Journée Mondiale de la Liberté de la Presse: A Walfadjri, le cœur pas à la fête

par pierre Dieme

La presse sénégalaise « ligotée », « bâillonnée » et bientôt « asphyxiée. » La preuve par les arrestations notées à un rythme effréné. Les organes de défense des journalistes sont montés au créneau. A Walfadjri, ce fut une célébration amère. Par ailleurs, les médias traditionnels sont concurrencés par les réseaux sociaux.
Avec l’arrestation de Pape Ndiaye, chroniqueur judiciaire, la journée mondiale de la liberté de la presse est célébrée dans un contexte particulier. A Walf, c’est avec pincement au cœur que leurs camarades ont dénoncé cet état de fait. Une presse sénégalaise dans une pente raide. Selon Pierre Edouard Faye, Rédacteur en Chef de Walf Tv et Fm, de manière générale, pour le groupe, le cœur n’y est pas et pour tout le monde. « Avec deux de nos collègues en prison pour des raisons diverses, cela témoigne de l’état de la presse qui est dans une situation de détérioration très avancée. Dans ce pays, au 21ème siècle, on emprisonne des confrères dans le cadre de leur travail, moi je pense que c’est un recul démocratique », argue Pierre Edouard. Selon lui, si le Sénégal a reculé de 31 places, cela témoigne de l’état de la presse et c’est malheureux.

A ce titre, la solidarité est remise en question dans un contexte où des arrestations tous azimuts sont notées dans les rangs des journalistes. A ce rythme, tous les organes sont des cibles surtout avec l’approche de la présidentielle. « C’est une évolution en dents de scie et c’est un danger. Aujourd’hui c’est Walf, il y avait Pape Alé Niang, mais c’est là que réside le problème aussi. Le couperet est sur un groupe de presse mais demain à qui le tour ? Il ne faut pas être dans l’expectative car il ne faut pas exclure qu’un autre groupe soit sur la sellette », met-il en garde.

Une presse classique, concurrencée par les réseaux sociaux
Le monopole des médias classiques est là certes mais tous tentent de tenir la tête hors de l‘eau face aux réseaux sociaux. Le monopole des médias classiques est remis en cause par la magie du « clic ». Une perte d’audience pour d’aucuns. Mais des citoyens rencontrés estiment qu’ils usent le plus souvent de Facebook pour s’informer. « J’utilise Facebook. En un clic, je lis quelques lignes d’informations. Je n’ai pas le temps de lire un journal et de suivre la Télévision. Je suis rarement la télé à part les séries », témoigne Amina.

D’autres se retrouvent au niveau des vendeurs de journaux pour se pencher sur les Unes du jour. Mais ici, les « traditionnels » lisent les Unes pour se faire une idée de l’actualité. « Nous ne pouvons pas tout le temps acheter les journaux. Mais il faut dire que les médias traditionnels font des recoupements, ce qui n’est pas le cas sur les nouveaux médias, dont Facebook. Chacun peut avoir sa propre analyse », argue un autre interlocuteur. « Je reste prudent sur les réseaux sociaux car c’est juste une information virtuelle et non fiable. Il faut aller consulter les journaux qui ont fait des recherches et sont assez responsables », explique Ass.

Mamadou Thior : «Les médias traditionnels n’ont rien à craindre.»
« Quand les conditions du milieu changent, l’être est obligé de s’adapter ou de périr. » Cette assertion trouve bien son sens actuellement, selon Mamadou Thior du Cored. Face à la floraison des nouveaux médias, il estime que les médias traditionnels n’ont rien à craindre car « ils sont obligés de s’adapter en ayant une ramification en ligne. Les ignorer c’est faire fausse route », a-t-il dit. Le Président du Cored place le curseur sur la professionnalisation de ces nouveaux médias comme le stipule le nouveau code de la presse. Il est bien écrit qu’un nouveau média doit avoir au minimum trois professionnels formés à bonne école et que celui qui dirige un site d’information doit avoir dix ans de métier. « Nous, en tant que professionnel, on ne nous pardonne rien.

Vous pouvez passer sur les 29 jours du mois à faire bien votre travail, le 30e, il suffit de commettre une erreur pour être « banni ». C’est une professionnalisation à pratiquer avec attention car nous impactons les populations et c’est pour cela qu’il ne faut pas que des non professionnels fassent le boulot à notre place », dit Mamadou Thior. Il estime que l’encadrement s’impose de nos jours et les plus anciens doivent encadrer les jeunes. « C’est anormal de déserter les rédactions au bout de 5 ans. Le doyen Mame Less, en tant que reporter de la Bbc, les journalistes étaient médusés de le voir pratiquer à cet âge-là, en Europe, des gens qui ont 70 ans continuent à pratiquer le métier ! Il faut encadrer les jeunes », clame-t-il.

MOMAR CISSE

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