Discours à la Nation: Macky Sall dit tout sauf l’essentiel

par Dakar Matin

C’est connu de tous la question sensible qui agite le pays n’est autre que le 3e mandat. Le 3 avril à 20h, les Sénégalais ont encore sacrifié une tradition républicaine : celle d’écouter leur président de la République. Le contexte fait que l’attention a été particulièrement orientée sur la question du 3e mandat.

Pour cause ? Cette question fait depuis quelques mois, source de tensions politiques. Le silence assourdissant de Macky Sall sur sa candidature est pris au piège par sa propre loi sur le parrainage. Si Macky Sall a l’intention de briguer un 3e mandat, il ne pourra pas déposer en catimini sa candidature au Conseil constitutionnel au dernier moment. Au Sénégal pour toutes les élections une candidature, qu’elle soit présentée par un parti politique légalement constitué, par une coalition de partis politiques légalement constitués ou par une entité regroupant des personnes indépendantes, est astreinte au parrainage par une liste d’électeurs.

En vertu des dispositions de la loi constitutionnelle modifiant l’article 29 de la Constitution, toute candidature à l’élection présidentielle doit, pour être recevable, être accompagnée de la signature d’électeurs représentant au minimum, 0.8% et, au maximum, 1% du fichier général des électeurs. Ces électeurs doivent être domiciliés dans au moins 7 régions du pays à raison d’au moins 2000 électeurs par région. 

Et selon la loi électorale, « la période de collecte des parrainages est ouverte 180 jours ( soit 6 mois) avant la date du scrutin à la date de la fixation du montant de la caution. Elle débute après la publication et la mise à disposition du modèle de fiche de collecte et se poursuit jusqu’à la date limite de dépôt des candidatures prévue le 26 décembre 2018. Elle dure quatre (04) mois ».

Dans son discours à la Nation,  le président  Macky Sall, a préféré omettre l’essentiel. Tournant son objectif à une ouverture au dialogue et à la concertation, avec  toutes les forces vives de la nation. Comme si les conclusions du dialogue 2019 ont été appliquées au pied de la lettre. Les principaux points de discorde entre l’opposition et la majorité ne sont toujours pas réglés. Il s’agit de la loi de la suppression ou la modification des parrainages pour l’élection présidentielle, les articles L31 et L32, base de inéligibilité des opposants Karim Wade et Khalifa Sall.

Aujourd’hui ce même Macky déclaré : « Je reste ouvert au dialogue et à la concertation, avec toutes les forces vives de la nation, dans le respect de l’Etat de droit et des Institutions de la République, pour un Sénégal uni, un Sénégal de paix, de stabilité et de cohésion nationale ».

Pour le président de la République, « (…)Chacun de nous en porte la responsabilité. Dès lors, il nous revient de puiser à la source des anciens la sagesse qui inspire le dialogue et la concertation, pour surmonter nos différences (…) « . Il s’agit selon lui de  » rester la nation sénégalaise qui nous rassemble et nous ressemble ; une nation de coexistence pacifique, où le sort de chacun dépend de celui de son prochain ; parce que nous sommes une seule et même famille ».

Un appel au dialogue mort-né sans la libération des détenus politiques

Le président Macky Sall serait -il sincère dans son appel à dialoguer avec les « forces vives de la nation » ?  Sinon comment comprendre au moment d’appeler à dialoguer, 500 détenus politiques sont dénombrés au Sénégal, selon le décompte de la coalition de  l’opposition (Yewwi Askan Wi). 

A cela s’ajoute l’incertitude des candidatures de Karim Wade, fils et ancien ministre d’Abdoulaye Wade, et de Khalifa Sall, maire déchu de Dakar, tous deux frappés par des condamnations judiciaires.

Même si le président a posé des actes allant à dans le sens de les amnistier. Pour le moment c’est pas encore effectif. Les deux restent toujours inéligibles.

Le ministre de la Justice, Ismaila Madior Fall, a fait entendre, lors de l’émission Objection de Sud FM: « qu’il appartenait au président de la République de prendre langue avec ceux qui sont intéressés ou d’envoyer le projet de loi à l’Assemblée nationale ». 

