Le coup monté était destiné à faire mouche: humilier, manquer de respect, transformer en cible un chef religieux qui est pourtant à la tête d’une confrérie musulmane réunissant plus de 30 pour cent de la population sénégalaise.
D’une formule aussi lapidaire qu’insolente, Elhadji Ndiaye, le ci-devant bénéficiaire des prébendes (nomination népotique et rachat, susurre-t-on de sa télé) du régime de Macky SALL s’est donc autorisé, voici 3 jours, à s’en prendre à Serigne Mountakha, Khalife General des mourides.
“On ne vous demande pas de prier mais de nous montrer que vous avec la science infuse pour tuer ce virus”, s’est-il exclamé dans un écosystème médiatique où se trouvaient des acteurs acquis, voire instrumentalisés, en mission commandée (pour le pouvoir ?), et qui consistait à se jouer d’une communauté spécialement identifiée.
Il était enhardi. Et il y avait de quoi: des que sa formule fut prononcée, elle déclencha les rires à peine sous cape méchants et d’acquiescement assassins d’un Mamoudou ibra Kane, qui semblait ainsi assumer son rôle de validation des propos insultants de Ndiaye.
Il est vrai que Mamoudou, lui aussi est un des enfants gâtés du régime de Macky: il a obtenu un terrain dans un quartier noble de Dakar pour y ériger un immeuble en plus du financement à milliards d’un groupe de presse, on ne sait via quelle main magique.
Ne poussons pas trop loin le bouchon. Il n’y a rien à rire de cette détestable séance de chahut public du mouridisme.
Nous qui nous en réclamons ne sommes pas en défiance contre les mesures prises pour endiguer le coronavirus. Ni ne sommes opposés à ce que notre Khalife, par ses postures et ses propos, invite ses fidèles à se conformer aux bonnes pratiques, forcément limitatives de son autorité, proposées par l’état sous l’éclairage de notre communauté scientifique.
Nous félicitons même le Khalife pour sa capacité d’adaptation et de remise en question comme l’illustre son appel d’hier pour que les prières, y compris celles du vendredi, se fassent à domicile.
Nous l’envisageons à davantage s’inscrire dans la dynamique rationnelle qui réunit les sénégalais en ces heures graves.
Cela dit, parce que nous sommes contre toutes les démarches insultantes envers les différents guides religieux de ce pays (de la famille Omarienne à la famille de Médina Gounass et Médina Baye, aux SY ou encore à l’église et à toutes les autres communautés religieuses), nous ne pouvons laisser passer l’inacceptable, désinvolte, assaut contre le Khalife des mourides sans même que les autorités se l’Etat, chargées du respect des cultes, ne disent rien face à ce qui peut provoquer une guerre civile.
C’est quoi cette indue insolence ? Pour qui se prennent ElHadji Ndiaye et son rieur niais et cynique de Mamoudou pour s’imaginer que leur complot sur commande, démarche ethniciste voire genocidaire sur un plateau de télé, qui n’est pas sans rappeler la radio des mille collines de triste mémoire, restera sans réponse?
La communauté mouride doit apprécier la gravité de l’affront et y répliquer proportionnellement. Pour que plus jamais de tels énergumènes branchés sur un palais présidentiel aux abois, en faillite, ne jouent plus avec nos valeurs, nos sentiments, nos convictions, dans l’unique but non pas de lutter contre le coronavirus mais de profiter de ce moment pour démonter une force religieuse attachée aux normes qui fondent notre nation.
Trop, c’est trop, et Elhadj Ndiaye, conforté par Mamoudou Ibra Kane, à franchi le seuil du tolérable.
Je m’adresse à Serigne Mountakha et à tous les mourides: il n’est pas question de laisser des plaisantins se moquer de notre substrat socioreligieux !
Plus jamais, ça !
Adama Gaye, Le Caire, 25 mars 2020
Ps: En plus du défilé honteux, cirque, des gens qui se disent de l’opposition, tous incapables de produire une réponse sérieuse au défi du coronavirus, et celui d’autres acteurs logés à la même enseigne, je m’insurge contre l’usage de la force pour contenir des sénégalais angoissés dans leurs maisons. C’est la dictature d’un minable petit tyran qui est à l’œuvre. Disons la aussi NO!