Vous avez vu la belle assurance du Chef ? Cette joyeuse sérénité qui l’autorise à penser que tout roule sur l’or et dans le meilleur des mondes possibles et que jamais les citoyens de ce charmant pays n’ont été si heureux que sous son magistère.
Pourquoi donc en douter ? Dans les marchés, les prix des denrées sont si bas que les ménagères, si acariâtres jadis, sont devenues d’une humeur contagieuse et affichent partout le sourire. Des dames qui se dandinent et paradent comme au bon vieux temps où l’huile dégoulinait des mains à la sortie du déjeuner pris à midi pile.
Vous en doutez encore ? Les salaires des fonctionnaires ont subi une hausse considérable. Juste que ces messieurs et dames de l’administration ne représentent même pas 1 % dans un pays où les paysans font plus de 60 % de la population et où, si l’on enlève la grande masse des chômeurs bien sûr, la goutte d’eau des actifs évolue dans l’informel ou le privé. Un privé qui est au bord de l’étouffement mais ça, le Chef qui est dans sa bulle, semble l’ignorer. Ses flagorneurs lui crayonnent à longueur de journée et de nuit l’image idyllique d’un pays déjà émergent alors qu’en réalité il immerge chaque jour davantage.
Même quand il sort en famille pour s’offrir une balade dans les rues de la capitale, la vision qui s’offre à lui est tronquée. La fausse croissance qu’il balance avec aplomb, il est le seul avec son clan à la sentir. Il est également le seul à oser regarder dans le blanc des yeux ses compatriotes et leur déclarer que nos prisons sont vides de détenus politiques. Quelle audace ! Et il l’a dit sans dire Astafourlah ! Après avoir expié ses péchés aux Lieux Saints de l’Islam et aussi quelques heures après avoir quitté la grande mosquée de la capitale. Ou bien, il ignore tout ce qui se passe dans ce pays ou il se paye notre tête. L’usure du pouvoir…
La même bête qui a perdu Diouf et Wade. Le Chef reste sourd à tous ces jeunes qui se soulèvent et qui traduisent leur mal-vivre par des réactions violentes. Il ne voit rien des dangers qui guettent ce pays et que ses collaborateurs comparent certainement, comme l’aurait dit Me Wade, à une brise.
Pour rassurer le Chef, un imam plus proche de Mammon indique l’enfer à ceux qui exercent un droit constitutionnel et qui meurent bêtement sous les balles des forces de sécurité alors que personne ne devrait mourir pour cette liberté. Il faut sauver le soldat Macky, le sortir de sa bulle qui le maintient très loin de nos réalités. Quand il comprendra les vraies raisons de cette colère qui sourde, ce sera trop tard…
KACCOOR BI – LE TEMOIN