Après près de 30 mois d’un nouveau compagnonnage, Idrissa Seck a décidé de se séparer de Macky Sall. Ou le contraire. Si le premier s’approprie l’initiative de la rupture, le second évoque plutôt une conséquence logique de l’(in)conduite de Seck. L’un dans l’autre, les deux hommes ne dansent plus le même tempo. Et, malgré tout, la terre n’a pas tremblé.
Au contraire, les sénégalais visiblement blasés par ce jeu politique, ne se sont que très peu épanchés sur le sujet. Et pour cause ! Au bout de 30 mois de compagnonnage, le résultat de ce duo est bien loin de l’attendu. Pis encore, la situation économique du pays pour l’amélioration de laquelle Idrissa Seck s’était « sacrifié » en rejoignant la majorité présidentielle, est restée dans les bas-fonds d’un endettement exponentielle qui n’a rien pu contre l’inflation et la cherté des denrées alimentaires, conséquence rationnelle de leur rareté sur le marché.
Malgré l’Idy-Macky, le prix de ces denrées est allé crescendo jusqu’à atteindre des proportions irrationnelles. Le sucre, le riz, l’huile, la viande et le poisson, entre autres, n’ont que très peu dissimulé la montée en flèche du carburant. Le prix du gasoil est passé à 755 francs CFA à la pompe. Avec un effet induit sur le prix du transport qui a connu une hausse unilatérale imposée sous le nez et la barbe de l’Etat dont les menaces aux transporteurs ont fait l’effet d’une bulle de savon. L’Idy-Macky n’a également rien pu contre la flambée du prix du litre d’essence qui culmine à 990 FCFA ! Au même moment, les données mises à jour par GlobalPretolprices, révèlent que le prix moyen du litre d’essence dans le monde est de 792.11 Fcfa. Mieux, il est de 655 en Côte d’Ivoire, 675 FCFA au Burkina Faso, 700 francs au Bénin…Il y a plus.
Au plan purement politique, le ‘’Mburok Sow’’ n’a pu empêcher la montée en puissance de l’opposition lors des dernières joutes électorales de janvier et juillet. Plus encore, il a cristallisé un regain de mépris des électeurs dont le suffrage, favorable à plusieurs listes de l’opposition aux élections territoriales, a failli engendrer une cohabitation historique à l’Assemblée nationale. Au plan politique également, le compagnonnage entre Idrissa Seck et Macky Sall n’a pas pu endiguer – par le dialogue et l’ouverture – les séries de violences en cours dans le landernau depuis mars 2021.
Enfin, nonobstant le retour d’Idrissa Seck au sein de la majorité et sa « franche » collaboration avec Macky Sall, la gouvernance économique a été mise à rude épreuve. La preuve par la gestion des Fonds Covid. Enfin, l’Idy-Macky, malgré mille serments, n’a pu tirer le secteur privé d’un engourdissement pour le moins inquiétant. Toutes choses qui font que cette rupture bien prévisible, n’a pas fait trembler la terre.
Elhadji Mansor Ndiaye