C’est la dernière mais non l’ultime magie de cette crise sanitaire mondiale; sous nos yeux, dépassés, un Nobel est en train d’en naître, et pas n’importe lequel -celui de médecine !
Qui pouvait penser, voici moins de trois mois, qu’à sept mois de son attribution, début octobre, ce prestigieux titre serait ainsi plié et son plus que probable récipiendaire, un quasi hurluberlu, hier encore inconnu de tous sauf de quelques cercles scientifiques ou des milieux infects de la médecine tropicale.
Tout pourtant porte à croire que le vainqueur du Nobel de médecine pourrait n’être autre que le Professeur Didier Raoult de Marseille, celui que la pandémie du Coronavirus a si soudainement projeté sous les feux de la rampe au point qu’il en est devenu une involontaire star planétaire.
Quelle accélération et bouleversement subits de l’histoire ! On savait certes déjà que ce virus dont on ne parlait à ses débuts qu’avec une curiosité mêlée de condescendance pour la Chine d’où il avait surgi était devenu très disrupteur. Avions cloués au sol. Frontières fermées. Panique des marchés. Dé-mondialisation. Confinement des êtres humains. Salutations interdites sauf à distance. Désordres géopolitiques.
Alors qu’un monde en masques émergeait, les plus grands théoriciens et analystes cherchaient la voie du salut dans les savoirs pointus dont il dispose en abondance. Dans cette ruée vers la riposte, la réponse scientifique au défi mutant que posait le Corona, on sentait bien que se trouverait l’une des clés, pour ne pas dire la clé, du contrôle du leadership planétaire du 21eme siècle. Un avantage distinctif en découlerait. Comme ce fut le cas lors des grandes révolutions ayant marqué l’histoire humaine avec la découverte de vaccins fondamentaux, les avancées scientifiques autour de la révolution industrielle, l’avènement de la machine à vapeur, père de l’automobile, l’invention de l’électricité, les percées électroniques ou encore l’explosion des nouvelles technologies de l’information et de l’intelligence artificielle.
Or, ses acquis innombrables n’en rendaient pas moins impuissant notre monde à contenir ce minuscule, presque insignifiant, virus. Jusqu’à ce que re-sorti de nulle part, revoici un médicament tenu pour obsolète, voire indigne d’un être humain, trop raffiné pour en subir son goût amer. La chloroquine, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est en passe de sauver une humanité qui ne savait plus à quel saint se vouer.
Si le Nobel de médecine est principalement attribué à une personne qui a fait progresser la santé notablement, force est de se demander si le jury qui le délivre pourrait le refuser à celui ayant fait de la molécule du passé la solution au plus grand défi sanitaire des temps modernes.
La ruée des foules vers ce médicament que les enfants africains prenaient naguère en grinçant des dents, parfois en l’enrobant dans une miette de pain pour en atténuer la saveur, est le meilleur indice d’un miracle à l’œuvre née d’une pandémie décidément déroutante.
S’il aide à la conjuguer au passé, nul ne peut douter que son promoteur devrait en récolter la plus prestigieuse récompense et, probablement, redonner vie et royalties à un médicament dont même l’énonciation devenait pénible.
Qui pouvait penser que le coronavirus ferait ainsi la fortune et la célébrité d’un anonyme scientifique français? L’histoire, par le coronavirus, en a décidé autrement en sortant du néant un être qui semblait être voué à vivre perdu dans un lugubre laboratoire sur les bords de la Méditerranée et dont la revendication de sa naissance à Dakar suscitait moue et causticité avant que miraculeusement sa valeur marchande ne prenne un tour qui bluffe le monde entier.
Oui, il est possible que ce soit lui. En octobre 2020. Habemus Nobelum! Nous avons un Nobel de médecine en puissance : Didier Raoult.
Grâce au chloro-quoi encore? Voici qu’un homme que l’on définit difficilement par sa fonction d’infectiologue est désormais, sauf retournement, la nouvelle coqueluche d’une planète soudain plus charmée par une quête de sens que de sensations. Moins attiré par ses habituels stars sportives ou du cinéma mais par cet être que l’on peut croire tout droit sorti d’une jungle africaine avec ses cheveux hirsutes et son regard perçant…
Époustouflant. Nous vivons des temps incroyables. Qui ose encore affirmer que l’histoire a fini de se faire ?
Retenez ce nom: Didier Raoult !
Adama Gaye, Le Caire, 27 mars 2020.
Ps: Si l’Afrique ne figure pas en pôle position dans la course décisive à la solution médicale du coronavirus, bien qu’étant le siège des maladies tropicales, c’est parce que là aussi un leadership déficient l’a laissée impreparée. Même pas le mot santé ne figure sur l’agenda 2063 qui cadre l’envie africaine des 50 prochaines années. Et les laboratoires africains ou les services, centres et personnels sanitaires souffrent d’un délaissement criard pendant que des dépenses somptuaires sur des éléphants blancs corrupteurs étranglent les maigres budgets nationaux. Résultat: un autre rendez-vous vital est raté !
* Habemus Nobelum en référence au Habemus Papam: nous avons un Pape !