Un jour celui qui est devenu notre Président de la République a voté « par force » sans pièce d’identité.
Il le fit devant toute la presse médusée et le Sénégal choqué.
Lorsque la loi et le règlement ne lui servent pas, il utilise toute la force illégitime dont dispose l’exécutif.
Il a ses hommes, ses amis et ses copains. Ces personnes à l’affût d’une promotion, d’une mission, d’un signe de considération du Chef. Ces hommes l’abandonneront, demain, très rapidement, pour se soumettre au nouveau chef qui lui succédera.
L’élection est devenue une chose sérieuse dans notre pays.
Il y a bien longtemps que les Présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ont donné leurs lettres de noblesse à notre processus électoral, sa transparence et son contrôle.
Nous avions presque oublié les résultats fabriqués, sortis de « l’ordinateur » de feu le Ministre Jean Colin, comme aimait le dire, à l’époque, feu le Ministre d’État Amath Dansokho. .
Et voilà qu’arrivent les méthodes politiciennes révolues, les coup de force anti-démocratiques des tristes Républiques bananières, le décret de l’arrogance et du maa tey.
Le manageur de BBY a décidé délibérément de tuer dans l’œuf toute velléité de transparence du processus électoral, toute possibilité d’indépendance des organes de contrôle, toute autorité de l’organe de contrôle électoral.
L’administration des élections est désormais totalement insoumise aux décisions de justice et rebelle à l’autorité de la CENA.
Pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté sur la volonté suprême de casser tout crédit à accorder au processus électoral en cours, le Président de la République met les petits plats dans les grands en renvoyant tous les membres de la CENA, créant ainsi, exprès, une période de vide juridique préjudiciable à toutes les questions en cours, relatives à des contentieux électoraux.
Le Président de la République sait plus que tout Sénégalais l’importance des échéances fixées et les préjudices qu’il porte au processus électoral et à ses protagonistes.
Le décret qu’il a pris est un signal, un message, à toutes les personnes éprises de liberté et de démocratie dans notre pays, en Afrique et dans le monde: cette élection présidentielle se déroulera telle qu’il l’aura programmée.
Les velléités d’interférence du tribunal de Ziguinchor n’y changeront rien.
La pauvre CENA qui a voulu jouer son rôle a été, sans ménagement, purement et simplement dissoute, avec aucune finesse d’ailleurs. Son membre dont le mandat était en cours, qui devait rester quoiqu’il arrive, fut emporté par la furie de ce décret de dissolution.
Pour que nul n’en ignore le sens, le Président de la République a nommé délibérément deux soutiens à sa politique, à son parti, en violation totale de la loi qui impose indépendance et neutralité aux membres de la CENA.
Maa tey!
Il n’y a pas d’autres mots pour qualifier cette décision du Président de la République.
C’est du maa tey.
À la noblesse de Abdou Diouf, à l’élégance aristocratique de Abdoulaye Wade, succède le geste fruste de l’éléphant dans le magasin de porcelaine.
La démocratie est faite d’éthique, de noblesse et d’élégance. Elle se vivifie d’actes chevaleresques dignes des plus grands princes.
Par ce décret de dissolution de la CENA, par le refus délibéré de la DGE de se soumettre aux décisions de la justice et à l’autorité de la CENA, notre pays, le Sénégal, rejoint le groupe des Républiques bananières d’Afrique dans lesquelles ne compte que la voix du Président de la République.
Notre pays a toujours vaincu les volontés liberticides et anti-démocratiques.
Cette tentative aussi fera long feu.
Le Sénégal restera toujours au Sénégal.
Tout hôte précaire du Palais de l’Avenue Leopold Sédar Senghor devra toujours le garder à l’esprit.
NB: maa tey en wolof je fais comme bon me semble
Dakar, mardi 7 novembre 2023
Prof Mary Teuw Niane