« Talaatay Nder » (Mardi de Nder) ! L’histoire à rebrousse-poil… Les femmes du Waalo, qui s’immolèrent par le feu plutôt que d’être réduites en esclavage, sont assurément à l’opposé de celles qui seront ce mercredi 08 mars sur les scènes de la capitale.
Déjà que, hier, certaines d’entre elles ont donné un avant-goût de cette journée qui leur est dédiée et qui n’est pas que réjouissances, agapes et musique. Hier, elles étaient toutes coquettes et enveloppées dans de beaux et coûteux tissus pour faire le spectacle. Pour des Assises de l’entreprenariat féminin, on aurait pu trouver un autre format. Tant pis pour elles, réduites à faire l’animation voire le décor et convoyées comme du bétail par d’autres qui tirent profit de ces foules et faire croire à celui qui nomme qu’il est dans les cœurs.
A ces dames au port postiche, nous préférons celles du monde rural. Ou celles qui portent les familles. Celles qui prennent très tôt l’asphalte pour nourrir leurs progénitures. Epouses et cheffes de famille. Elles sont au coin des rues tenant un restaurant de fortune pour nourrir d’autres nécessiteux. Ceux pour qui le pays est passé de l’indigence à l’émergence, les regardant avec dédain à partir de leurs véhicules aux vitres teintées.
Une grosse escroquerie et une insulte faites à toutes ces braves femmes qui ne dorment pas et devant nourrir encore des enfants en âge de travailler et qui peinent à trouver un emploi. Ces femmes des villes et villages de l’intérieur du pays et de la banlieue font notre fierté. Le plus grand baromètre pour mesurer la pauvreté est justement de faire le tour des coins de Dakar et de sa banlieue. Dans le monde rural, le quotidien de ces braves femmes est infernal. On les utilise et leur ment.
Elles sont sur les routes pour vendre jusque tard la nuit et rentrent fourbues pour s’occuper de leurs familles. Un cercle vicieux qui se poursuit inlassablement avec des enfants qui grandissent dans la rue et à la merci d’adultes pervers. Toutes ces femmes qui triment au quotidien font notre fierté.
Analphabètes pour la plupart, elles méritent un soutien plus accessible à leurs revenus plutôt que d’être embarquées par des politiciennes qui profitent d’elles plus qu’elles ne les soutiennent. Ou qui les soutiennent comme la corde soutient le pendu !
KACCOOR BI – LE TEMOIN