La démission de Idrissa Seck de Benno bouleverse la coalition. Elle équilibre le rapport de forces à l’Assemblée nationale, d’une part, et d’autre part, prive Macky Sall du seul parti allié encore dynamique.
La rupture entre Idrissa Seck et le président de la République Macky Sall, porte un sacré coup à la coalition Benno Bokk Yakaar.
En effet, avec le départ de Rewmi, le chef de l’Etat et sa coalition perdent un allié de taille, à moins d’un an de l’élection présidentielle du 25 février 2024. Pour rappel, Idrissa Seck, qui revendique le statut de chef de l’opposition, est arrivé deuxième lors de la dernière élection de février 2019, devant Ousmane Sonko considéré aujourd’hui comme le ténor de l’opposition.
En outre, jusque-là, Rewmi était le seul parti dynamique parmi les alliés de l’Apr, le parti présidentiel. Le Ps, l’Afp, la Ld, etc ont implosé et se sont sclérosés faute de renouvellement de leurs instances de base. Ils n’existent plus que sur le papier et ne peuvent plus apporter grand chose à Macky Sall.
Depuis 2012, ces formations politiques ne sont pas allées à des élections. Leurs responsables cherchent tout juste à garder leurs privilèges et non pas la conquête du pouvoir. Tout le contraire de Rewmi dont le chef déploie sans cesse des stratégies pour conquérir le pouvoir. C’est ce que Macky Sall avait certainement compris en tendant la main au leader de Rewmi.
Avec le renfort de son parti, Benno a limité les dégâts aux scrutins de 2022. Elle avait perdu les grandes villes du pays lors des élections locales de janvier 2022 à l’exception de Saint-Louis, remportée de justesse par Mansour Faye. Le même scénario s’est reproduit aux élections législatives du 31 juillet dernier. La mouvance présidentielle avait encore perdu du terrain face à la percée de la principale coalition de l’opposition Yewwi askan Wi
Par ailleurs, cette démission de Rewmi aura également des conséquences sur l’équilibre des forces à l’Assemblée nationale. Mariétou Dieng, l’unique député de Rewmi, affirme que sa position et celle de son parti seront connues «très bientôt». Si elle suit les ministres Yankhoba Diattara et Aly Saleh qui ont démissionné du gouvernement et qu’elle décide de devenir non inscrite, la coalition Benno, qui a perdu la majorité absolue, perdra la majorité simple. Il lui sera ainsi difficile de gouverner sans une majorité à l’Assemblée nationale.
Charles Gaïky DIENE