Ci-gît notre démocratie ! La chronique de KACCOR sur la dissolution de Pastef

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Pendant que le leader de l’opposition, qui cristallise l’espoir de centaines de milliers de Sénégalais, a passé hier sa première nuit en prison et que son parti a été dissous, la liste des victimes continue de s’allonger sur l’asphalte incandescent de nos villes. Deux morts confirmés à Ziguinchor par le ministre de l’Intérieur. Ziguinchor et Bignona, où l’on canarde joyeusement des populations, ont payé le plus lourd tribut depuis le début des manifestations en mars 2021.

Bien entendu, le responsable de toutes ces tueries n’est personne d’autre que celui qui constitue le cauchemar du pouvoir et qu’il fallait éliminer rapidement sans lui donner aucun espoir. Et tout s’est joué de façon bien planifiée. Une histoire décousue de vol de portable qui s’est transformée dans les minutes qui suivent en une kyrielle de crimes. Du jamais vu dans l’histoire judiciaire de ce charmant pays.

Et sitôt ce dangereux « terroriste » placé sous mandat de dépôt, le ministre de l’Intérieur s’est empressé de dissoudre un parti qui gênait et qu’il fallait tuer en usant de tous les artifices judiciaires. Le scénario était déjà bien ficelé pour être exécuté immédiatement. Un décret signé hier et qui vient sonner le glas de notre si belle démocratie complètement souillée par des gens qui abusent des lois et des règlements comme bon leur semble.

Hier, ce fut la journée la plus noire de notre longue marche vers la démocratie. Il faut remonter loin, très loin, soixante-deux ans en arrière, pour retrouver la dissolution d’un parti politique dans notre pays. Et hier, donc, un parti a été dissous mais ce n’est pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de l’un des rares à respecter l’obligation de dépôt d’un rapport financier annuel. Mais c’est surtout le parti qui, avec sa coalition, a mis en ballotage la camarilla politique au pouvoir et dont tous les sondages indiquent que son leader pulvérisera le candidat du pouvoir à la prochaine présidentielle.

Alors, il devenait urgent d’éliminer un si dangereux empêcheur d’être réélu — ou élu — en rond ! Mais voilà, pas plus que l’on ne peut bâillonner la pensée, nul ne pourrait tuer un projet que portent des milliers de Sénégalais. Nul également ne peut extirper de la conscience de tous ces jeunes gens, adultes et vieux la vision politique d’un homme qui incarne l’espoir.

Pour le moment, à la paix, nous avons préféré un pays dans une situation presque insurrectionnelle avec une économie à l’arrêt qui va finir de précipiter le peu de secteurs qui résistaient encore dans la faillite suivie de la liquidation de biens comme ceux de Pastef !

Par KACCOR, Le Témoin

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