La récente décision du président Macky Sall de suspendre l’élection présidentielle prévue le 25 février au Sénégal suscite des inquiétudes quant à l’avenir du modèle démocratique du pays. Cette suspension intervient dans un contexte de manœuvres politiques controversées, mettant en lumière des enjeux cruciaux pour la stabilité politique sénégalaise.
La volonté de Macky Sall et les défis d’Amadou Ba
Macky Sall, après avoir annoncé en juillet 2023 qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, a pris la décision de suspendre le scrutin présidentiel. Cette suspension est perçue comme une tentative de faire élire son dauphin, Amadou Ba, malgré des signes de mécontentement au sein de la coalition présidentielle. Amadou Ba, bien que reconnu pour ses compétences administratives, semble manquer du charisme nécessaire pour rallier un large soutien populaire.
L’influence française et les risques d’ingérence
La France, en accueillant Amadou Ba de manière chaleureuse lors d’un séminaire franco-sénégalais à la fin de l’année 2023, a été accusée d’ingérence. Les images du Premier ministre sénégalais-candidat aux côtés de son homologue français ont alimenté les critiques, alimentant ainsi les thèses d’adoubement et d’ingérence. Cette démarche française, dans un contexte pré-électoral tendu, souligne les défis de compréhension des subtilités de la politique africaine.
Le rôle de l’armée et les tensions croissantes
À dix semaines du scrutin, les tensions politiques au Sénégal sont exacerbées par la volonté de Macky Sall d’imposer son successeur. Les récents remaniements au sein de l’armée, marqués par le départ du chef d’état-major Cheikh Wade, soulignent l’importance stratégique des forces militaires dans ce contexte. Les scènes de manifestants fraternisant avec des soldats posent des questions sur la stabilité future du pays.
Le risque d’une crise post-électorale
La tentative de Macky Sall de garantir un successeur loyal pourrait se retourner contre lui, mettant le pays sur la voie d’une crise post-électorale. Les décisions contestées, telles que la dissolution du Parti des patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF) et le limogeage de membres de la Commission électorale nationale autonome (CENA), soulignent le climat politique incertain.
Conclusion
La suspension de la présidentielle au Sénégal plonge le pays dans une période d’incertitude politique. Les enjeux liés à la succession présidentielle, les allégations d’ingérence étrangère et les tensions croissantes avec l’armée soulignent les défis majeurs auxquels le Sénégal est confronté. La voie vers le 25 février demeure entourée d’interrogations, laissant craindre une crise post-électorale et laissant le pays dans une situation inédite.