Hier, à Diamniadio, le Président-putchiste a ouvert la grande parade qui doit légitimer son second putsch contre notre Constitution, désavouer le Conseil constitutionnel et mettre à genou notre architecture institutionnelle.
Heureusement il n’eut pas cette grande parade espérée. Elle fut considérablement amoindrie et ses éclats ternis par l’absence de dix-sept candidats sur dix-neuf aux élections présidentielles, par la majorité des candidats recalés, par la majorité des partis politiques et par les organisations les plus représentatives de la société civile.
Dans un scénario bien huilé, le Président-putchiste planta, en français, le décors de la trahison des décisions du Conseil constitutionnel en parlant d’élections « inclusives », avant l’hivernage, laissant ensuite le soin à des invités bien choisis de procéder à l’explicitation de sa pensée à savoir la reprise du processus électoral.
L’arbre à palabre de Diamniadio fut le cadre d’un réquisitoire déloyal et indécent contre notre Constitution et assassin contre le Conseil constitutionnel.
Le Président-putchiste a sciemment oublié son serment de défense de la Constitution et des institutions. Plus les attaques étaient violentes, plus la joie se lisait sur son visage qui s’illuminait.
Heureusement que notre pays compte encore des personnes de valeurs imbues de vérité, d’honneur, de dignité et de sagesse. Le représentant de l’Église catholique en fut un modèle de courage et ses paroles sans équivoque retentirent à mille lieux de Diamniadio. D’autres exprimèrent, à demi-mot, leur souhait de respecter la Constitution et les décisions du Conseil constitutionnel.
Le chronogramme et les objectifs du putsch furent donc dévoilés et sont désormais connus de tout le monde.
Plus rien ne pourra arrêter la machine infernale et diabolique du Président-putschiste que la mobilisation déterminée et inflexible du peuple sénégalais.
Diamniadio fut aussi le lieu où on chercha à faire peur au peuple sénégalais. Des méchants, sans visage, cherchent à s’emparer de notre eldorado et nous empêcher de devenir un paradis pétrolier.
Dans un ton présomptueux, directif et paternaliste, on fit comprendre aux Sénégalais qu’on ne laissera pas ce pays tomber démocratiquement entre certaines mains.
Diamniadio fut le lieu de délivrance de messages antidémocratiques, hors la loi et antirépublicains.
Le Président-putschiste et ses affidés nous firent comprendre tranquillement, froidement que nous n’élirons que le Président qui leur convient et personne d’autre.
Ils useront de tous les moyens pour arriver à leur fin.
Ils ne prendront pas le risque d’attendre la fin du processus électoral dont ils connaissent l’issue fatale. En fait, c’est ici et maintenant, qu’ils planteront leur coup d’État assassin contre nos institutions et notre Constitution, avant qu’il ne soit trop tard pour eux.
Diamniadio fut aussi le lieu des diatribes enflammées contre la communauté et la presse internales.
Le Président putschiste, pas très courageux, en a fait ses choux gras en wolof laissant à ses partisans la tâche du lynchage sans jambage en français.
En définitive, Diamniadio a scellé définitivement le sort du Conseil constitutionnel.
Seuls les moyens et la date de sa mise à mort n’ont pas été dévoilés. Entre l’OFNAC et la création opportuniste d’une Cour constitutionnelle, les guillotines ne manquent pas.
Hier, nous vécûmes un jour triste.
Les rideaux, tenus par les mains du Président putschiste, se ferment lentement, inexorablement sur notre démocratie et notre République.
Désormais nous sommes au temps de la bravoure de s’opposer sans compromission à cette lèpre qui nous oppresse dans notre dignité ou le temps de la compromission, de la lâcheté et de la collaboration à cette infecte trahison nationale.
Dans tous les cas, le jugement des êtres humains, le jugement de l’histoire et le jugement de Dieu tomberont.
Dakar, mardi 27 février 2024
Prof Mary Teuw Niane