Dans un discours important à la Nation, le Président Sall a décrété l’Etat d’urgence assorti d’un couvre-feu de 20 heures à 6 heures du matin.
Il a donné ordre aux autorités administratives de prendre les règles applicables adaptées à chaque zone. Il a également prévu un fonds de solidarité de mille milliards pour assurer l’opérationnalisation de ces mesures.
Il est clair que Macky a contourné le confinement général. Il n’a, à aucun moment, demandé aux Sénégalais de rester chez eux, même s’il a fortement préconisé que les gens diminuent leurs déplacements et que l’Etat va y veiller avec l’appui des forces de défense et de sécurité.
Le confinement au vrai sens du mot ne sera effectif qu’à partir de 20 heures, et jusqu’à 6 heures du matin.
Durant la journée, comme Macky l’a indiqué, les activités économiques vont se poursuivre. Avec cependant la réserve que l’autorité administrative peut décider de limiter les déplacements et les rassemblements.
C’est une sorte de confinement à la sénégalaise, avec la possibilité pour les travailleurs de toutes sortes de continuer à poursuivre les activités, avec les réserves qu’ils doivent être chez eux avant 20 heures.
Une situation qui va davantage limiter le travail dans certains secteurs d’activités.
On ne nous dit pas s’il y aura des dérogations pour certains secteurs comme les boulangers, la presse, le corps médical, etc. Et rien n’a été dit sur la manière d’obtenir ces nécessaires dérogations.
Ce qui est sûr, c’est que le Chef de l’Etat laisse une large manœuvre aux autorités administratives pour prendre des mesures adaptées à chaque région ou localité.
L’autre difficulté sera de répartir l’aide entre les nécessiteux. L’aide d’urgence alimentaire aux populations va nécessiter des déplacements de population pour les assister.
C’est dire que les départements du pays ne seront pas logés à la même enseigne.
Les départements les plus touchés vont devoir subir des mesures plus draconiennes, et les autres les moins touchées auront droit à des allégements dans le dispositif durant la journée, avant 20 heures.
Mais à partir de cette heure, tout le monde sera logé à la même enseigne.
La dernière difficulté, c’est que l’état d’urgence étant une période exceptionnelle, il doit normalement être circonscrit dans le temps. Or, ici, le Président n’a pas parlé de date de limitation de l’état d’urgence.
Mais, la loi fixe le délai d’état d’urgence à 12 jours renouvelables par une loi de l’Assemblée nationale.
Nous attendons incessamment les modalités d’exécution de cet état d’urgence de la part des autorités concernées, notamment celles de l’Intérieur.
Il est important, à ce propos, qu’une bonne communication soit assurée pour que les populations soient au même niveau d’information.
Car, à l’état actuel de la communication du Président de la République, tout n’est pas clair sur les modalités d’exécution de cet état d’urgence.
C’est vrai que nous l’avons vécu en 1988, mais le contexte était différent.
En tout état de cause, les pouvoirs de l’administration territoriale et des forces de sécurité seront élargies, ne serait-ce que pour 12 jours. Les droits des citoyens seront largement diminués en vertu de la Constitution qui prévoit cet état de fait.
Pas de panique alors. Il y aura la possibilité de travailler, de vaquer à ses occupations, de voyager, mais avec certaines restrictions qui seront rendues publiques incessamment.
Assane Samb