« Jub, Jubal, Jubanti» ! C’est le gros chantier du duo Seugn Bass – Oscar Sierra. Plutôt que de leur souhaiter bien du plaisir, il faudra que cette œuvre de salubrité publique soit un acte collectif. Que chacun se l’approprie pour un Sénégal meilleur qui ne marcherait pas sur la tête, mais qui resterait debout avec ses valeurs tout en restant ouvert aux souffles fécondants de l’extérieur. Prendre le meilleur des autres pour ne pas vivre en vase clos dans un monde qui ignore les frontières. L’enchantement de la communauté en dépend. Ce qui ne sera pas aisé dans une société en phase de totale putréfaction et en déliquescence morale et intellectuelle. Quand des adultes qui devraient servir de référentiels à une jeunesse, s’illustrent dans des pratiques plus que pernicieuses, quand les valeurs sont complètement piétinées, déchiquetées et à terre, il faut être bien optimiste pour croire aux chances de réussite de cette entreprise de rédemption voulue par les nouvelles autorités. Ces douze dernières années ont vu ce charmant pays connaitre un bouleversement extraordinaire avec l’avènement des réseaux sociaux à travers certaines plateformes qui ne connaissent point de censure et que les autorités peinent à réguler. Les premières victimes de cette transmutation restent bien entendu une jeunesse abandonnée à son sort et poreuse aux effets pervers venant de l’extérieur. La récente note de service de l’inspection académique de Louga, invitant les responsables des écoles à interdire dans les activités scolaires le « Sabar », un de nos patrimoines culturels, illustre le degré de perversion qui s’est emparé de la société et, par ricochet, de notre jeunesse. L’école, qui devrait être le lieu par excellence d’éducation de nos enfants, en particulier aux valeurs civiques et citoyennes, s’illustre de plus en plus à travers des actes déviants aux antipodes de nos valeurs si malmenées. Des vidéos à caractère pornographique deviennent virales sur les réseaux sociaux. Et jusque dans nos chaumières, à travers quelques séries télévisuelles, l’âme des jeunesse trouve blessée par des paroles et actes pour le moins obscènes. Le langage des tout petits s’en trouve ainsi écorché. Des films, mais également des clips vidéo avec des chanteurs plus vicieux que leurs devanciers. Plutôt que de suggérer, ils dénudent la parole et lui font parler un langage à la limite de la pornographie. Loin des propos énigmatiques d’un Boucounta Ndiaye, le chantre de l’érotisme aux mots certes grivois, mais bien habillés pour ne pas choquer. Tout le contraire de ce que font nos truculents chansonniers qui font voler le verbe dans le seul but de blesser nos âmes déjà si éprouvées par tout ce qui les agresse.
KACCOOR BI – LE TEMOIN