Convocations journalistes – Mamadou Thior: « La question militaire, il faut vraiment que ce soit béton pour… »

par pierre Dieme

« On ne peut pas se réjouir qu’on continue à convoquer des journalistes« , a déclaré le président du Conseil pour l’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie dans les médias au Sénégal (Cored). Invité de l’émission JDD de ce dimanche 02 juin, Mamadou Thior a donné son avis sur les convocations, notées récemment, des directeurs de publication de « La Tribune » et du « Quotidien ».

Mamadou Thior qui rappelle que dans un passé récent, « pour moins que ça, on retenait les gens et c’était le mandat de dépôt automatique« , estime qu’on aurait pu en faire l’économie. « Est-ce qu’ils ont bien fait le travail ? Oui ! Quelque part, on peut dire qu’il y avait quand même des précautions à prendre que ces gens-là n’ont pas prises. Parce que quand on est un directeur de publication, à ce niveau de responsabilité, les questions militaires, on ne dit pas que c’est des questions taboues, mais il faut vraiment en parler avec l’expertise nécessaire« , a soutenu le président du Cored.

Avant de poursuivre : « Et nous ne sommes pas des experts en tant que journalistes, mais nous pouvons aller chercher les gens qui s’y connaissent. Ils peuvent nous édifier. Mais quand vous voulez en parler avec légèreté, vous pouvez tomber tout de suite dans le panneau. Et comme ce sont des questions sensibles, il faut savoir la ligne rouge à ne pas franchir. À beau vouloir donner des informations, il faut savoir que les questions militaires, il faut vraiment que ce soit béton pour en parler« .

« Parce que ce n’est pas pour rien, quand vous regardez notre code de la presse, l’article 5, quand on parle de secret défense, de secret de l’instruction, on vous trace des lignes rouges quand vous parlez de certaines questions… Pour dire que les journalistes, qu’ils soient sénégalais ou d’autres pays, ne sont pas au-dessus des lois, du tout ! Et on nous a fait ce reproche quand il s’agit de défendre la dépénalisation des délits de presse. Vous savez, c’est ça qui a fait même durer notre code de la presse

« , rappelle-t-il.« Le texte a été déposé à l’Assemblée nationale en 2010. C’était du temps du Président Wade. Et pendant deux ans, parce qu’il est parti en 2012, c’est depuis qu’on dit, non, il n’y a pas de question parce que vous, les journalistes, les professionnels des médias de manière générale, vous n’êtes pas au-dessus des lois. Malheureusement, on n’a pas bien communiqué parce qu’on ne leur a pas expliqué où on voulait en venir avec la dépénalisation. C’est sur ces entrefaites, qu’ici au Sénégal, nous avons le Cored. Donc, dès l’instant où on a un cadre pour sanctionner des journalistes, il est superfétatoire quand même de vouloir penser que la prison peut régler le problème« , renchérit-il.

Khalil Kamara

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