Le premier jour de l’application du couvre-feu a été marqué par des actes de violence des forces de Police contre des citoyens qui ont circulé au-delà de 20 heures, l’heure autorisée.
Et comme en de pareils cas, les caméras-amateurs et les téléphones-portables ont permis à l’opinion d’être largement édifiée sur des actes graves de violence physique d’éléments des forces de l’ordre sur des citoyens. Les vidéos ont été largement partagées afin que nul n’en n’ignore.
Bien sûr, l’opinion publique est partagée sur la question. Certains ont approuvé, évoquant la légendaire indiscipline des Sénégalais, et d’autres ont condamné avec force argument de droit à l’appui. L’Etat de droit a été brandi par beaucoup de citoyens outrés par ailleurs.
Au niveau de la Police nationale, le Porte-parole a fait une sortie mesurée pour dire que l’institution qu’il représente va améliorer son mode d’intervention à partir d’hier. Il argue qu’il ne justifiait pas les actes de violence, pour ne pas dire clairement qu’il les condamnait.
Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’un faux-pas de la Police. Sans chercher à lui faire un procès d’intention dans ces moments difficiles où tous ses éléments sont réquisitionnés, nous voulons affirmer qu’il y a eu faute professionnelle qui nous semble suffisamment grave que ce sont beaucoup de policiers, en civil, donc apparemment des officiers de police judiciaire, qui agissaient.
Et nous sommes étonnés de la concomitance des actes répétés en plusieurs endroits et qui semblent relever d’une stratégie. Et nous osons espérer qu’elle n’a pas été concertée.
Dans ces moments d’état d’urgence, nous savons que les pouvoirs des forces de police sont élargis, notamment dans la restriction des libertés, mais aussi dans le strict respect de l’encadrement fait par la loi. L’abus n’est pas admissible en de pareils cas car, cela aurait l’effet psychologique contraire par rapport à ce qui était recherché. Car, personne n’ignore que nous cherchons tous le consensus autour de la lutte afin de combattre l’ennemi commun. Et aujourd’hui tout le peuple est derrière le Chef de l’Etat.
Alors, il n’est pas opportun d’exercer des actes de nature à créer un sentiment d’exclusion, d’injustice, de répugnance et dé révolte de la part des citoyens contre l’autorité publique.
L’exercice de la force publique de coercition est encadré par la loi. A ce propos, nous rappelons que personne ne doit exercer la violence physique contre une autre sauf en cas de nécessité indéniable donc de légitime défense.
A ce propos, le Ministre de l’Intérieur a déjà évoqué les batteries de mesures qui s’imposent aux contrevenants. Cela suffit. C’est à la Police de mettre tout en œuvre pour arrêter ces derniers et de leur faire appliquer la loi sans prendre de risque par rapport au virus qui rode.
Avant-hier, nous avons eu des citoyens qui ont été surpris par le temps, le système de transport et les embouteillages ne permettant pas une bonne maîtrise du temps. Qui plus est, du fait de la limitation de places dans les transports en commun, beaucoup ont eu des difficultés à se faire remorquer.
Bien sûr, il y a eu les récalcitrants et les insouciants. Mais, comme l’a reconnu le porte-parole de la Police, l’écrasante majorité des Sénégalais ont respecté le couvre-feu. Il a parlé de 95% et c’est réconfortant.
C’est pourquoi nous osons espérer que le mode d’intervention de la Police va radicalement changer dans les prochains jours. Marquer les esprits en semant la peur ne sied pas dans une période où le virus a déjà terrorisé tout le monde.
Les méthodes peuvent être fermes, mais adaptées parce que respectueuses de la dignité humaine et de l’honorabilité des citoyens.
Car, l’ennemi commun, c’est le virus et notre propre indiscipline qui constitue le principal danger de sa propagation.
Donc, il est important qu’autorités et citoyens se donnent la main d’une façon intelligente. C’est pourquoi, le rôle de la Police, ici, est d’abord pédagogique, éducatif, avant d’être répressif.
Assane Samb