Khalifa Sall a récemment annoncé vouloir être le candidat du pôle de la gauche. La LD Debout a été la première organisation à mordre au généreux appât jeté par le prétendant à la fonction suprême disposant sans doute encore de généreux moyens grâce à son passage à la mairie de Dakar. Les convictions n’auront donc pas résisté́ longtemps face aux contingences et calculs électoraux. En s’alliant avec Khalifa Sall en vue des élections présidentielles, la LD Debout renonce rageusement à ses idéaux de gauche. Et je doute que les militants favorables à une recomposition de la gauche sénégalaise acceptent de tels reniements à la fois sur les principes fondamentaux et sur les valeurs qu’ils prétendaient incarner. Ce sont « des accords de politicaillerie » alors que idéologiquement il n’existe aucune cohérence entre la LD Debout et Taxawu de Khalifa Sall.
Faut-il rappeler que ce dernier, alors maire de Dakar, a été condamné à 5 ans de prison ferme pour avoir détourné de la caisse d’avance de la mairie de la capitale sénégalaise 1,8 milliard de francs CFA. Khalifa Sall ne l’a d’ailleurs pas réfuté́, se contentant de se réfugier derrière de vieilles pratiques de fausses factures de ses prédécesseurs maires. Nous relèverons au moins deux attitudes que les électeurs citoyens devront retenir : la violation allègre de principes éthiques de gouvernance publique prônés par les Assises nationales d’une part, un fort souci de continuité dans des pratiques condamnables qui ne peut être porteur d’un engagement de changement et de ruptures d’autre part.
Comment la LD Debout a-t-elle pu choisir Khalifa Sall comme candidat à la prochaine échéance électorale de février 2024 ? J’hallucine ! Qui mieux que la LD debout, signataire de la charte des assises nationales, est en effet fondé à combattre la corruption, la boulimie foncière et la mal-gouvernance. Le parti de la LD Debout s’est toujours distingué dans la lutte contre les détournements des deniers publics qui minent le développement économique de l’Afrique. Ce parti jusque-là proche des couches populaires cherche désormais à monnayer sa représentation politique au détriment des préoccupations de la masse. Le bureau politique de la LD Debout en choisissant de soutenir la candidature de Khalifa Sall trahit son électorat et décrédibilise Abdoulaye Bathily, leader charismatique reconnu au niveau national et international pour son attachement aux valeurs républicaines et démocratiques. Ses successeurs ont rangé la lutte des classes au profit des avantages ou de futurs postes. La LDD était pourtant née d’un refus de privilégier des postes aux principes de la gauche.
Un gâchis et un vrai désastre qui attestent une lente décomposition, comme notre vie politique n’en a jamais connu. C’est le constat d’une révolution de palais que les militants de gauche sénégalais n’ont pas vu venir et malheureusement les militants de la LD Debout ne sont pas au bout de leur peine car leurs dirigeants ont ainsi vendu leur âme au diable.
On reste interloqué face à la facilité avec laquelle les membres du bureau politique de la LD Debout ont réussi à surmonter leurs clivages idéologiques pour constituer une alliance tactique en vue de l’élection présidentielle. Nous connaissions « la gauche caviar », celle européenne s’habituant au luxe ; nous découvrons « la gauche milliard » sous les tropiques de pauvreté.
Reconnaissons-le, Khalifa Sall est un ogre politique. Il a enterré ou noyauté le PS de Tanor Dieng, roulé dans la farine Ousmane Sonko et la coalition Yewi Askan wi, géré la Mairie de Dakar au point de finir emprisonné, et enfin obtenu un certificat de virginité des mains de son ancien bourreau (suivez mon regard).
Voter pour lui serait élire un Président de la République ayant peu montré des qualités que doivent porter les nouveaux types de dirigeants dont notre Peuple a besoin. Les électeurs, en particulier ceux porteurs de valeurs de gauche, ne doivent pas se laisser abuser mais choisir un homme connu pour son intégrité et ses compétences. Avec Khalifa Sall, le Sénégal mérite mieux que cette candidature d’opérette.
Ce qui vient de se passer chez nos pays voisins, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, ou encore au Gabon montre à quel point la démocratie doit être consolidée pour résister aux putschs militaires et aux aventures anti-constitutionnelles. Cela ne peut se faire qu’en portant la magistrature suprême un candidat sérieux, respectueux du bien public, honnête défenseur des valeurs de justice sociale, ardent défenseur du développement économique inclusif (et non d’accaparement) et garant de l’unité nationale.
Khalifa Sall est par contre la caricature de candidat dont les Sénégalais ne veulent plus pour prétendre entrer dans plusieurs décennies de gouvernance vertueuse indispensables au redressement économique et moral dont notre pays a besoin.
Voter Khalifa Sall revient à suivre le corbillard des réformes tellement indispensables à notre pays et à notre jeunesse !
Voter Khalifa Sall, c’est tourner le dos au progrès et enterrer l’avenir de notre pays !
Voter Kahlifa Sall c’est faire fi des aspirations de nos compatriotes pour une vie quotidienne meilleure !
Voter Khalifa Sall c’est espérer inutilement faire du neuf avec de l’ancien !
Ibrahima Thiam, Président du mouvement UN AUTRE AVENIR