Coût élevé de la vie en Afrique : Pourquoi le Sénégal est champion

par pierre Dieme

Selon les données de Numbéo (la plus grande base de données au monde sur les villes et les pays du monde, alimentée par les utilisateurs), le Sénégal figure en tête des pays africains où la vie est la plus chère. En cause, l’inflation et le coût élevé de la vie. Pour un record, il n’y a pas de quoi pavoiser. En Afrique, selon des données de Numbéo, publiées dans le Business Insider, le pays où la vie est la plus chère en 2023 est le Sénégal, avec un coût de la vie (hors loyer) situé à 46,4 contre un peu plus de 42 pour la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, l’île Maurice et le Zimbabwe, ses suivants directs. La référence étant New York aux États-Unis qui est à 100.

Dans l’étude, l’indice du coût de la vie rend compte des prix des biens de consommation, dont l’épicerie, les restaurants, les transports et les services publiques. Ce qui correspond, de manière générale, aux dépenses de consommation des ménages sénégalais dont la qualité de vie se réduit comme peau de chagrin. «L’une des principales raisons du coût élevé de la vie dans un pays est l’état de son économie», dit El Hadj Alioune Diouf, Commissaire aux enquêtes économiques, Professeur d’Économie internationale à l’Ena (Ecole nationale d’administration) interrogé par le journal l’Obs.

Les pays dont l’économie est forte ont tendance à avoir un coût de la vie plus élevé, en raison de la forte demande de biens et services. Après avoir ralenti à 4,7% en 2022, la croissance du Sénégal devrait rebondir cette année, selon les perspectives du Fonds monétaire international (Fmi), en partie sous l’effet de l’émergence de son secteur gazier et pétrolier. L’une des plus fortes croissances d’Afrique subsaharienne. Mais dans le même temps, le pays est confronté à une inflation en perpétuelle hausse.

L’inflation, qui contribue au coût élevé de la vie, se produit lorsque le niveau général des prix des biens et services augmente avec le temps. En clair, les ménages doivent dépenser plus d’argent que par le passé pour acheter les mêmes biens et services. Avec 9,7% de taux d’inflation en 2022, le Sénégal avait déjà atteint son niveau le plus élevé depuis plusieurs décennies. Principalement sous l’effet de la flambée des prix des denrées alimentaires, résultant notamment de celle des cours mondiaux des matières premières de base. La hausse incontrôlée des prix à la consommation au niveau national avait poussé le gouvernement, par deux fois, à prendre des mesures d’accompagnement pour soulager le panier de la ménagère. Deux initiatives qui se sont soldées par des échecs. Au deuxième trimestre 2023, les prix à la consommation ont augmenté, selon les données de l’Ansd, de 0,6% par rapport au trimestre précédent.

En comparaison à la même période de l’année dernière, les prix à la consommation ont bondi de 8,3% en relation avec la hausse des prix de toutes les fonctions de consommation (loisirs, produits alimentaires, boissons non alcoolisées, restaurants). « Dans une période de crise, il faut une économie de guerre. Il est étonnant que la période où les populations souffrent des hausses corresponde à celle où les entreprises et les commerçants ont des marges bénéficiaires élevées», rappelle le Professeur Diouf qui, par ailleurs, incite les pouvoirs publics à se tourner vers des mesures de blocage et de réduction des marges. Concrètement, pour le Sénégalais moyen, l’impact du coût élevé de la vie se traduit souvent par des difficultés financières qui le pousse à prioriser les postes de dépense.

Le rapport final de l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages dans la période 2018-2019 avait démontré que les premiers postes de dépense des ménages sont consacrés aux produits alimentaires et au logement, tandis que l’éducation et la santé peuvent être négligées.

Par Thioro Sakho 

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