«Quand il s’agit aujourd’hui de rythmer la vie de l’Assemblée Nationale, c’est l’exécutif qui donne le tempo…»

par pierre Dieme

Cheikh Oumar Sy, ancien député de la 12e législature, parle du fonctionnement de l’Assemblée nationale

«Cette léthargie dans le fonctionnement de l’Assemblée nationale n’est pas un fait nouveau. L’agenda de l’Assemblée nationale est quasiment lié au rythme de l’exécutif parce que toutes les initiatives, à peu près, viennent de l’exécutif, surtout en termes de projet de loi. On a vu, lors du vote de la loi des finances 2023, l’Assemblée était en pleine effervescence et c’est c’était normal parce que c’est le vote du budget et que les députés voulaient vraiment contrôler l’action gouvernementale dans le cadre de ce budget, surtout avec cette situation de parité entre l’opposition et le pouvoir, en termes de de contrôle de l’Assemblée nationale.

Toutefois, après cela, on constate que si l’exécutif ne veut pas faire avancer certains agendas ou même si l’opposition, par exemple, voulait soumettre certaines questions relatives à des dossiers précis où ils interpellent le gouvernement, si l’exécutif fait le mort, il est très difficile que l’Assemblée nationale puisse avancer ou que les députés effectuent leur travail. C’est pourquoi, il faut encore travailler à renforcer l’indépendance de l’Assemblée nationale. Mais bon, il faut le dire, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de session budgétaire ou de vote de projet de loi que l’Assemblée ne fonctionne pas. Les députés ont beaucoup d’activités hors de l’hémicycle. Ils participent à beaucoup d’événements, que ce soient des évènements nationaux et internationaux, des ateliers de renforcement de capacités et de réflexion, de partage, de mise à niveau. Donc, il y a quand-même beaucoup d’activité où sont impliqués des parlementaires, même si ces dernières ne sont pas réellement liées la vie à l’Assemblée nationale.

Mais, le constat est là, ça veut dire que pour l’essentiel, quand il s’agit de rythmer la vie de l’Assemblée nationale, c’est l’exécutif qui donne le tempo, c’est ce qui est déplorable. Maintenant, pour changer ça, il faut juste travailler, comme je l’ai déjà dit plus haut, à ce que l’indépendance de l’Assemblée nationale soit plus réelle. On a énormément de sujets aujourd’hui qui nous interpellent au niveau sociétal, au niveau économique, à tous les niveaux où les députés doivent ou peuvent vraiment pousser l’exécutif à réagir. Étant donné qu’il y a beaucoup de dossiers : que ce soit au niveau de la gestion publique, des choses qui n’ont pas été achevées encore, des programmes. Si l’Assemblée nationale avait la liberté nécessaire de fonctionner, elle pourrait prendre ça en charge et obliger l’exécutif à réagir ; mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Donc, il faut veiller à ce que l’indépendance de l’Assemblée nationale soit réelle. Il faut faire en sorte que l’exécutif puisse être soumis aussi à un tempo qui est fixé aussi par l’Assemblée nationale ; et c’est là où on doit sentir un équilibre démocratique réel parce que cela permettra aussi aux institutions de fonctionner normalement. Donc, il faut travailler à ce que l’indépendance de l’Assemblée nationale soit une réalité et non juste un concept».

Nando Cabral GOMIS

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