Le ministre de la pêche Pape Sagna Mbaye veut faire payer davantage les EFE

par pierre Dieme

Pour mettre fin aux évasions fiscales sur fond de pillages de nos ressources halieutiques, Pape Sagna Mbaye, a procédé à une hausse de 250 % sur le taux de redevance des licences accordées aux entreprises franches d’exportation

Appartenant à l’ancien international français Patrick Vieira, la Sopasen dans l’œil du cyclone !

Pour mettre fin aux évasions fiscales sur fond de pillages de nos ressources halieutiques, le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime, Pape Sagna Mbaye, a procédé à une hausse de 250 % sur le taux de redevance des licences accordées aux entreprises franches d’exportation ayant des bateaux français, chinois, espagnols, coréens et italiens battant pavillon « sénégalais » de complaisance. Parmi ces entreprises de pêche à redresser au profit du Trésor public, la Sopasen du célèbre Patrick Vieira, ancien international français de football. Des mesures appuyées et saluées par tous les acteurs du secteur de la pêche artisanale. Une enquête exclusive du quotidien « Le Témoin » en haute mer…

Ces dernières années, les redevances de licences de pêche industrielle payées par les entreprises franches d’exportation et autres navires battant pavillon de complaisance « sénégalais » tournaient autour de la somme insignifiante de 800 millions cfa. Même pas un milliard de nos pauvres francs ! Le caractère ridicule de ces fonds s’explique par le fait que la majorité écrasante des entreprises franches d’exportation bénéficiaient de redevances forfaitaires, de machinations frauduleuses et d’avantages mafieux au détriment du Trésor public. Cette mafia internationale organisée a toujours incité de nombreuses entreprises franches d’exportation appartenant à des Chinois, des Italiens, des Espagnols, des Français, des Coréens etc. à venir installer au Sénégal aux fins de naturalisation de leurs navires avec des pavillons de complaisance.

Au delà des évasions fiscales et de ce colossal manque à gagner pour le Trésor public, ces entreprises franches d’exportation à capitaux étrangers s’activant dans la pêche (ou, plutôt, la surpêche !) industrielle ont déstabilisé voire fait sombrer la pêche artisanale dans les eaux profondes de la misère. Pour mettre un terme à cette criminalité maritime, l’intraitable ministre de la Pêche et de l’Economie maritime, Pape Sagna Mbaye, a procédé à une hausse de 250 % sur les taux de redevance des licences accordées aux entreprises franches d’exportation. Une mesure qui devait normalement entrer en vigueur depuis hier, lundi 13 mars 2023. En effet, cette augmentation qui vise à recouvrer notre souveraineté maritime peut générer des recettes fiscales significatives estimées à plusieurs milliards au cours de cette année 2023. Ce faisant, le Sénégal ne fait en réalité que s’aligner sur tous les pays de la sous-région qui renflouent les caisses de leur Trésor public avec leurs licences de pêche. Toujours est-il que ces mesures de redressement fiscal et de sauvetage de la pêche artisanale sont appuyées et saluées par tous les consommateurs sénégalais ainsi que par les acteurs du secteur de la pêche artisanale.

Parmi ces entreprises dans l’œil du cyclone ou, plutôt, dans le viseur du gouvernement, la société de pêche & d’armement sénégalais (Sopasen) dont le propriétaire n’est autre que Patrick Vieira. Un ancien international français de football qui n’a jamais porté le maillot des Lions de la Téranga mais plutôt celui de l’équipage maritime de la Téranga.

Dans le cadre de ses investigations, « Le Témoin » a appris que si l’ancien international français a fait une reconversion étonnante dans la pêche industrielle au Sénégal jusqu’à y « naturaliser » ses navires, c’est parce qu’il a toujours bénéficié d’avantages sur le plan fiscal. Et il n’est pas le seul à profiter de cette bienveillance fiscale « particulière ». Parce que pendant 25 ans, nous renseigne-t-on, la plupart des entreprises franches d’exportation s’enrichissaient sur le dos du Fisc alors que les 80 % de leur production sont destinés à l’exportation et revendus trop chers sur le marché international. Pis, ces drôles d’entreprises « sénégalaises » de pêche s’intéressent exclusivement aux espèces de qualité à haute valeur commerciale à l’international comme le Thiof, le poulpe, le thon, la dorade, la sole, les crevettes etc..

Quand notre « Thiébou-Dieune » devient du «Thiebou-Yaaboy» !

Contactée par « Le Témoin », Mme Adja C. Diao, présidente d’une association de femmes sénégalaises vivant à Paris, déplore la façon dont les navires étrangers pillent nos eaux avec des licences de bienveillance et en battant pavillon de complaisance. « Allez vous aventurer dans les restaurants, hôtels et hypermarchés comme « Carrefour » par exemple, ici, à Paris. Vous-mêmes, vous allez constater que la plupart des produits halieutiques de qualité et luxe exposés dans les rayons proviennent du Sénégal ou de l’Afrique de l’Ouest aux cotés très poissonneuses. Pendant ce temps, les consommateurs sénégalais se contentent de manger de la sardinelle ou « Yaaboy ». Pis, cette pauvre espèce de « Yaaboy » était devenue rare lors de mon dernier séjour à Dakar. En tout cas, je ne mangeais que du « Thiébou-Yaaboy » au Sénégal, et non du « Thiébou-Dieune » digne de ce nom. Donc, le président Macky Sall doit durcir la loi contre les bateaux pirates et corser les règles de délivrance des licences de pêche pour décourager les sociétés étrangères » invite notre compatriote vivant à Paris. Le secteur de la pêche artisanale et de l’économie maritime occupe une place de choix dans le Plan Sénégal Émergent (Pse) du président Macky Sall. Et depuis son arrivée à la magistrature suprême, le chef de l’Etat s’est engagé dans une stratégie nationale inclusive de relance durable de la pêche artisanale. Un secteur pourvoyeur d’emplois avec plus de 700.000 pêcheurs, mareyeurs et transformateurs qui y évoluent. Sans oublier des milliers de pirogues de fabrication artisanale qui font la fierté de nos cotes. Ce qui justifie que 85 % des captures de la consommation locale sont réalisées par nos braves piroguiers. Ce malgré la mafia industrielle pratiquée en haute mer par les navires « voyous » au détriment de la pêche artisanale.

Des doléances à Macky Sall…

Force donc est de se convaincre que la pêche artisanale fait partie des premiers secteurs économiques au Sénégal avec un produit intérieur brut (Pib) national et « primaire » aux indicateurs très satisfaisants. Au delà de cette hausse salutaire de 250 % sur le taux de la redevance des licences de pêche accordées aux bateaux étrangers, le président de la République Macky Sall est, cette fois-ci, attendu sur d’autres questions ou doléances d’ordre économique et social pour pouvoir gagner davantage le cœur politique et électoral des acteurs du secteur de la pêche artisanale. Parmi ces questions nécessitant des solutions d’urgence, les fonds de calamités visant à prendre en charge sur le plan social (Assurance) les pêcheurs en cas de catastrophes naturelles ou aléas météorologiques, les subventions pour l’achat de moteurs hors-bord, l’acquisition de pirogues en fibre de verre pour remplacer progressivement les embarcations artisanales, l’installation de systèmes de géo-localisation (GPS) en mer pour les piroguiers etc…

En attendant, le redressement tarifaire exercé sur les entreprises franches d’exportation battant pavillon sénégalais « tapalé » (fictif) pourrait déjà commencer à faire le bonheur du secteur de la pêche artisanale…

Pape NDIAYE

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