En Tunisie, la situation est de plus en plus compliquée pour les Noirs. Ce, après les propos racistes tenus par le président Kaïs Saïed qui s’en est pris violemment aux subsahariens lors de la tenue du conseil de sécurité national. Depuis, les Noirs se trouvent dans une situation de couvre-feu. Ils ont peur de sortir. Ils sont persécutés par la police et la population raciste. Plusieurs témoignages des Sénégalais le confirment. Un des leurs qui s’est confié à PressAfrik est revenu sur les conditions dans lesquelles ils sont. La peur dans la voix tremblotante, il n’a pas manqué de regretter le discours inélégant de l’ambassadrice du Sénégal en Tunisie.
« Pour vous dire que nos bailleurs ont reçu une sommation pour nous exploser. Nos employeurs également ont reçu une sommation pour nous virer. Ça signifie quoi ? Quitter chez nous. Donc, on nous de quitter le pays. Notre association (des Sénégalais vivant en Tunisie) a rencontré l’ambassadrice (Ramatoulaye Bâ). Elle a dit qu’elle mettra à notre disposition un avion pour ceux qui veulent rentrer. Imagine-toi on nous dit de quitter le pays, et elle dit pour ceux qui veulent rentrer. Mais depuis, on atteint toujours. Il n’y a toujours rien pour l’instant depuis 4 jours. On nous laissés en rade. On est persécuté par police et la population raciste. C’est vraiment difficile. On ne peut pas sortir. On ne peut même pas aller à la boutique. C’est fini pour nous. C’est comme si on est en couvre-feu. C’est pour tous les Noirs…», confie ce Sénégalais vivant en Tunisie depuis 3 ans.
Un autre Sénégalais ajoute : » Les noirs sont persécutés depuis que le président a fait un discours haineux et raciste. Nous avions la possibilité de rentrer au Sénégal dès aujourd’hui, nous n’allons pas hésiter. Depuis, nos parents sont inquiets. Ils appellent tous les jours. Ils veulent aller au ministère des Affaires étrangères « .
PressAfrik a essayé de joindre à plusieurs reprises le ministère des Affaires étrangères. Mais toutes les tentatives sont restées sans réponse.
Mardi 21 février 2023, le Président tunisien, Kaïs Saïed s’en est pris violemment aux subsahariens lors de la tenue du conseil de sécurité national. Il a ainsi prôné des «mesures urgentes» contre l’immigration clandestine dans son pays, affirmant que la présence de migrants africains subsahariens était source de «violence, de crimes et d’actes inacceptables» et qu’il fallait mettre fin à l’arrivée de «hordes des migrants clandestins». Pis, il a soutenu que cette immigration clandestine relevait d’une «entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie», afin de la transformer en un pays «africain seulement» et estomper son caractère «arabo-musulman».
Dans un communiqué, l’Union Africaine a condamné ces déclaration du président tunisien. L’organisation a rappelé à tous les pays, en particulier aux États membres qu’ils doivent « honorer les obligations » qui leur incombent en vertu du Droit International et des instruments pertinents de l’Union Africaine, à savoir « traiter tous les migrants avec dignité, d’où qu’ils viennent, s’abstenir de tout discours haineux à caractère raciste, susceptible de nuire aux personnes, et accorder la priorité à leur sécurité et à leurs droits fondamentaux ».
L’UA réitère l’engagement de la Commission à soutenir les autorités tunisiennes en vue de la résolution des problèmes de migration afin de rendre la migration « sûre, digne et régulière ».