L’abstention est le premier vainqueur des élections de représentativité syndicales qui se sont déroulées le 12 décembre 2023 au Sénégal. Le taux de participation du scrutin a tourné autour de 29,1%. Moins d’un travailleur inscrit dans les listes sur trois est allé voter. Sur un total d’inscrits de 316.950 inscrits, les votants ont tourné autour de 92.350. Outre l’abstention, l’enseignement principal à tirer de ce scrutin, c’est que, malgré sa victoire, la CNTS de Mody Guiro enregistre un recul important en termes de suffrages, souligne le journal Le Témoin.
En 2017, la CNTS avait obtenu un taux de 36,51%. En 2023, elle est retombée à 23,53%. Une chute qui s’explique par plusieurs raisons selon les spécialistes du monde du travail. D’abord en dehors du syndicat des médecins, le Sames, qui l’avait rejointe il y a quatre ans, la CNTS n’a pas eu la chance de recruter des syndicats de base pour l’élection de 2023.
Ce contrairement à la 1ère élection de 2011 où elle avait pu enrôler le SELS (Syndicat de l’enseignement libre du Sénégal) de Souleymane Diallo. Un syndicat qui dispose de gros bataillons. Ensuite, la CNTS a perdu des bastions traditionnels dans les industries alimentaires comme la Soboa, Patisen, les Ets Noujaim frères. Elle a aussi reculé au sein du monde ouvrier des entreprises privées alors qu’aussi feu Madia Diop que l’actuel secrétaire général Mody Guiro, un produit des ICS, viennent tous du
monde ouvrier.
Montée en puissance de l’Unsas et de la CNTS-FC, entrée en force de la FGTS
Les autres enseignements à tirer du scrutin du mardi 12 décembre dernier, ce sont les montées en puissance de l’Unsas et de la Cnts/Fc, cette dernière étant une dissidence de la centrale historique de la participation responsable. La centrale dirigée par Mademba Sock se positionnée en deuxième position. En 2017, elle avait obtenu 19,94% des suffrages. En 2023, elle atteint 21,44, note Le Témoin.
Une performance qui, selon nos confrères, s’explique grandement par l’appui du puissant syndicat de base qu’est le Cusems (Cadre unitaire des syndicats du Moyen-Secondaire). Autre centrale qui réalise un grand bond en avant, la
Cnts-FC qui est passée de 10,24% en 2017 à 15,62% en 2023. Tout comme l’Unsas qui a bénéficié de l’apport du Cusems, la centrale dirigée par Cheikh Diop a bénéficié du précieux soutien du SAEMS (Syndicat autonome des enseignants du Moyen-Secondaire), l’autre grande force du monde enseignant.
En réalité, ces deux syndicats de base majoritaires dans le segment du moyen-secondaire n’ont pas adhéré aux deux centrales, mais ils ont juste signé des accords pour une coalition en vue de ce scrutin. Les avantages qu’ils tireront, c’est qu’ils pourront être aux côtés de l’Unsas et de la CNTS-FC lors des grandes négociations avec l’Etat. Comme la Cnts, la Confédération des syndicats autonomes (CSA) a reculé avec 11,26% en 2023 contre 11,77% en 2017. Ce recul est la conséquence de la perte du soutien du Sels/A. La Fédération générale des travailleurs du Sénégal (FGT) dirigée par intérim par Mballo Dia Thiam a réussi son entrée dans le cercle des centrales représentatives avec un score de 10,20%.
Cependant Mballo Dia Thiam qui succède à feu Sidiya Ndiaye décédé en juin dernier fait l’objet d’une fronde interne qui a abouti à la mise sur pied de la FGTS/B dirigée par Moussa Cissokho Guèye. Il est reproché à Mballo Dia Thiam d’avoir fait dans l’usurpation de titre de SG de la FGTS.
AYOBA FAYE