait face désormais à d’immenses responsabilités. Car rien n’est fait.
Le temps presse, déjà.
Nous servirons le peuple sénégalais dans la victoire et la défaite. Contre toute forme de trahison, nous demeurerons sans compromissions.
Prêts à tout, comme auprès de tous ceux qui nous l’ont demandé.
Dieu sait où cela nous mènera. Mais Dieu sait que de nouvelles générations, que nous espérons formées, inspirées par cette Geste, prendront de toutes façons le relais.
Ceux qui luttent éprouvent l’âpreté qui retire la capacité à aimer, dégrade et use, jusqu’à évider.
Nous sommes déjà ailleurs, où naissent des luttes qui annoncent le monde. L’Europe, crépusculaire, hésite entre la chute et la renaissance. Nous nous battrons pour qu’elle puisse, révolutionnée, vous accompagner.
Nous avons, encore, beaucoup, à faire. Nous le ferons à vos côtés, si vous le souhaitez. Avec votre protection, vos instruments.
Nous vous encouragerons, sinon, à ne jamais rien concéder.
Car nous n’avons jamais rien exigé, si ce n’est l’intégrité, le courage, la persistance.
La fidélité
J’ai eu l’opportunité, lorsque nous nous sommes vus, d’insister sur la valeur de la parole du Sénégal, sa capacité, sur les affaires du monde à peser.
Ce peuple est grand et digne. Viendra le jour où il pourra, à nouveau, au monde, le démontrer.
Que ses structures traditionnelles soient préservées et renforcées. Que ses alliances historiques soient approfondies. Qu’enfin, sa jeunesse sache où voguer.
Je vous ai vu entouré, couvé, par des êtres qui vous aiment. J’ai vu un peuple qui souhaite croire, qui a espoir. Qui respire, enfin.
Je m’incline face à ces mondes. Je vous dit ma fierté d’avoir été là.
Et ma reconnaissance à tous ceux qui, donnant l’exemple, se sont levés.
Vous qui, dans le silence, avez participé à cette lutte. Arborez avec fierté son souvenir, et affutez les armes que vous avez alors commencé à apprivoiser.
Car les chiens sont nombreux, les vautours n’ont pas été dispersés, et il faudra du temps et du courage pour s’en débarasser.
Puisse le sort nous tenir liés. Puisse le monde se souvenir de ces temps, comme ceux qui virent naître de nouvelles lumières, et non seulement éloigner d’obscurs passés.
Pensées. Et courage.
Car tout ne fait que commencer.
Juan Branco*