Le danger d’un report prolongé des élections

par pierre Dieme

Le professeur agrégé en sciences politiques Maurice Soudieck-Dionne a accordé une interview à RFI ce dimanche au sujet du dialogue national reporté au Sénégal. Selon lui, le refus de participer exprimé par 16 des 19 candidats de l’opposition à la présidentielle est « tout à fait cohérent et logique » compte tenu du contexte.

En effet, le président Macky Sall a appelé les acteurs politiques et sociaux à un dialogue les lundi 28 février et mardi 1er mars, afin de fixer une nouvelle date pour l’élection présidentielle initialement prévue le 24 février. Or, cette date avait dû être reportée suite à l’invalidation, par le Conseil constitutionnel, d’un décret pris à dernière minute par Macky Sall pour modifier les règles du parrainage. Pour Maurice Soudieck-Dionne, « le président est en train de faire du dilatoire » au lieu d’organiser le scrutin dans les délais comme le demande le Conseil constitutionnel.

De plus, le chercheur pointe du doigt le fait que Macky Sall « veut mettre ensemble les 19 candidats qui ont été définitivement retenus par le conseil constitutionnel et ceux qui ont été recalés lors du parrainage alors qu’ils sont au nombre de 44 ». Or, selon la Constitution sénégalaise en son article 92, « les décisions du Conseil constitutionnel sont insusceptibles de recours et s’imposent à toutes les autorités administratives et juridictionnelles et à tous les pouvoirs publics ». Ainsi, en voulant rassembler candidats acceptés et rejetés, le président violerait encore une fois la loi fondamentale.

Maurice Soudieck-Dionne détaille les deux scénarios possibles après le 2 avril, date de fin du mandat de Macky Sall : soit la remise en marche rapide du processus électoral, soit une situation de « président de fait » générant « toutes les incertitudes » pour la paix au Sénégal. Interrogé sur les sujets à l’ordre du jour du dialogue, le professeur affirme que fixer une date consensuelle est « impossible » et que discuter de l’après-mandat de Macky Sall prend un tour particulier si les élections ne sont pas relancées.

Concernant la participation au dialogue, Maurice Soudieck-Dionne précise que « la société civile n’y va pas », tout comme « les 16 candidats ». Macky Sall ne discutera donc principalement qu’avec son propre candidat Amadou Ba et ses soutiens Idrissa Seck et Boun Abdallah Dionne.

Enfin, interrogé sur une date recevable pour le scrutin, l’universitaire estime que « le temps perdu » entre le décret présidentiel et aujourd’hui « doit être comptabilisé » et rajouté aux délais, afin de respecter les principes constitutionnels d’un scrutin avant la fin du mandat de Macky Sall le 2 avril.

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