De ce point de vue il a tenu à lancer urbi et orbi le présent message au peuple frère du Niger au regard de la situation anxiogène causée par le coup d’Etat survenu à Niamey avec la destitution du président Mohamed BAZOUM et les menaces à peine voilées d’instauration d’une crise aux conséquences incalculables.
En marquant sa surprise pour ce coup d’Etat d’autant moins compréhensible que ce grand voisin du Sahel avait réussi une transition démocratique salutaire ponctuée par l’élégance du départ du pouvoir suprême d’un président ayant réussi à se dépêtrer de la tentation-piège du troisième mandat, suivie de l’élection d’un nouveau président au terme d’une compétition sincère et pacifique, Ousmane SONKO tient à rappeler avec fermeté sa position de principe devant toute rupture de l’ordre constitutionnel.
Il condamne énergiquement ce procédé qui a malheureusement droit de cité dans nos pays, ce quels qu’en soient les motivations. Néanmoins il en appelle à un règlement pacifique de la situation ainsi créée au Niger.
À ce titre il dit nourrir l’espoir que la CEDEAO saura tirer profit de la sagesse des acteurs nigériens pour exclure tout recours à la violence et à la force aveugle. En s’inspirant largement du génie déployé dans ce pays – exténué par les attaques djihadistes et les multiples agressions de bandes armées et financées par des officines bien connues et parfaitement identifiées – pour mettre sur pied un régime constitutionnel aux bases pérennes, la CEDEAO est en tout état de cause mise au-devant de son devoir de faire en sorte d’éviter d’entraîner toute la région dans un embrasement susceptible de générer des conséquences incalculables.
Les autorités nigériennes se sont gardées de toute violence et jusque dans le déroulement de cette prise de pouvoir par les militaires de la garde présidentielle rejoints plus tard par l’Etat-Major aucun coup de feu, n’a été tiré, aucune victime n’a été notée, le président destitué ne se plaignant en outre d’aucun sévice ou acte attentatoire à sa dignité. Très récemment, sur le territoire d’Etats membres de la Communauté et en d’autres occurrences des morts ont été dénombrées par dizaines lors de manifestations des populations civiles et toutes sortes d’exactions sur des jeunes aux mains nues ont été exercées dans l’indifférence totale de cette CEDEAO qui à l’occasion a confirmé son nom de Club des chefs d’Etats, prompt à saluer la répression sanglante des populations brimées par les forces de défense (qualifiées alors de garantes de la démocratie) et à condamner les mêmes forces comme des assassins de la démocratie quand elles choisissent la défense de ces mêmes populations et mettent fin aux dictatures qui les oppriment.
Monsieur OUSMANE Sonko estime opportun de mettre en garde solennellement la CEDEAO à renoncer à l’usage de la force dans cette situation créée au Niger dans laquelle tout le monde est convaincu qu’elle ne joue tout au plus qu’un rôle peu glorieux de force supplétive pour des intérêts parfaitement identifiés. Le peuple frère nigérien, peuple pacifique s’il en est, connu et réputé pour sa légendaire diplomatie de bon voisinage basée sur une cohabitation pacifique avec tous les peuples africains, assume visiblement la passation de pouvoir dont il partage dans une écrasante majorité les motivations profondes. À cet égard il ne saurait confier à nul intervenant la possibilité ou le droit d’intervenir dans ses affaires de souveraineté qu’il est parfaitement à l’aise pour traiter. Fut-ce à la CEDEAO.
La CEDEAO pour sa part est invitée à abandonner toute velléité de mettre le feu dans cette sous-région qui a beaucoup souffert des nombreux crimes de la colonisation et de la neocolonisation et qui entend enfin tourner la page.
Le président Ousmane SONKO tient à marteler, enfin, son opposition radicale à toute intervention du Sénégal dans ce conflit qui ne saurait être le sien. D’après lui, le peuple laborieux du Niger n’a jamais eu de problème avec le peuple frère du Sénégal. Il met solennellement en garde le président Macky SALL et son gouvernement sur les risques auxquels toute intervention dans ce conflit de troupes sénégalaises au nom et pour le compte de notre peuple et sans l’aval de ce dernier serait susceptible de nous exposer dans l’avenir.
Me Khoureychi BA
Membre du collectif des avocats de SONKO