Interdiction systématique des manifestations post-juin, Le bras de fer entre l’opposition et le pouvoir en place relativement au droit de manifestation n’est pas parti pour s’estomper.
Le bras de fer entre l’opposition et le pouvoir en place relativement au droit de manifestation n’est pas parti pour s’estomper. Pour cause, le rassemblement envisagé par la plateforme des forces vives (F24) encore hier, vendredi 21 juillet, a été interdit par l’autorité administrative. Comme toutes les autres demandes de manifestation présentées au préfet de Dakar, depuis les fameux évènements de début juin. En réplique, le camp anti-pouvoir parle de ‘motifs légers et anti-constitutionnels” et donne rendez-vous pour la poursuite du combat.
A moins de six mois de la présidentielle de février 2024, Dakar ne vibre plus au rythme des manifestations dites pacifiques et autres rassemblements de mobilisation projetés par les partis, coalitions de partis et/ou mouvements citoyens pour sensibiliser sur les grands enjeux politiques qui se profilent. La raison est simple : toutes les demandes de rassemblement politique sont systématiquement rejetées par l’autorité administrative de Dakar (Gouverneur et préfet). Au motif de « troubles à l’ordre public et entrave à la libre circulation des personnes et des biens». Il faut dire que les fameux évènements de début juin qui se sont soldés par la mort officielle de 16 personnes, 24 selon certaines organisations de la société civile (Amnesty), une trentaine selon Pastef-Les Patriotes, sont passés par là. Dans un souci mécanique de préserver Dakar et environs de potentielles scènes de guérilla urbaine, les autorités multiplient les interdictions de manifestation de toute l’opposition, surtout celles de Yewwi Askan Wi, de Pastef Les Patriotes et de F24. Ainsi en a-t-il été de la tentative de rassemblement pour investir Ousmane Sonko comme candidat à la présidentielle comme des dernières tentatives de la plateforme des forces vives (F24) qui regroupe plus d’une centaine de partis politiques, d’organisations de la société civile et de mouvements citoyens. Il faut cependant dire que dans ce schéma, les rassemblements des entités politiques proches du pouvoir ou affiliées au pouvoir ne sont pas épargnées.
Face à cette détermination de l’autorité de contrecarrer toute tentative de rassemblement encadré ou non à Dakar, suite aux émeutes de début juin, l’opposition se retrouve presque “réduite à sa plus simple expression”, selon une formule consacrée. Comprimé par les rigueurs de la loi administrative, le camp anti-Macky est contraint malgré lui de dénombrer les demandes de rassemblement sans suite déposées sur la table du préfet Mor Talla Tine. Non sans manquer d’objecter et d’avertir. Hier, vendredi 21 juillet, dans un communiqué transmis à la presse, le comité exécutif des Forces vives de la Nation (F24) a décidé d’annuler son rassemblement programmé à la Place de la nation pour se conformer à la décision d’interdiction brandie par le préfet de Dakar qui a sorti une note pour interdire la mobilisation en brandissant les motifs de troubles à l’ordre public et entrave à la libre circulation des personnes et des biens.
Rappelant la motivation de son rassemblement qui était de “récla mer la libération immédiate des nombreux prisonniers politiques, refuser la restriction des libertés d’opinion, d’expression et de manifestation” entre autres, F24 a tenu à lancer une alerte à l’opinion nationale et internationale, prise à témoin sur les conséquences éventuelles d’entraves multiples à la liberté de manifester que les citoyens tiennent de la Constitution. Non sans manquer d’informer qu’ ”Aussitôt après réception de la notification d’interdiction de la manifestation pacifique, la commission juridique et les avocats de F 24 ont rédigé un recours en annulation et un référé en suspension pour dénoncer cette quatrième interdiction des activités pacifiques de F 24”.
Le Mouvement des forces vives (F24) a récusé dans la foulée la fin de non-recevoir que l’autorité a opposée à sa demande de rassemblement, tout en invoquant des “motifs légers, illégaux et irrecevables” de la part de l’autorité. F24 dit par ailleurs avoir commencé un “combat démocratique de longue haleine contre les dérives dictatoriales d’un pouvoir qui a fini de semer la terreur dans le pays et qui veut manœuvrer et manipuler pour se maintenir par tous les moyens”. Au final, la plateforme donne rendez-vous à tous ses membres et aliés pour “la poursuite du combat qui vient à peine de commencer et qui exige patience et courage, persévérance et endurance”.
Moctar DIENG