Je me sens profondément déçu et préoccupé par les récents événements impliquant nos deux anciens présidents , Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Leur récente approbation tacite de cette crise constitutionnel a jeté une ombre sur leur héritage politique et leur engagement envers les valeurs démocratiques. L’histoire politique du Sénégal, riche en récits de luttes pour la démocratie et la transparence, est aujourd’hui assombrie par les actions récentes de ces deux figures politiques.
Abdou Diouf, après avoir exercé le pouvoir pendant 17 ans dans des conditions douteuses, a laissé un héritage politique entaché par des élections aux résultats souvent flous. Son règne a été caractérisé par des pratiques électorales douteuses, avec un Code électoral taillé sur mesure pour garantir sa victoire, au détriment de la démocratie et de la volonté populaire. Son attitude envers l’opposition et son mépris pour les principes républicains ont terni son mandat et ont finalement conduit à son départ du pouvoir lors des élections de 2000.
Quant à Abdoulaye Wade, bien qu’il ait été le premier président démocratiquement élu du Sénégal, son désir de s’accrocher au pouvoir au-delà des limites constitutionnelles a sapé sa propre crédibilité et terni son legs politique. Son recours à des juristes étrangers pour justifier une troisième candidature a été perçu comme une tentative désespérée de contourner la volonté du peuple sénégalais. Malgré les manifestations et les critiques, Wade a persisté dans sa quête de pouvoir, érodant ainsi la confiance du peuple sénégalais en ses institutions démocratiques.
Maintenant, en acceptant de soutenir le prolongement du mandat de Macky Sall, Diouf et Wade semblent trahir les idéaux pour lesquels ils prétendaient avoir lutté. Leur silence sur les abus du pouvoir actuel en dit long sur leur propre opportunisme politique et leur manque de principes. En cherchant à légitimer un pouvoir contesté et en fermant les yeux sur les atteintes à la démocratie, ils compromettent gravement l’intégrité du processus démocratique au Sénégal.
Il est important de rappeler que l’élection démocratique d’un dirigeant ne garantit pas automatiquement le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques. Comme l’histoire l’a cruellement démontré, même les dirigeants élus démocratiquement peuvent se laisser emporter par le pouvoir et trahir les valeurs fondamentales sur lesquelles repose une société libre et équitable.
En cette période critique pour la démocratie sénégalaise, je ressens le besoin urgent de réaffirmer notre engagement envers les principes de transparence, de responsabilité et de respect des droits fondamentaux. Les actions de Diouf et Wade nous rappellent la fragilité de la démocratie et la nécessité d’une vigilance constante pour protéger les acquis démocratiques durement obtenus. Les leçons du passé doivent nous guider alors que nous nous efforçons de construire un avenir où la volonté du peuple prévaut toujours sur les ambitions individuelles des politiciens. Santati !
SARA JUPITER