La Coordination des Associations de Presse (CAP) lance, ce jeudi 24 août, à la Maison de la presse Babacar Touré, les «Assises des médias». Cette rencontre qui va réunir acteurs de la presse, membres de la société civile, universitaires, religieux, entre autres, devra permettre de faire une introspection, une autocritique constructive, en somme, une radioscopie du secteur des médias. Ce, face aux multiples problèmes qui gangrènent le secteur et les défis à relever.
Entre attaques et menaces contre des journalistes, précarité des entreprises de presse et environnement économique non viable, arrestations, difficiles conditions de travail, non-respect des règles d’éthique et de déontologie pour certains, problématique de la gouvernance des médias, baisse de la qualité des productions, etc. la presse souffre de plusieurs maux au Sénégal. Ce qui fait qu’il est urgent de trouver des solutions durables pour un secteur qui joue un rôle très important dans la démocratie.
Après plusieurs rencontres qui ont permis de diagnostiquer les contraintes des médias, la Coordination des associations de presse (CAP) lance, ce jeudi 24 août, les «Assises des médias» à la Maison de la presse Babacar Touré. En effet, «la CAP dont le patronat de la presse est partie prenante et membre fondateur pour l’adoption à l’époque du projet de Code la presse, en 2017, est une unité d’actions de toutes les organisations de médias».
Selon les organisateurs, ces «Assises seront une réflexion nationale inclusive sur l’état de la presse en 2023 et ses perspectives». Elles vont relever d’une démarche collective et inclusive de toutes les organisations professionnelles des médias, pour définir un Plan d’actions stratégiques du secteur de la presse. C’est pourquoi, «en sus des acteurs de la presse, tous les segments de la société sénégalaise : institutions de la République, société civile, syndicats, organisations religieuses (des confréries à l’Église), universitaires, acteurs au développement, etc. sont invités à prendre part à cette rencontre».
Lors de leurs précédentes rencontres sur la situation des médias, les acteurs de la presse ont insisté sur «l’évaluation et la réforme du Code de la presse, la mise à niveau du cadre légal et réglementaire du secteur de la presse, le financement adéquat des entreprises de presse, publiques comme privées, et suivant des modèles économiques pertinents et la mutualisation des moyens dans les médias ainsi que la prise en compte des intérêts des entreprises de presse dans le futur Code de la publicité».
Mieux, «la prise en charge de formation dans les métiers des médias, à travers la formation académique et celle pratique de terrain ; la situation précaire des femmes dans les médias», «l’arrêt et la condamnation sans appel des agressions physiques et verbales subies par les entreprises et acteurs de la presse, agressions par des FDS, des militants politiques», «l’adoption d’un code de conduite pour les médias et une meilleure solidarité entre les acteurs du secteur», entres autres, font partie des préoccupations de la Coordination des associations de presse.
Face aux contraintes des médias qui conduisent à des dérives telles que la corruption, les «Assises des médias» devront ainsi permettre d’assoir une presse libre professionnelle, responsable et libre. En sommes, lors de cette rencontre perçue comme un «ndeup» des médias, toutes les questions devraient être posées sur la table notamment l’environnement économique peut viable, avec les organes du public (RTS, Le Soleil etc.) qui captent le plus gros de la publicité, malgré la subvention de l’Etat, au détriment de ceux du privé qui se cherchent.
Alors que l’effectivité du financement des médias publics est toujours d’actualité, les privés qui se contentent des miettes, en termes de publicité, peinent toujours à joindre les deux bouts, à arrondir les fins du mois pour honorer les engagements notamment fiscaux, les salaires, les factures et autres charges fixes. L’équation des nouveaux médias et des sites en ligne qui pullulent et dont certains semblent ne se soumettre à aucune norme, aucun code, ni déontologique encore moins d’éthique est également d’actualité, tout comme celle des contenus et les productions médiatiques.
Quid de la presse ? Avec une trentaine de quotidiens, (29 journaux, selon le décompte), c’est la course contre la montre, dans les rédactions, au bouclage, pour arriver tôt à l’imprimerie, au risque d’être laissé en rade par les distributeurs qui, à partir de certaines heures (de tirage) ne prennent plus de journaux, tous les revendeurs déjà en possession de leurs quotas et s’activant dans les différents points de vente. Les «Assises des médias» c’est aussi l’occasion de trouver des réponses au problème de professionnalisme des médias, décrié depuis un certain temps.
Mariame DJIGO