Dans cette commune dirigée par l’avocat Moussa Bocar Thiam, la tenue d’une comptabilité normale conforme à la loi est une fiction à laquelle la Cour des comptes demande de mettre un terme. Mais l’ex-ministre dans le dernier gouvernement de l’ancien régime a refusé de répondre aux vérificateurs.
a gestion de la commune de Ourossogui (à plus de 500 km de Dakar au nord) a deux visages pour : désordre et opacité. Il en est ainsi de la comptabilité administrative. Selon la Cour des comptes, « à l’exception des recueils de bordereaux des mandats et d’ordres de recettes, l’Ordonnateur de la commune (…) n’a tenu, durant les gestions controlées, aucun de ces livres comptables. »
En outre, « il a été constaté l’absence d’un nombre important de bordereaux de mandats », ajoute le Rapport définitif 2015-2018. Les vérificateurs font état du manque de plusieurs dizaines de bordereaux : 20 pour la gestion 2015 ; 11 pour la gestion 2016 ; 25 pour la gestion 2017 et 42 bordereaux pour la gestion 2018.
Les mêmes déficiences ont été constatées dans la tenue de la comptabilité des matières qui n’est pas effective dans la commune de Ourossogui, souligne le Rapport. « Même si un comptable des matières a été désigné et une commission de réception instituée, les livres et pièces comptables prévus par la réglementation ne sont pas tenus ».
Avec l’inexistence constatée de carnets de bons de mouvements et de fiches de stock « tenus et signés pour l’entrée et les sorties de matières », « aucun inventaire n’a été effectué à la fin des gestions » pour les 4 années de la revue.
Pour la Cour, « ces situations constituent une violation de l’article 214 du Code général des collectivités territoriales (CGCT) qui prévoit que l’organe exécutif, en l’occurrence le maire, doit tenir une comptabilité des matières dans les conditions fixées par la réglementation en vigueur ».
Concernant la gestion du carburant, la Cour constate que c’est le secrétaire municipal qui en a la charge et non le comptable des matières. Le procédé est le suivant : « à chaque fois que de besoin, les véhicules de la commune se rendent à la station-service pour s’approvisionner en présentant un bon établi par le secrétaire municipal ».
Mais, note le Rapport, « aucun bon ou fiche récapitulative de consommation d’une commande de carburant n’a été remis à l’équipe de vérification ».
A Ourossogui, la dotation mensuelle pour un véhicule de service est 200 litres de carburant pour un parc automobile composé de : 1 tracteur, 2 ambulances, 1 véhicule de service L200 AD-2419 et 1 véhicule de service du maire Toyota AD-11679.
La Cour des comptes juge que la situation qui prévaut à la mairie de Ourossogui « mérite une attention particulière ». L’examen des comptes de gestion révèle en effet une hausse permanente des dépenses de la commune en carburant : 6 millions 999 mille 360 francs FFA en 2015, 11 millions 429 mille 355 francs CFA en 2016 et 13 millions 498 mille 765 francs CFA en 2017.
« L’absence de comptabilité ne permet pas de connaître la destination et la consommation » du carburant payé par la commune.
Le maire snobe la Cour des comptes
Moussa Bocar Thiam, maire de Ourossogui, ex ministre de la Communication, des Télécommunications et de l’Economie numérique jusqu’au départ de Macky Sall au début du mois d’avril 2024, n’a pas daigné répondre aux vérificateurs de la Cour des comptes. Ceux ont tenu á en faire mention dans leur rapport :
« Le présent rapport définitif de contrôle de la gestion de 2015 à 2018 de la commune de Ourossogui a été adopté par la Chambre des Collectivités territoriales de la Cour des Comptes, à l’unanimité, en sa séance du 25 mars 2022, sur le contenu du projet de rapport définitif de Monsieur Ahmadou Lamine KEBE, Conseiller référendaire, compte tenu de l’absence de réponse du Maire de cette collectivité territoriale, Monsieur Moussa Bocar THIAM, aux observations du rapport provisoire dument notifié, avec l’assistance de Maître Ndeye Ndella SARR DIOUF, greffier de la chambre. »