Le Sénégal est pleinement engagé dans la bataille contre le Covid-19. Le pays est en état d’urgence et un couvre-feu a été décrété allant tous les jours de 20 heures à 6 heures du matin.
Ce faisant, toutes les forces de l’ordre, notamment la Police et le Gendarmerie, travaillent d’arrache-pied pour le respect des dispositions légales définies afin de contenir la propagation du virus.
Toute la nation est ainsi mobilisée pour le seul combat qui vaille aujourd’hui, c’est-à-dire tout faire pour éviter ce qui se passe actuellement dans ces deux pays-frères, l’Italie et l’Espagne.
Tous les moyens humains et matériels sont mobilisés, ainsi que ceux financiers, pour atteindre cet objectif.
Toutefois, la prégnance d’une telle tâche ne doit pas nous faire oublier l’acuité de la lutte contre le terrorisme. Nous ne devons pas perdre de vue le fait que nous étions déjà engagés dans la lutte contre ce fléau des temps modernes, un mal insidieux, exactement comme le virus.
La preuve, le Tchad a essuyé la plus grande défaite militaire contre Boko Haram il y a juste quelques jours, avec la mort d’une centaine de soldats alors que le mouvement était donné pour affaibli. Et la même organisation terroriste avait tué plus de 70 soldats nigérians dans une attaque de ce genre.
Au Mali, pendant que le Chef de l’opposition Soumaïla Cissé battait campagne tranquillement dans la région de Tombouctou, il a été enlevé.
C’est donc la recrudescence des attaques terroristes dans un contexte mondial de lutte contre le coronavirus. Les djihadistes, opportunistes, profitent des mouvements de faible concentration des forces de défense et de sécurité pour agir.
Il me semble, même si actuellement au Sénégal, les forces de défense et de sécurité sont déployées partout, qu’il est important de se tenir prêts à mener les deux combats à la fois.
L’important, c’est de ne pas oublier que nous n’avons pas un ennemi, mais deux. Et que tous les deux peuvent frapper à tout moment.
C’est dire que le déploiement sur le terrain de nos forces doit s’accompagner de toute la logistique nécessaire de riposte en cas d’attaque. Car, si nous n’avons d’yeux que pour le coronavirus, ce qui est arrivé au Tchad et ailleurs risque de survenir.
Car, à côté du virus qui attaque le corps humain, il y a celui qui attaque le corps social, c’est le terrorisme. Et tous les deux, difficiles à combattre, ont la même finalité dévastatrice de notre espèce humaine.
Mieux, nos forces de sécurité ne sauraient être diverties par les agissements de jeunes en perte de repères. Les provocations enregistrées çà et là sont symptomatiques d’une société en phase de mutation et qui va générer un type de citoyens-rebelles aux motivations anarchistes.
Leur objectif est de bouleverser l’ordre établi, semer le désordre car nombre d’entre eux ont du mal à s’insérer dans le tissu social.
Or, ces derniers font le lit du terrorisme qui recrute parmi cette forme de jeunesse en émergence partout.
Il est donc important de ne jamais perdre de vue que notre société moderne est sous la menace d’individus décidés à semer le chaos, la mort et la désolation.
Certes le Sénégal, jusqu’ici, a échappé à leurs machinations, mais nous devons éviter de verser dans l’autosatisfaction qui a perdu les Tchadiens. A force de s’entendre dire qu’ils ont l’une des Armées les plus efficaces de l’Afrique, aguerrie au combat, le Tchad a baissé le garde. Et les conséquences ont été dramatiques.
Les virus et les terroristes sont aujourd’hui nos ennemis et doivent être combattus de la même façon et avec la même détermination.
Une façon d’alerter sur le fait que les hôpitaux et tout le système sanitaire doivent être mieux organisés et poussés vers l’excellence, la perfection, exactement comme nous avions réorganisé notre système de défense face au terrorisme.
Nous n’avons pas le droit de baisser les, bras ni devant l’un ni devant l’autre. Sinon, nous devrions compter les morts par centaine ou même par millier. Donc, le risque est très important…
Et un combat ne doit pas en cacher un autre.
Assane Samb