« Au principal, ces deux personnes qui sont concernées pourront participer à la prochaine Présidentielle si la loi d’amnistie est votée. J’espère qu’eux-mêmes sont intéressés par la loi d’amnistie. Je crois savoir que l’un serait intéressé par la loi d’amnistie même si, je ne l’ai pas entendu le manifester parce qu’il faut aussi une manifestation d’intérêt. L’autre, je sais qu’il a dit qu’il n’est pas intéressé par une loi d’amnistie. Le dossier est en train les mains du chef de l’Etat. »

Le Parti démocratique sénégalais , par la voix de Doudou Wade:  » n’est pas demandeur d’une amnistie ». Ce que le Pds demande,  » c’est le réexamen du dossier de Karim Wade conformément à la demande de la Commission des Droits de l’Homme des Nations-Unies (…) Et c’est possible. Il suffit d’une lettre du Garde des Sceaux, ministre de la Justice pour le faire’’

Khalifa Sall n’est pas aussi demandeur. « Je suis pas demandeur d’une amnistie. En 2024, je serai candidat à l’élection présidentielle inchallah. C’est irréversible. C’est cette ambition qui a fait que je suis allé en prison par une instrumentalisation de la Justice», a d’abord répliqué l’ancien responsable à la Vie politique du Parti socialiste. Pour Khalifa Sall, l’inéligibilité est une peine prononcée par un Tribunal. Et jusqu’ici, a-t-il noté, ni lui ni Karim Wade n’ont été l’objet d’une telle sanction pénale.

Sur la vie chère, Macky n’a rien en ciré !

Au Sénégal, la hausse des prix des denrées alimentaires a atteint 17,3 %, a constaté le Fonds monétaire international (FMI) lors d’une mission du 29 septembre au 6 octobre.

« Les effets de la guerre en Ukraine et de la flambée des prix des matières premières pèsent sur l’économie sénégalaise. L’activité dans les secteurs secondaire et des services a ralenti au cours du premier semestre de cette année, ce qui a conduit à une légère révision à la baisse de la projection de croissance à 4,7 %. Cependant, l’inflation a atteint un niveau record sur plusieurs décennies de 11,2 % en août, sous l’effet de la hausse des prix des denrées alimentaires (17,3 %), ce qui a un impact négatif sur le niveau de vie des ménages. L’inflation moyenne en 2022 devrait maintenant atteindre 7,5 % », selon le communiqué de FMI.

A moyen terme, les perspectives de croissance se situent autour de 10 % en moyenne sur la période 2023-2024, grâce aux activités de production de pétrole et de gaz, et l’inflation devrait progressivement retomber à 2 %.

Alors que le panier ménagère des Sénégalais subi de plein fouet la cherté de la vie en cette période de Carême et de ramadan, Macky en fasse comme si tout allé bien. Motus bouche cousue sur la faim des Sénégalais. 

Et pourtant, le 26 mars dernier, l’Union nationale des consommateurs du Sénégal indexait le gouvernement à cause du ‘’coût élevé de la vie’’. Selon Ibrahima Diamé Président de l’UNCS, ‘’l’Etat du Sénégal a failli à sa mission’’.

« Revenons un tout petit peu à la concertation sur la vie chère tenue, le 26 septembre 2022. Lors de cette concertation, le président de la République a pris des engagements: de recevoir l’association des consommateurs le 15 mars de chaque année. Malheureusement, on est resté sur notre faim. Dans la mesure où cette audience n’a pas eu lieu. Et l’autre engagement du Président, c’est le recrutement de 1000 jeunes, qui ne se sent pas trop. Bien vrai que des efforts ont été faits, mais sur le terrain, on a constaté que la baisse des denrées de premières nécessités n’est pas effective. Et puis avec ce mois de Carême, de ramadan, on a constaté un manque criard de sucre que nous dénonçons », a déclaré Ibrahima Diamé.

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